MES DEUX FAMILLES

J’ai visité à Aix le nouveau cimetière où je voudrais faire bâtir une chapelle pour y déposer les restes vénérables de mes deux familles…

Je consentirais qu’on y présentât tous les morts qu’on enterrerait dans le cimetière et qu’on y célébrât la messe quand la dévotion l’inspirerait, dans la confiance que les âmes des nôtres en profiteraient.

Eugène de Mazenod, Le Journal, 21 Février 1838, EO XIX

Dès l’enfance, Eugène a toujours aimé sa famille : “Mon cœur n’a point changé avec l’âge. Il est idolâtre de sa famille. Je me ferais hacher pour certains individus de ma famille”

À partir du 1816, les oblats sont devenus sa famille, et voulait qu’elle soit « la famille la plus unie du monde ».

 

“Nous savons en outre que Dieu fait concourir toutes choses au bien de ceux qui l’aiment, de ceux qui ont été appelés conformément au plan divin. En effet, ceux que Dieu a connus d’avance, il les a aussi destinés d’avance à devenir conformes à l’image de son Fils, afin que celui-ci soit l’aîné de nombreux frères et sœurs” (Romains 8, 28-29)

 

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ILS ONT RAFRAÎCHI MON ESPRIT

En 1813, Eugène avait fondé une congrégation de jeunes à Aix qui eut beaucoup de succès. Vingt-cinq ans plus tard, il était ravi de recevoir une lettre de deux anciens membres : le P. Leblanc (prêtre diocésain à Paris) qui avait récemment rencontré Adrien Chappuis (avocat à Paris) et avait écrit :

“en causant beaucoup de notre père et bienfaiteur commun[sic]. Croyez bien que les souvenirs de nos anciennes relations sont bien chers puisqu’après tant d’années ils sont encore vivants dans notre Cœur.”

La lettre de trois pages est toute pleine de bons sentiments. Vous êtes aujourd’hui, me dit ce cher enfant, ce que vous avez été à toutes les époques de votre ministère, tel que je vous ai vu quand j’avais le bonheur de ne pas vous quitter d’un instant, sachant à merveille concilier la condescendance de la charité avec la rigueur du devoir. Ce témoignage m’est cher. Il part d’un bon prêtre que j’estime autant que je l’ai toujours aimé et il remonte aux premières années de mon ministère alors que ce bon Leblanc était au nombre des plus fervents disciples de ma belle congrégation de la jeunesse chrétienne dont il fut un des premiers

Eugène de Mazenod, Le Journal, 18 Février 1838, EO XIX

Eugène fait écho du sentiment des dernières lignes de Paul dans sa première lettre aux Corinthiens 16, 15-18), quand il se réfère à des gens qui ont servi dans la communauté

“Soumettez-vous à de telles personnes ainsi qu’à tous ceux qui travaillent et peinent avec elles. Je me réjouis de la présence de …; ils ont suppléé à votre absence, car ils ont tranquillisé mon esprit et le vôtre. Sachez donc apprécier de telles personnes.”

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UN AMI AU CIEL ET UN AMI SUR TERRE

L’amitié a toujours été un aspect important et nécessaire de la vie d’Eugène. Il est donc facile de comprendre sa relation particulière avec Lazare, l’ami de Jésus. C’était une relation qu’il a traduite dans la vie quotidienne.

Selon la tradition, Lazare, Marthe et Marie seraient venus en Provence, et Lazare était le premier « évêque de Marseille ». C’était une tradition chère à Eugène. Il a donc été important pour lui d’avoir une église dédiée à Saint Lazare dans sa ville, et il a pris des mesures pour s’assurer de cela. (Il a même amené sa mère à contribuer financièrement au projet).

Le Conseil municipal a adopté hier à l’unanimité les conclusions de la commission au sujet de la reconnaissance de la paroisse St-Lazare. Voilà une affaire d’une grande importance finie, en si peu de temps et d’un accord commun; il faut bien que notre grand patron s’en soit un peu mêlé du haut du ciel où il est toujours l’ami de son divin maître notre Seigneur.

Eugene de Mazenod, Le Journal, 13 Février 1838, EO XIX

Donc, les deux sœurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade.» (Jean 11,3)

Chaque année, le diocèse de Marseille célébrait la fête de la Résurrection de Lazare » le 30 mars.

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MON INTENTION INÉBRANLABLE D’ÉTABLIR LA VIE COMMUNAUTAIRE POUR LES CURÉS ET LES VICAIRES DANS TOUTES LES PAROISSES

Une fois qu’Eugène a été installé comme évêque de Marseille, l’une de ses premières actions fut d’insister pour que les prêtres diocésains cessent de vivre seuls, ou avec leurs familles, et viennent vivre ensemble en tant que communauté de prêtres dans la paroisse dont ils s’occupaient. Eugène était religieux et donc convaincu de l’importance de la vie communautaire et du soutien mutuel entre les prêtres étaient nécessaires pour réussir le ministère paroissial. Ce devait être une bataille difficile pour les 24 prochaines années, parce que la majorité préférait leur indépendance au lieu de la vie communautaire.

Lettre à monsieur Gay, curé de Cassis, pour l’inviter à venir s’entendre avec moi pour les arrangements à prendre dans la nouvelle position que je lui ai faite. Je lui exprime très clairement la volonté inébranlable où je suis d’étabir successivement la communauté du curé et des vicaires dans toutes les paroisses en commençant par la sienne. Je lui annonce les changements que j’ai faits pour qu’il trouve en arrivant toutes les facilités.

Eugène de Mazenod, Le Journal, le 11 Février 1838, EO XIX

La communauté apostolique a été la fondation et la raison du succès de tous les ministères oblats. Eugène était convaincu de l’efficacité de ce modèle biblique de disciple qui témoignait de la présence continue du Sauveur – malgré les difficultés parfois rencontrées :

Tous ceux qui étaient devenus des croyants vivaient dans une parfaite unité de cœur et d’esprit. Personne ne se prétendait propriétaire de ses biens, mais ils partageaient tout ce qu’ils avaient. Avec une grande puissance, les apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, et la grâce de Dieu agissait avec force en eux tous. (Actes 4, 32-33)

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IL Y A DIVERSITÉ DE SERVICE, MAIS LE MÊME SEIGNEUR

Eugène a écrit dans son journal:

Lettre du p. Courtès qui m’apprend la mort subite de la respectable madame de Bausset, amie et bienfaitrice insigne de la Mission. J’ai écrit sur-le-champ dans toutes nos maisons pour que chaque prêtre dise une messe pour le repos de son âme, que chaque oblat novice et frère fasse cinq communions à la même intention, et que les indulgences, bonnes oeuvres, etc., lui soient spécialement appliquées pendant huit jours, indépendamment des droits qu’elle a à jamais à tous les mérites de la congrégation…

On n’ignore pas que cette charitable chrétienne et bonne amie a fourni pendant dix ans 600 francs par an pour l’éducation et l’entretien de nos pères. Le bon Dieu a dû récompenser déjà cette sainte âme, mais il est du devoir de la congrégation de lui conserver obligation éternelle. Quant à moi, je regrette sa perte avec la douleur que je ne puis m’empêcher d’éprouver quand des amis si chers et si précieux me sont enlevés; … La bonne mme de Bausset aura une place chaque jour de ma vie dans mon memento des morts et je ne saurais tarir sur l’éloge de ses vertus et de ses bonnes qualités.

Eugène de Mazenod Le Journal, le 7 Février, EO XIX

Jésus a, aussi, été accompagné dans son évangélisation par ses disciples et adeptes, et Paul se réfère à cela quand il parle de service comme différentes parties d’un corps (I Corinthiens 12)

Luc 8, 1-3 « Quelque temps après, Jésus se rendit dans les villes et les villages pour y proclamer et annoncer la Bonne Nouvelle du royaume de Dieu. Il était accompagné des Douze et de quelques femmes qu’il avait délivrées d’esprits mauvais et guéries de diverses maladies : Marie, appelée Marie de Magdala, dont il avait chassé sept démons, Jeanne, la femme de Chuza, administrateur d’Hérode, Suzanne et plusieurs autres. Elles assistaient Jésus et ses disciples de leurs biens.”

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UN QUART D’HEURE DE MÉDITATION VOUS REMETTRA SUR LA VOIE

Eugène, dont la vie avait été profondément modifiée par la vue de la Croix, et qui avait fait de l’image du Sauveur crucifié le plus important symbole Mazenodien, était horrifié qu’Eugène Guigues n’ait pas vu une telle signification dans le fait de porter la Croix lors d’une procession pénitentielle.

Les Prélats et les Cardinaux portent la croix processionnelle dans les jubilés et au temps des calamités, et un missionnaire rougirait de se charger d’un précieux fardeau quand il s’agit d’attirer la miséricorde de Dieu sur un peuple égaré! Il ne comprendrait pas combien il est conforme à l’esprit de Jésus-Christ de faire une expiation publique au nom des prévaricateurs qu’il vient sauver? Je ne parle pas de la nudité des pieds, cela n’a jamais été prescrit, mais la cérémonie elle-même, mais le discours sur cette matière, on les ferait sans esprit de foi? Quel aveu!

Eugène finit par se calmer et assure Guigues de son affection paternelle.

Adieu, adieu, mon cher, fils, un quart d’heure de méditation vous remettra sur la voie. Je vous embrasse.

Lettre à Eugène Guigues, le 26 janvier 1838, EO IX n 657

 

“En ce qui me concerne, je ne veux à aucun prix placer ma fierté ailleurs que dans la mort de notre Seigneur Jésus-Christ sur la croix. Par elle, en effet, le monde dominé par le mal a été crucifié pour moi, de même que moi je l’ai été pour ce monde.” (Galates 6:14)

 

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QU’IL AYE MOINS CONFIANCE DANS SES PROPRES LUMIÈRES

En janvier 1838, les Oblats étaient partis dans un élan missionnaire paroissial dans tout le sud de la France. Eugène recevait régulièrement des rapports de sept d’entre eux et il se réjouissait des fruits qui en découlaient. Le Père Guigues, cependant, manifestait des doutes sur deux des processions. Dans son journal, Eugène écrit cette réflexion :

Le P. Guigues voudrait supprimer la cérémonie de l’entrée et la procession de pénitence. Il faut bien s’en garder. Ce père avoue que n’étant pas persuadé de leur utilité, il les fait sans esprit de foi. Voilà le mal! Qu’il aye moins de confiance dans ses propres lumières, qu’il entre dans l’esprit qui les a inspirées et ensuite fait approuver par l’Église et il en éprouvera les bons effets comme on l’éprouve ailleurs.

Journal d’Eugène de Mazenod, le 22 janvier 1838, EO XIX

Eugène écrivit alors directement à Guigues, en le corrigeant dans son langage énergique, tout en n’ayant aucune intention de le réprimander.

S’il s’agissait de modifier quelques usages, on pourrait le comprendre, mais supprimer selon le caprice de chacun tantôt une chose, tantôt l’autre, cela ne sera jamais tant qu’il y aura de l’ordre, de la piété et des religieux conservateurs de nos traditions dans la Congrégation.
Lettre à Eugène Guigues, le 26 janvier 1838, EO IX n 657

La tentation de tout vouloir relativiser est toujours présente de nos jours.

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VOICI UN BLASON ET UNE DEVISE QUI PARLENT

Eugène de Mazenod est officiellement installé comme évêque de Marseille en décembre 1837. À cette occasion, il a écrit une lettre pastorale à ses ouailles pour qui il était maintenant le bon Berger. Il avait également dû concevoir un blason épiscopal avec une devise épiscopale qui serait le « logo » de son ministère. Il le décrit au père Courtes :

j’ai voulu écarteler de ses armes avec les miennes de famille,

et tu verras la croix de missionnaire briller beaucoup plus que mon propre écusson, et la devise si précieuse qui distingue cette Société planer au-dessus de tout. Vous l’expliquerez à qui voudra l’entendre, point de tergiversation à cet égard. Ce sont des armes parlantes.
Lettre à Hippolyte Courtes, le 7 janvier 1838, EO IX n 656

Le Blason représente généralement le programme pastoral de la personne ou du groupe qui l’a conçu. Pour Eugène, Missionnaire Oblat, c’était la Croix qui émergeait au-dessus de tous les autres signes de sa spiritualité; le mode de vie et le ministère pour ceux qui s’étaient le plus éloignés de la connaissance et de l’amour du Sauveur.

Sa devise : «Pauperes evangelisantur – Et les pauvres seront évangélisés» est la seconde partie de la devise des oblats. Elle vient d’un écrit de St-Luc 7:22, où Jean-Baptiste envoie des messagers demander à Jésus s’il était vraiment le Messie. Et Jésus de répondre :

“Et il leur répondit: Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres.”

C’est dans l’authenticité de ces mots que Jésus définit et fonde son ministère et c’est ainsi qu’Eugène les reprit pour en faire les lettres de créance du ministère des Oblats et la devise de son ministère épiscopal.

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« ETRE » POUR « FAIRE » COMME ÉVÊQUE DE MARSEILLE

Quelque temps après avoir été installé comme évêque de Marseille à la fin de 1837, Eugène rédigea un calendrier quotidien non daté décrivant sa planification comprenant la prière et l’étude dans l’agenda  déjà chargé d’un ministre du culte. Se levant à 5 h 30 et se couchant vers 23 h, il réservait plusieurs heures pour la prière. Je reproduis ici tout ce programme. Il nous donne une bonne idée de l’importance de la prière pour Eugène. Son ministère découle et résulte de son temps de communion avec son Dieu.

Prière du matin, oraison, messe, action de grâce, petites heures. Écriture Sainte, lecture spirituelle. Vêpres, Compiles, chapelet, adoration. Matines et Laudes, prières du soir, examen. Je calcule de 4 heures et demie à cinq heures.

Plus assez fréquemment, presque tous les jours, l’administration du sacrement de confirmation, ce qui peut prendre un jour dans l’autre encore une heure, voilà donc près de six heures pour les exercices spirituels.

Que reste-t-il pour l’étude quand on est toute la journée à la merci de tout le monde? Cependant il faut trouver le temps de la correspondance; il faut consacrer deux ou trois heures du mardi de chaque semaine au Conseil diocésain, le dimanche presque tout entier à l’église.

Il n’est pas facile de classer les moments propres à chaque occupation. Si je pouvais me coucher à dix heures, je me lèverais à cinq heures, mais il est plus souvent près de minuit que de onze heures quand je me couche. Fixons donc le lever à 5 heures et demie. Soyons à la chapelle un quart d’heure après pour y faire l’oraison, dire la messe, faire l’action de grâces et réciter les petites heures. Il sera toujours près de huit heures quand je sortirai de la chapelle.

Comme on me fait toujours perdre du temps pour attendre mon triste déjeuner, je monterai chez moi au lieu d’aller au salon à manger, et j’attendrai qu’on me porte mon café en m’occupant à la lecture de la Ste Écriture.

Si je pouvais me flatter qu’on ne forçât pas ma porte jusqu’à dix heures, j’expédierais bien des affaires, écrirais bien des lettres, mais l’expérience m’a appris qu’il se rencontre tous les jours des gens bien pressés, et qui n’entendent pas raison. Cependant il faudrait trouver le moyen de n’être pas forcé jusqu’à cette heure-là. De là au dîner [NdR. Le repas de midi] plus de repos.

Après dîner quelques instants avec la famille, puis il faudrait s’évader de la maison pour travailler ailleurs. Autrement les visites recommencent et ne finissent plus jusqu’au soir.

“Exercices spirituels quotidiens”, page non datée quelque temps après 1837, EO XV n 189

Si nous avions à rédiger un horaire similaire pour la prière et l’étude, à quoi ressemblerait-il ?

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