Les deux réflexions que St Eugène a fait aux scolastiques sur les études étaient l’écho de sa propre attitude envers les études 20 ans auparavant comme séminariste:
Si je veux être de quelque utilité dans le ministère, il faut que j’étudie encore beaucoup, et il est très sûr que je ne pourrais rien entreprendre, en l’état où je suis, en parfaite sûreté de conscience.
Je sais bien qu’il y a des prêtres qui en savent peut-être moins que moi et qui vont de l’avant, mais c’est un très grand malheur. Et je pense que c’est le dernier point de l’ignorance que de croire savoir ce que l’on ignore ou que l’on sait mal.
Lettre à sa mère, 14 Octobre, 1811, EO XIV n 93
Les années d’errance de la famille de Mazenod ont quelque peu bousculé les études du jeune Eugène. Bien sûr il y a eu l’enseignement rigoureux de Don Bartolo Zinelli à Venise. Par après à Palerme, la comtesse de Cannizzaro prendra à cœur l’instruction de l’émigré devenu l’enfant de la famille.
À Paris, ceci n’empêchera pas le jeune homme de constater les failles de son bagage intellectuel. Au Séminaire, il mettra alors les bouchées doubles et n’hésitera pas à prolonger le temps de ses études. « Si je veux être de quelque utilité dans le ministère, il faut que j’étudie encore beaucoup, et il est très sûr que je ne pourrais rien entreprendre, en l’état où je suis, en parfaite sûreté de conscience » écrit-il à Marie-Rose Joannis, reprenant ainsi le « Connais-toi toi-mème » de Socrate.
En avons-nous connu de ces « m’as-tu-vu » convaincus de posséder la connaissance absolue dans tous les domaines ! De leurs péroraisons naît inévitablement un climat de distraction alors que la plupart des auditeurs cherche déjà l’argument opposé.
Parler de ses insuffisances n’a jamais nui à personne. Évoquer des solutions peut susciter de l’admiration et inciter à une action efficace.