AVOIR UNE FORCE PLUS QU’HUMAINE POUR AGIR AVEC LIBERTÉ D’ESPRIT ET UNE APPARENTE INDIFFÉRENCE LORSQUE L’ÂME EST AU COMBLE DE LA DÉSOLATION

Eugène continue de partager avec Tempier, son confident, l’angoisse qui l’étreint lorsqu’il assiste sa nièce sur son lit de mort.

Vous sentez que je n’ai rien négligé pour inspirer à cette belle âme les motifs si justes de confiance dont elle doit être remplie. Mais le martyre sur les chevalets, les peignes de fer et le feu ne sont rien en comparaison des tourments que cette demi-heure d’entretien m’a fait éprouver. Je ne conçois pas comment mon cœur n’éclate pas dans ces occasions où je suis forcé de le comprimer pour agir et parler comme s’il ne se passait rien en moi de violent.
Je l’ai donc confirmée, par un effet surhumain et qui a bouleversé tout mon être, dans la persuasion vague où elle était de sa fin prochaine; elle veut que je lui administre les derniers sacrements; quel devoir à remplir! Je dois donc rester auprès d’elle; nos Règles nous prescrivent d’aller, plusieurs fois dans la journée s’il le faut, auprès des malades en danger que nous soignons; je suis tout posté sur les lieux et je m’acquitte de mon ministère, mais j’ai bien besoin que le bon Dieu m’assiste. Je vous charge expressément de faire connaître aux Capucines l’état de ma nièce, afin qu’elles prient pour elle et lui obtiennent les grâces dont elle a besoin dans ce terrible moment: force, courage, confiance en Dieu. Pour nous, il nous faut la résignation quand le moment fatal sera arrivé, mais pour le moment une force plus qu’humaine pour agir avec liberté d’esprit et une apparente indifférence lorsque l’âme est au comble de la désolation. La malade est toujours un modèle de patience qu’elle poussé jusqu’à l’héroïsme.

Lettre à Henri Tempier, le 28 octobre 1829, EO VII n 339

 Nathalie décède quelques semaines plus tard, le 14 novembre à l’âge de 19 ans

Ce contenu a été publié dans Uncategorized. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

1 réponse à AVOIR UNE FORCE PLUS QU’HUMAINE POUR AGIR AVEC LIBERTÉ D’ESPRIT ET UNE APPARENTE INDIFFÉRENCE LORSQUE L’ÂME EST AU COMBLE DE LA DÉSOLATION

  1. Denyse Mostert dit :

    Bien sûr, Eugène de Mazenod avait confiance en Jésus Sauveur.. Bien sûr, le fondateur des Oblats, missionnaires de la Miséricorde avait la foi nécessaire pour accompagner sa nièce Nathalie à la fin de sa vie.

    Il évoque pour Henri Tempier, ses derniers entretiens avec la jeune malade. « Je ne conçois pas, écrit-il, comment mon cœur n’éclate pas dans ces occasions où je suis forcé de le comprimer pour agir et parler comme s’il ne se passait rien en moi de violent. Je l’ai donc confirmée, par un effet surhumain et qui a bouleversé tout mon être… Pour nous, il nous faut la résignation quand le moment fatal sera arrivé, mais pour le moment une force plus qu’humaine pour agir avec liberté d’esprit et une apparente indifférence lorsque l’âme est au comble de la désolation.» Et il poursuit vaillamment son ministère auprès de Nathalie, le cœur déchiré tant il est vrai que la foi ne supprime pas la douleur humaine.

    Pour l’heure, « la malade est toujours un modèle de patience qu’elle pousse jusqu’à l’héroïsme ». Cependant, qui sait comment vont se vivre ses derniers instants ? « Je vous charge expressément de faire connaître aux Capucines l’état de ma nièce, écrit-il encore, afin qu’elles prient pour elle et lui obtiennent les grâces dont elle a besoin dans ce terrible moment: force, courage, confiance en Dieu. »

    Il y a presque neuf ans, décédait Pierre, mon compagnon depuis plus d’un demi-siècle. J’ai eu à vivre de ces « terribles moments » où la séparation définitive d’avec ceux que nous aimons est imminente. J’ai connu mille et une pensées, du désespoir à la révolte. L’acceptation n’est venue que plus tard, quand tout a été terminé. Quand j’ai écouté mon cœur me dire que rien ne se perd pour toujours, que l’amour ne peut mourir. Tout doucement, je suis devenue capable de reconnaissance pour toutes ces années vécues ensemble. Aujourd’hui encore, je remercie Dieu de m’avoir gardée debout alors que je ne voyais plus que du noir devant moi.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *