JE VOUS LAISSE SAVOIR TOUTES CES CHOSES POUR QUE VOUS PUISSIEZ EN PARLER AVEC CONFIANCE À DIEU

Dans l’entrée précédente, Eugène avait demandé des prières au Sanctuaire Marial d’Osier concernant les difficultés que les Oblats étaient en train de traverser. Il continue à s’adresser à Dieu en demandant aux sœurs contemplatives de prier pour lui.

Je vous remercie, ma bonne mère, de votre attention. Je profite de l’occasion que vous me fournissez pour vous prier de prescrire à votre communauté de recommander spécialement à Dieu la Congrégation de nos missionnaires qui souffre dans le diocèse de Gap…

Les sujets manquent, il est impossible de remplir tous les ministères que la Congrégation embrasse. La mort du saint père Albini a entièrement démonté les missions en Corse…

Bref, c’est un temps d’épreuve; nous avons besoin du renfort de vos prières pour repousser le démon à qui Dieu a laissé prendre quelque puissance pour semer l’ivraie dans le champ et dévaster l’héritage du père de famille.

Je vous explique les choses pour que vous en parliez au bon Dieu avec confiance. Je m’unis d’avance à vos prières et vous bénis ainsi que toute votre communauté.

+ C.J. Eugène, Évêque de Marseille.

Lettre à l’Abbesse du Couvent Ste Claire, 23 Novembre 1839, EO XIII n 97

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JAMAIS AUPARAVANT LA CONGRÉGATION N’A CONNU UNE TEMPÊTE SIMILAIRE

Écrivant au père Guigues, qui se trouvait au sanctuaire marial de Notre Dame de L’Osier, Eugène recommande les difficultés de la Congrégation à l’intercession de Marie

Priez la sainte Vierge qu’elle vienne à notre secours, jamais la Congrégation n’a éprouvé une pareille tempête. La mort, l’apostasie et la persécution atroce de ceux qui auraient le devoir de la protéger. Est-ce assez pour crier vers Dieu?

Lettre à Bruno Guigues, 4 Novembre 1839, EO IX n 704

La mort : Eugène pleure la mort de deux Oblats. Le P. Albini, dont il était très proche depuis 16 ans, et le frère scolastique Morandini, 22 ans.

Apostasie : Le père Jérôme Gignoux avait quitté la Congrégation et suscitait une violente opposition contre les Oblats à l’extérieur.

Une terrible persécution : au sanctuaire de Notre-Dame du Laus (que nous avions servi à partir de 1818), le nouvel évêque et les prêtres du diocèse s’agitaient pour écarter les Oblats du ministère très fructueux du sanctuaire afin qu’ils puissent le reprendre eux-mêmes.

Pourtant, au milieu de tout cela, Eugène a gardé les yeux sur Dieu pour trouver la force.

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JE TENDS LES BRAS À CES PERSONNES PERDUES, J’OUVRE MON COEUR POUR LES RAMENER CAR JE LES AIME VRAIMENT EN JÉSUS CHRIST

La réflexion d’Eugène dans son journal aujourd’hui s’est concentrée sur sa vie comme évêque dont il parle,

Je savais bien que je ne ceignais pas une couronne tressée de fleurs, mais bien des épines cruelles; quelques-unes se sont émoussées, mais le fardeau s’est aggravé de tout le poids de la responsabilité d’un diocèse…

Sa plus grande souffrance a été de voir combien de personnes vivant dans son diocèse étaient les « plus abandonnées » parce qu’elles ne reconnaissaient pas Jésus-Christ comme leur Sauveur. Il se sentait impuissant.

Que Dieu soit béni! Mais je reviens facilement à cette pensée qui me préoccupe avec raison quand je me considère au milieu d’une immense population dont le plus grand nombre se précipite vers sa perte sans qu’il me soit possible de l’arrêter, ni par mes paroles ni par mes vœux. Je tends les bras à ces égarés, je dilate mon cœur pour les ramener car je les aime vraiment en Jésus-Christ, je prie sans cesse pour eux. Je devrais après cela demeurer en paix. Je ne le puis car je sens que je suis pire.

Eugène de Mazenod, Le Journal, le 8 Mai 1839, EO XX

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LA MORT DE NOTRE TRÈS CHER FRÈRE ÉTAIT CELLE D’UN SAINT

Le 20 mai, Eugène a écrit dans son journal :

Mais quelle profonde douleur ne dois-je pas éprouver en apprenant que le p. Albini se trouve de nouveau dans un état alarmant. Je ne sais plus que penser. Après le miracle [p. 65] de première guérison, un nouveau danger imminent. Que faut-il faire? Essayer de faire une nouvelle violence au Seigneur? L’âme est oppressée, le cœur déchiré.

Eugène de Mazenod, Le Journal, 20 Mai 1839, EO XX

Le père Albini a toujours été considéré comme un saint vivant.  Quand sa mort a été annoncée à Eugène, il l’a noté dans son journal personnel :

Je devrais plutôt invoquer notre vénérable père Albini que prier pour lui. C’est bien aussi ce que je n’ai pas manqué de faire; néanmoins je me suis acquitté ce matin d’une dette sacrée en offrant le saint sacrifice pour lui, ce que je réitérerai encore demain et après-demain.

La mort de notre frère bien-aimé a été celle d’un saint. C’est est un bienheureux de plus à ajouter à la communauté de la Congrégation qui est au ciel. Oh mon Dieu, qu’ils sont déjà nombreux, et qui sont grands ceux qui nous ont précédé ! Étonnamment, je me sens plus résigné que je le pensais. Je ne doute pas que cela soit par l’intercession de notre frère. Qu’il ait aussi pitié du pays qui était le sien et qui attendait sa conversion par son ministère.

Eugène de Mazenod, Le Journal, 27 Mai 1839, EO XX

La cause de béatification du Vénérable Albini est prête et attend un miracle par son intercession

Voir: https://www.omiworld.org/fr/lemma/albini-charles-dominique-fr/

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ELLE A ÉTÉ UNE MÈRE POUR MOI TOUT LE TEMPS QUE J’AI PASSÉ EN SICILE

L’entrée du journal d’Eugène le 1er mai 1839 rappelle un événement qui s’était produit 37 ans plus tôt et dont il se souvient chaque année.

J’ai dit la messe selon mon usage pour la duchesse de Cannizzaro morte à pareil jour, et qui m’a servi de mère tout le temps que je suis resté en Sicile

Eugène de Mazenod, Le Journal, 1 Mai 1839, EO XX

La duchesse de Cannizzaro était la mère adoptive d’Eugène à Palerme. Elle était généreuse envers les pauvres et Eugène l’aidait à distribuer des aumônes aux nécessiteux. À cette époque, il avait écrit :

Je le prouvai bien à sa mort, où tout le monde put juger que ma douleur fut incomparablement plus sensible et plus profonde que celle de ses fils. La princesse, que j’appelais à si juste titre ma mère, nous fut enlevée subitement: le coup fut cruel et la blessure profonde; je m’en ressentis longtemps; j’en fus même malade. On m’a dit qu’à la vue de son cadavre je me prosternai au pied de son lit en poussant à plusieurs reprises ce cri lamentable: « J’ai perdu ma mère! j’ai perdu ma mère!»

Journal de l’Exil en Italie, EO XVI

C’était la première fois que le jeune Eugène rencontrait de près la mort d’une personne à laquelle il était émotionnellement attaché. À partir de cela, il apprendra la peine de la mort et du chagrin à l’avenir. Sa réaction a été intense, et nous verrons à quel point la mort de ses proches l’affectera à l’avenir.

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L’INCAPACITÉ D’ATTEINDRE UN TEL GRAND NOMBRE D’ÂMES ME CAUSE UNE GRANDE DOULEUR ET UN GRAND CHAGRIN

Hier, nous avons lu la description d’Eugène de Mazenod sur sa joie après avoir rencontré les Sœurs contemplatives. Aujourd’hui, encore il continue d’écrire :

Je rentrais chez moi rempli de ces douces pensées. Chemin faisant je rencontrais des misérables qui ne marchaient certainement pas devant Dieu. Ce contraste produisait dans mon âme un mouvement d’indignation et de dégoût que je ne saurais exprimer. 

En voyant ces travailleuses de nuit, les plus abandonnées dans sa compréhension parce qu’elles étaient si loin de Jésus-Christ, il a fait l’expérience de son impuissance à pouvoir les aider.

L’impuissance d’atteindre un si grand nombre d’âmes qui leur ressemblent, la douleur de les voir se perdre sans qu’il me soit possible de rien faire pour les détourner du vice et les aider à se sauver, me faisait éprouver une véritable peine, un chagrin d’être pasteur d’un troupeau dont tant de brebis sont étrangères à leur évêque; on pourrait dire d’elles: « Elles ne sont pas de cette bergerie » (Jean 10, 16); c’est qu’elles n’appartiennent plus à Jésus-Christ. Il ne me reste que la prière, je n’ai d’autre moyen de m’acquitter de mon devoir à leur égard.

Eugène de Mazenod, Le Journal, 22 Avril 1839, EO XX

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À LA LOUANGE DES COMMUNAUTÉS CONTEMPLATIVES : UN GOÛT DE LA BÉATITUDE À LAQUELLE CES ÂMES CHOISIES SONT APPELÉES

Eugène note dans son journal une visite qu’il a faite à un couvent de sœurs contemplatives, qui passent leur vie dans le silence et la prière. Il a fait l’expérience de la présence de Dieu chez ces femmes qui prient constamment pour le monde et ses besoins.

Visite annuelle au premier monastère de la Visitation. Je l’ai achevée dans la journée. Je n’en saurais trop dire sur l’édification que j’ai retirée de cette visite. C’est une chose vraiment admirable que de voir l’union, la paix qui règne dans cette maison de Dieu…

Comment expliquer le bonheur dont toutes ces saintes filles jouissent, et qui leur fait préférer leur état à tout ce que le monde pourrait offrir de plus séduisant? Il n’est pas possible de l’attribuer à autre chose qu’à l’onction de la grâce, à la communication de l’Esprit de Dieu. C’est une chose qui me frappe toujours davantage et qui me prouve le mieux l’action constante de la Providence sur ses créatures, c’est un état surnaturel, miraculeux, c’est une lumière, une émanation céleste, un avant-goût de la béatitude à laquelle sont appelées ces âmes d’élite, ces âmes privilégiées qui jouissent de ce bonheur…

Eugène de Mazenod, Le Journal, 22 Avril 1839, EO XX

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JE ME SUIS LAISSE ALLER A OUVRIR MON CŒUR, ET A EXPRIMER BIEN FAIBLEMENT CE QUE JE SENS AUTREMENT QUE JE NE SAURAIS JAMAIS LE DIRE

En tant que vicaire général de son oncle l’évêque Fortuné, Eugène a dû être l’homme de main du diocèse pour nettoyer de nombreuses situations désordonnées et pour inculquer une certaine discipline au sein du clergé, qui n’avait plus d’évêque résident depuis plus de 20 ans, et dont beaucoup étaient devenus des « évêques » indépendants dans leurs paroisses. 

Je rends grâce à Dieu de m’avoir éclairé sur ce point par de bien cruelles expériences. Ne m’étais-je pas dit maintes fois dans la vanité de mes pensées, qu’après tout, si j’avais tout à coup rencontré tant de personnes qui s’étaient élevées contre moi par l’effet d’une prévention évidemment injuste et coupable, cela tenait peut-être moins à la jalousie et à la haine qu’excitent les conceptions utiles et les réformes salutaires et même nécessaires, qu’à cela seul que l’on ne me connaissait pas. Et vidi quod hoc quoque esset vanitas [Ecclesiastes 2;2]. N’ai-je pas été méconnu, méprisé, bafoué, calomnié, haï par ceux qui me connaissaient bien ou qui du moins auraient pu me connaître, vivant avec moi, me voyant agir sous leurs yeux, par ceux qui non seulement avaient été les témoins de mon excessive bonté, mais qui en avaient été l’objet; par ceux que j’avais comblés de bienfaits. Vanitas vanitatum et omnia vanitas…, et vidi quod hoc quoque esset vanitas.[Ecclesiastes 1:2;2:1].

Comment se fait-il que j’ai écrit toutes ces choses? Eructavit cor meum…[Psalm 45:1] . Je me suis laissé aller à ouvrir mon coeur, et à exprimer bien faiblement ce que je sens autrement que je ne saurais jamais le dire. Revenons à notre Journal.

Journal d’Eugène de Mazenod, 31 mars 1839, EO XX

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RENONCONS A TOUT RETOUR, A TOUTE RECONNAISSANCE DES HOMMES

Eugène conclut qu’aimer les hommes, malgré le rejet, est ce que l’on attend des serviteurs de Dieu.

Chacun selon la mesure qu’il a reçue doit, après avoir épuisé ses affections comme ses forces, dire en toute simplicité: servi inutiles sumus, quod debuimus facere fecimus [Luc 17:10]. Je l’avais toujours pensé vis-à-vis de Dieu et par rapport à ce que l’on fait pour son service, mais il m’a fallu un peu plus de réflexion pour étendre ce sentiment jusqu’aux hommes, ou du moins pour y comprendre ce qu’on leur accorde au-delà du devoir strict de la charité chrétienne.

Il remercie ensuite Dieu pour le don qui lui a été fait de ressentir de la compassion pour les personnes qui souffrent, et de vouloir répondre avec générosité.

En cela même je me trompais. Si je sens plus que d’autres leurs maux, si mon coeur s’attendrit à la seule pensée de leurs malheurs lorsqu’elle se présente vivement à mon esprit, si j’éprouve un véritable malaise, une douleur quelquefois violente au seul récit d’une catastrophe qui portera la désolation dans une famille à moi inconnue, comme serait par exemple la mort d’une mère qui laisse des enfants dans l’abandon, ou d’un fils, ou d’une fille dont la perte précoce déchirera le coeur d’une mère, je ne pourrais pas disconvenir que ce ne soient là des preuves d’une bonté d’âme assez rare, mais c’est un pur don de Dieu

Après s’être défoulé, Eugène se calme et reconnaît que tout ce qu’il fait doit être fait par amour de Dieu et des gens – et non pour des récompenses.

ce sentiment exquis est une conséquence de ma manière d’être, une condition de l’existence que Dieu m’a faite en me constituant ce que je suis et tel que je suis. Pourquoi vouloir que les hommes m’en tiennent compte! C’est là une récompense trop naturelle d’un don tout à fait gratuit du Seigneur, car quelque pénible que soit cette faculté peu commune, si toutefois il se trouve quelque autre personne qui la possède à ce haut degré, je me félicite de la posséder, et je sens un vrai bonheur dans les amertumes mêmes qu’elle me cause. Ainsi renonçons à tout retour, à toute reconnaissance des hommes, y compter serait d’ailleurs me préparer un chagrin que je m’épargnerai en en faisant d’avance le sacrifice.

Journal d’Eugène de Mazenod, 31 mars 1839, EO XX

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QUOI QUE PUISSE EN DIRE MA RAISON ABUSEE, CE DROIT À L’AMOUR DES HOMMES N’APPARTIENT QU’À DIEU

Poursuivant notre réflexion sur le Journal du dimanche de Pâques 1839, nous voyons Eugène méditer sur la difficile leçon qu’il a dû apprendre lorsqu’il a naïvement cru que parce qu’il aimait les gens et les traitait avec amour, ils l’aimeraient en retour. Cette leçon lui fut d’abord enseignée par certains dans la ville de Marseille.

Qu’il y aurait de choses intéressantes à dire sur ce sujet! Mais je m’écarterais de la pensée qui a donné lieu à cette digression. J’ai voulu dire que j’avais excédé dans l’amour que j’avais nourri dès ma plus tendre jeunesse pour mes semblables, que j’avais surtout excédé dans la prétention de mériter en retour des sentiments analogues de la part de ceux à qui je voulais tant de bien, que mon coeur semblait inviter à se faire encore aimer davantage en répondant à mon amour. Quoi que puisse en dire ma raison abusée, ce droit n’appartient qu’à Dieu. Quels que soient les titres qu’elle voudrait alléguer pour prétendre à la reconnaissance des hommes, elle se trompe; les hommes peuvent avoir tort d’être ingrats, d’être injustes, de ne pas répondre au bien qu’on leur fait ou qu’on voudrait leur procurer, mais moi je ne dois pas me plaindre de ce désordre. Il doit en être du sentiment et de la disposition du coeur comme de l’action et des services.  

Journal d’Eugène de Mazenod, 31 mars 1839, EO XX

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