UNE CROIX EN BOIS ET UNE COURONNE D’ÉPINES SONT AU-DESSUS DE CE BLASON

Dans son Journal de 1839, Eugène continue de réfléchir sur sa vocation. En tant que fils de la « haute société » d’Aix, il aurait pu aspirer à un poste élevé dans le diocèse, parce que son père avait été Président de Mazenod de la Cour des Comptes. En tant que séminariste, Eugène avait pris le blason de son père (son mortier – qui était un couvre-tête de velours qui indiquait les juges de la Cour des Comptes, mis sur sa robe présidentielle), l’avait renversé et avait mis une croix et une couronne d’épines au-dessus de ces symboles du pouvoir. Nous voyons déjà ici la place du symbole de la Croix dans la vie du futur fondateur.

Ce fut encore ce sentiment qui détermina mon choix lorsque, de retour à Aix, l’évêque de Metz, alors administrateur du diocèse, me demanda ce que je voulais faire. Il n’y eut pas un cheveu de ma tête qui songeât à se prévaloir de ma position sociale pour laisser entrevoir des prétentions que tout le monde à cette époque eût trouvées raisonnables. J’ai préféré être mis de côté, dans la maison de mon Dieu, c’était ma devise.
Elle est tracée sur un petit dessin que je fis faire étant au séminaire qui exprime parfaitement le secret de mon cœur. Mes armoiries placées sur le manteau de président à mortier de mon père détaché et négligemment jeté sur un banc de pierre, le mortier et la couronne renversés; une croix de bois et une couronne d’épines surmontant ces armes à la place des ornements auxquels je témoignais de renoncer en les foulant pour ainsi dire aux pieds. Voilà la véritable expression du secret de ma vocation.

Journal du 31 mars 1839, E.O. XX

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1 réponse à UNE CROIX EN BOIS ET UNE COURONNE D’ÉPINES SONT AU-DESSUS DE CE BLASON

  1. Denyse Mostert dit :

    Eugène restera toute sa vie un « fils de la haute société ». Il ne reniera pas ses origines mais son blason transformé va maintenant exprimer sa vocation. La croix et la couronne d’épines… l’une de va pas sans l’autre, nous avons tous à les expérimenter un jour.

    Dans notre quotidien, comme il est difficile de ne pas s’appuyer sur nos « blasons », sur nos relations lorsqu’il s’agit de nous mettre en valeur ! Comme il est difficile de laisser dans l’ombre des réalisations, très valables par ailleurs, pour accéder à une popularité tellement courue de nos jours ! Comme il est difficile de ne pas montrer que nous sommes des gens-au-courant alors qu’on vient nous annoncer un quelconque événement ! Comme il est difficile de pratiquer cette humilité évangélique qui consiste à ne pas rechercher la première place !

    Je me pose cependant une question : « Avons-nous vraiment à garder jalousement enfoui notre émerveillement devant l’œuvre de Dieu ? » Une lumière, nous dit Jésus, est faite pour éclairer. Et saint Eugène me rappelle que, sur mon « blason originel » transformé par l’action de Dieu et l’action des autres dans ma vie, j’ai à laisser transparaître l’« être nouveau » que je deviens chaque jour et son immense désir de partager à tous ce Bonheur de Dieu toujours offert qui vient donner sens à la Vie, celle d’ici et l’autre… qui en fait n’en font qu’une

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