OU EN SERIONS-NOUS SI NOUS NOUS LAISSIONS ABATTRE DANS LES PEINES QUE NOTRE MINISTERE NOUS PROCURE?

En tant que Supérieur général, la responsabilité d’Eugène était d’accompagner ses missionnaires dans leur « être » et leur « faire ». Il se souciait profondément de ses fils missionnaires et de leur bien-être, les encourageant, mais aussi les corrigeant si nécessaire. Il comprenait l’effet débilitant de l’anxiété et des soucis chez les missionnaires.

Où en serions-nous, mon cher père Bellon, si nous nous laissions abattre dans les peines que notre ministère nous procure? C’est une faiblesse trop naturelle qui ne vient certainement pas de Dieu; et si nous approfondissions davantage le sentiment nous y découvririons peut-être quelque chose de plus imparfait encore. Je n’approuve donc point que vous vous inquiétiez comme vous le faites. Pourquoi vous étonner de rencontrer dans les hommes les misères de l’humanité? Il faudra vaincre le mal par le bien, prier beaucoup, vous défier toujours de vous-même, mais mettre votre espérance en Dieu, qui précisément dans cette circonstance vous a donné une preuve insigne de sa protection. Bien loin de vous décourager vous devez être plein de reconnaissance envers Dieu de ce qu’il nous a éclairés à temps, et mis sur la trace d’une trame infernale que j’ai été assez heureux pour déjouer…

Nous n’avons aucune idée de ce qu’était cette  » trame infernale », mais il menaçait le bien-être du Père Bellon, d’où les mots forts pour l’encourager à voir les choses sous un angle plus large.

On porte remède au mal, on rend des actions de grâces à Dieu pour l’avoir découvert et on travaille avec une nouvelle ardeur à la sanctification des âmes, précisément parce qu’elles sont attaquées avec plus de violence par l’ennemi de tout bien. Nous serions, je ne dis pas seulement bien insensés, mais bien coupables si nous agissions autrement.

Lettre au Père Charles Bellon à N.D. de Lumières, 21 septembre 1845, EO X n 881

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

METTEZ VOTRE CONFIANCE EN CELUI AU NOM DE QUI VOUS ÊTES ENVOYÉ

Un riche Anglais , Ambrose Phillips, possédait le manoir de Grace Dieu, dans le comté de Leicester, en Angleterre. Il en a fait un centre de messe d’où les prêtres pouvaient entreprendre l’évangélisation et la conversion des villages environnants. En 1845, il a invité les Oblats à y établir une communauté. Eugène a nommé le Père Frédéric Perron, âgé de 32 ans, comme Supérieur. Il n’était prêtre que depuis 6 ans, et Eugène lui a écrit pour l’encourager dans sa responsabilité d’établir une nouvelle mission.

Mettez votre confiance en celui au nom de qui vous êtes envoyé et soyez persuadé qu’il bénira votre obéissance et répandra les grâces les plus abondantes sur les œuvres de votre ministère…   

Dans tant de ses lettres, Eugène répète constamment que la seule source d’orientation dans toute communauté et mission doit être la Règle oblate, qui est l’application de l’Évangile selon le charisme qu’il a reçu.

Avant toutes choses attachez-vous avec un soin extrême à tout ce que prescrivent nos Règles et Constitutions. Vous avez dans le livre où elles sont consignées un conseiller sûr et fidèle que vous pourrez consulter dans toutes les occasions et dont les avis vous porteront toujours à faire ce qu’il y a de plus agréable à Dieu et de plus utile à vous-même et aux autres.

Ensuite, nous rencontrons une autre des expressions préférées d’Eugène pour la mission : laisse le bel arôme de Jésus se répandre de ta communauté à tous ceux que tu évangélise.

… Que l’ordre et la régularité règnent dans l’intérieur de la maison et qu’ainsi la bonne odeur de Jésus-Christ se répande tout autour des lieux que vous habitez.

Lettre au Père Frédéric Perron à Grace Dieu, Angleterre, 25 août 1845, EO III n 11

« Nous sommes, en effet, pour Dieu le parfum de Christ, parmi ceux qui sont sauvés et parmi ceux qui périssent » (2 Corinthiens 2,15)

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

QUAND ON EST SÛR DE SA CONSCIENCE ET QU’ON ACCOMPLIT SON DEVOIR, ON PEUT S’ÉLEVER AU-DESSUS DE TOUTES CES CRITIQUES.

Eugène écrit au Père Courtès, qui a été très affecté par certains ragots, pour l’implorer de ne pas s’en laisser perturber.

Un homme comme toi ne doit pas s’affecter à ce point des commérages que l’on doit mépriser. Quand on est fort de sa conscience et que l’on s’acquitte de son devoir, on se met au-dessus de tous les murmures de qui que ce soit.

Je t’en prie donc, regarde comme non avenu tout ce que peuvent dire ou penser ceux ou celles dont certainement tu ne fais pas assez de cas pour tenir à leur approbation. Je n’aurais jamais cru à une pareille aberration. Il faut s’attendre à tout de la pauvre humanité. Les injustices des hommes font d’ailleurs du bien en détachant des créatures.

Lettre au Père Hippolyte Courtès à Aix, 17 août 1845, EO X n 879

La critique, surtout si elle est injuste, est difficile à supporter – mais elle est inévitable et peut être une invitation au détachement et à la croissance personnelle.

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

IL FAUT SAVOIR ABANDONNER QUELQUE CHOSE A LA PROVIDENCE

En 1841, lorsque les Oblats ont discerné que Dieu les appelait à établir une communauté missionnaire au Canada, cela semblait être une entreprise impossible pour une Congrégation de 47 hommes qui ne pouvaient faire face à leurs nombreux engagements en France. Pourtant, ils ont fait confiance à la Providence, et nous avons vu tout ce qui a été accompli en quatre ans. Les demandes pour plus d’Oblats continuaient à arriver. L’exaspération d’Eugène de ne pas pouvoir faire plus est évidente dans cette lettre à l’évêque de Montréal :

Pour peu que cela continue, mon très cher Seigneur, bientôt il ne restera plus personne en France de notre pauvre petite Congrégation. Voilà encore trois sujets que je vous envoie , et pour répondre à l’empressement de nos Pères du Canada j’ai dû renoncer de faire cette année un établissement réputé nécessaire dans le diocèse de Viviers dans l’espoir de nous fournir des sujets propres au service de l’Église dans les ministères qu’embrasse la Congrégation. Je fais donc pour le Canada plus que je ne puis

La confiance d’Eugène dans la providence de Dieu l’a poussé à continuer à oser l’apparemment impossible :

… Les commencements sont faibles en toutes choses; à l’impossible nul n’est tenu. Il faut savoir abandonner quelque chose à la Providence. Je vous conjure, Monseigneur, de l’inculquer à ceux qui se fixent dans les idées de perfection qui détourneraient de rien entreprendre en ce monde.

Enfin, il évoque un voyage vers Rome qu’il entreprend pour célébrer le mariage de sa nièce unique et aussi pour consulter le Pape et d’autres membres de la Curie sur des questions d’actualité concernant la délicate relation entre l’Église et l’État en France.

Sur le point de partir pour Rome, je suis si pressé que c’est en courant que je puis vous tracer ces lignes en vous réitérant l’assurance de mes respecteux et, bien tendres sentiments..

Lettre à l’évêque Bourget de Montréal, 9 juillet 1845, EO I n 58

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

UNE JOURNÉE DANS LA VIE DE L’ÉVÊQUE EUGÈNE DE MAZENOD

Fête de saint Pierre. Ordination générale, la plus nombreuse que j’aie faite encore. J’ai donné la tonsure à [treize] , les ordres mineurs à [vingt-quatre], j’ai ordonné [neuf] sous-diacres, huit diacres et trois prêtres. Il est vrai que quatre Capucins et un Oblat ont reçu depuis la tonsure inclusivement jusqu’au diaconat. La cérémonie a commencé à 6 heures et fini à 10 heures 1/2, assez à temps pour que le Chapitre pût faire son office et chanter la messe solennelle.

Comme si rien n’était, il m’a fallu à 3 heures repartir pour St-Barnabé où j’ai dû donner d’abord le sacrement de confirmation aux enfants de la paroisse, puis bénir la première pierre de la nouvelle église, enfin bénir sur la place deux cloches, le tout avec un vent épouvantable qui n’empêchait [p. 17] pas la foule de tenir pied, mais qui était bien incommode. Je ne sais pas jusqu’à quand on me fera faire de ces tours de force auxquels je me prête tant que je puis aller. Dans le fait, je n’en suis pas fatigué du tout mais gare dans quelques années! Je joue de mon reste.

Son dernier acte de la journée a été de rendre visite aux Sœurs de la Compassion , qui ont été fondées à Marseille pour s’occuper des besoins spirituels des domestiques d’une manière particulière.

            Avant de partir j’ai visité l’établissement des nouvelles Dames de la Compassion. Evidemment le bon Dieu aide ce bon père Barthès pour le faire réussir dans des entreprises où le plus habile échouerait. Je lui ai pourtant recommandé qu’on ne négligeât pas l’Oeuvre des Domestiques. C’est essentiellement pour cette oeuvre que j’ai adopté ce nouvel Ordre, ou pour mieux dire que je l’ai laissé se former sous mes auspices et mon autorité.

Journal d’Eugène de Mazenod, 29 juin 1845, EO XXI

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

LÀ OÙ EST DIEU, LÀ EST MA MAISON

En tant que Supérieur général, Eugène devait déplacer les Oblats à différents endroits quand le besoin s’en faisait sentir. Approchant le Père Jean Joseph Magnan au sujet d’un éventuel déménagement, Eugène a été édifié par sa réponse.

Lettre du p. Magnan. Il exprime les sentiments d’un parfait religieux: Ubi Deus, ibi patria, me dit-il, pour mettre sa volonté entre mes mains.

Journal d’Eugène de Mazenod, 24 mai 1845, EO XXI

Là où il y a Dieu, là est mon pays – le sentiment d’un vrai missionnaire. En d’autres termes, partout où Dieu est présent, c’est ma patrie.

Mettant ces paroles en pratique, Eugène lui confie une nouvelle mission :

Je suis obligé de t’appeler au grand séminaire de Marseille pour y professer la morale. Je te [dis] ceci sous le secret. Quand je passerai à Lumières, je te préciserai les traités que tu seras dans le cas de montrer en commençant. Tu seras chargé aussi de former les séminaristes à la piété et à la connaissance de leurs devoirs, c’est-à-dire d’assister à la lecture spirituelle et de gloser les huit ou dix dernières minutes. Ce sont là les fonctions de ce qu’on appelle le directeur spirituel. Tu pourras commencer à faire ton plan à ce sujet et à préparer tes matériaux.

Lettre au Père Jean Joseph Magnan, 13 juin 1845, EO X n 874

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

C’ETAIT POUR MOI PLUS SAINT QUE LES CATACOMBES

Les corps de quelques-uns des premiers Oblats décédés, ainsi que de certains membres de la famille d’Eugène, avaient été enterrés dans le parc de l' »Enclos », la propriété de Madame de Mazenod à Aix en Provence. Une chapelle funéraire venait d’être construite dans le cimetière d’Aix et Eugène a participé à l’exhumation des restes, qui reposaient en terre depuis environ 25 ans.

Voyage à Aix. J’ai fait exhumer les corps qui se trouvaient encore à l’Enclos. Ce sont ceux du p. Suzanne, du p. Arnoux, du f. Morandini et de Nathalie de Boisgelin . Cela a été pour moi une journée bien pénible, mais je me suis acquitté de ce devoir avec le recueillement que m’inspirait la vue des précieux restes de tous ces saints prédestinés dont je ramassais les reliques, pénétré d’un religieux respect, mais aussi avec une sorte de déchirement de coeur difficile à exprimer… Je n’en ferai pas la description. C’est trop horrible à rapporter. Tant il y a que pas la moindre parcelle des saints ossements que je venais recueillir n’a pu échapper à nos recherches.

Eugène avait bien connu chacun d’entre eux et était convaincu que chacun avait mené une vie sainte et était un saint.

… c’était pour moi plus saint que les catacombes, tant je connaissais les vertus des âmes bienheureuses qui avaient animé ces corps réduits à une telle déformité. Ils ont été placés, les trois missionnaires dans une caisse en bois de noyer à trois compartiments, et ma nièce dans une autre petite caisse séparée. Dans quelques jours on les transportera dans le tombeau que j’ai fait préparer au grand cimetière, avec les autres saints corps de mon père, de ma grand-mère, de Caroline et du p. Marcou . On fera venir d’Avignon les restes de notre bien-aimé Louis de Boisgelin, et vraisemblablement nous transporterons aussi les corps de nos pères Pons, Mie, Paris, Capmas et du frère Dumolard . Ne pourra-t-on pas inscrire avec vérité sur la tombe renfermant ces saintes reliques: corpora sanctorum?

Journal d’Eugène de Mazenod, 21 avril 1845, EO XXI

Considérons-nous certains de nos proches décédés comme des saints ? Sont-ils présents pour nous dans la communion des saints ?

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

RÉCEPTION DE CES RÉFLEXIONS PAR COURRIEL

Le blog « Eugène de Mazenod nous parle » a commencé en mai 2010 et avec cela, un service gratuit offert par Google pour s’abonner à une version email des réflexions quotidiennes. Plusieurs personnes l’ont fait. Beaucoup m’ont contacté pour savoir comment continuer cela, et donc cette réponse.

Malheureusement, Google a supprimé ce service et nous ne pouvons plus faire appel à un fournisseur pour envoyer des courriels. Il existe des services commerciaux disponibles pour faire cela à un coût élevé – mais comme il n’y a pas de revenu lié au blog, il n’y a pas de possibilité de s’en servir.

Tous les jours, le blog est publié en anglais, français, espagnol et polonais sur le site correspondant. Je le publie également sur Facebook et Twitter, et le site OMIWORLD le reprend chaque jour. Dans chaque cas, vous devez vous rendre sur le site pour y accéder.

Malgré l’effort nécessaire pour accéder à « St Eugene Speaks », un GRAND MERCI aux lecteurs qui le suivent régulièrement. Beaucoup de travail est consacré à chaque entrée, et j’espère que certains le trouveront bénéfique pour faire mieux connaître et aimer St Eugène afin d’apprendre de lui comment vivre notre relation avec notre Sauveur en tant que ses coopérateurs pour apporter l’Evangile à ceux qui en ont le plus besoin.

Frank Santucci OMI

Publié dans Uncategorized | Un commentaire

LA CONSOLATION DE CÉLÉBRER LE SACREMENT DE LA CONFIRMATION

Pendant la vie d’Eugène, la seule personne qui pouvait donner le sacrement de la confirmation était l’évêque. Mgr. Eugène allait donc régulièrement célébrer ce sacrement dans les paroisses, la plupart du temps pour un grand nombre d’enfants. Cependant, chaque lundi, il célébrait le sacrement dans la chapelle de sa résidence, généralement pour des adultes. Cette partie de son journal donne une idée de son ministère et des consolations qu’il lui apportait.

C’est à ne pas le croire. Je viens encore d’administrer le sacrement de confirmation à une vingtaine d’adultes, et il en est ainsi tous les lundis depuis que je suis évêque. Oh, la bonne pensée qui me fut inspirée là!

Tous les évêques des grandes villes devraient en faire autant, ils éprouveraient la même consolation que moi. Car il est à présumer que ce grand nombre de personnes de tout âge et de toute condition qui se présentent volontiers dans ma chapelle particulière n’auraient jamais le courage de se confondre avec les enfants dans les confirmations générales des enfants. Ce qui m’étonne c’est qu’il y en ait un si grand nombre chaque semaine. Aujourd’hui entre autres j’ai confirmé un père et son fils, le fils avait bien 25 ans; j’ai confirmé une espèce de cul-de-jatte qui marche avec ses mains et se traînant sur ses genoux, c’est un homme d’environ 35 ans, très bien mis, dans l’ordre des artisans; plusieurs autres hommes, et parmi les femmes des dames de la halle, etc. Cette source donne étonnement depuis quelque temps, j’en ai confirmé jusqu’à des douzaines à la fois.

Journal d’Eugène de Mazenod, 14 avril 1845, EO XXI

L’afflux régulier de dames du marché est dû à l’influence de la détermination de Babeau à ramener ses compagnes de travail à la pratique de leur foi.

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

J’AI PROFITÉ DE L’OCCASION POUR STIMULER LE COURAGE DE CES PAUVRES JEUNES PRISONNIERS.

Prêtre du diocèse de Marseille, le Père Fissiaux. avait concentré son ministère sur les jeunes de la ville. Avec la bénédiction et les encouragements de Mgr Eugène, il avait fondé la Société de Saint Pierre en Chaînes pour des Frères qui se consacraient au service de la jeunesse délinquante (voir http://www.eugenedemazenod.net/fra/?p=3884). Parmi leurs œuvres figurait l’école industrielle où les jeunes prisonniers étaient épargnés de l’élément corrupteur des prisons pour adultes et étaient formés à l’industrie et à l’agriculture afin de retourner dans le monde avec des compétences utiles à la société.

Eugéne décrit une de ses visites à ce pénitencier.

Visite au pénitencier. J’y ai été reçu comme de coutume au son des fanfares et par toute la communauté. J’y ai célébré la sainte messe à laquelle j’ai distribué la communion à une cinquantaine de détenus et à tous les frères . Après la messe, j’ai administré le sacrement de confirmation aux détenus qui avaient communié, parmi lesquels se trouvait le fils d’un marabout . J’ai pris occasion de la circonstance pour relever le courage de ces pauvres jeunes gens en leur faisant remarquer que la justice divine était moins rigoureuse que la justice humaine et que s’ils avaient obtenu de Dieu une sentence d’absolution, ils le devaient à la religion qui était descendue avec eux dans leurs prisons, etc. Je suis allé ensuite à l’infirmerie où j’ai confirmé encore 13 jeunes hommes parmi lesquels deux musulmans convertis dont un nègre. En somme la matinée a été fort consolante et bien remplie.

Journal d’Eugène de Mazenod, 10 avril 1845, EO XXI

Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire