LES MISSIONS PAROISSIALES: INVITER LES PRISONNIERS À LA CONVERSION

Avec une prédilection pour ceux que les structures de l’Église ne touchaient pas, les missionnaires atteignaient des groupes variés, ayant besoin d’une attention spéciale ou d’un message particulier.

Les prisonniers faisaient partie des groupes de personnes qui correspondaient à la catégorie des « plus abandonnés ». Des écrits provenant des missions d’Aix et de Nîmes relatent le ministère des missionnaires envers les prisonniers – ministère qu’ils accomplissaient en tant que coopérateurs du Christ Sauveur. Connaissant la préoccupation particulière du fondateur pour les prisonniers dans son propre apostolat, on peut aisément supposer que les missionnaires ont réalisé ce ministère au cours de nombreuses missions. Marius Suzanne l’a décrit pendant la mission d’Aix.

Ils n’ont pas craint de descendre dans des cachots obscurs, pour consoler des malheureux que la justice inflexible des hommes punit avec une rigoureuse mais indispensable sévérité, et à qui les joies saintes de la religion de Jésus-Christ sont presque inconnues. Les succès les plus consolants ont couronné leurs pénibles travaux : le lendemain de l’Ascension, quarante d’entr’eux ont eu le bonheur de s’approcher de la Table du Seigneur, plusieurs même pour la première fois. Un Ethiopien a reçu le Baptême, et une Calviniste, après avoir, abjuré les erreurs de sa secte, a été favorisée de la même grâce. Je ne sais ce que c’était, mais j’étais intérieurement satisfait de voir notre divin Sauveur, s’empresser de soulager les peines accablantes de ces infortunés, venir en quelque sorte s’associer à leurs misères, et donner à leur âme désolée, les douces consolations d’un amour tendre et compatissant.
Que je le fus bien davantage encore le soir du même jour, lorsque je vis ces malheureux s’approcher, avec respect, de l’Autel saint et lever une main tremblante, pour jurer à Dieu une fidélité inviolable, devant une nombreuse assemblée ! Un pauvre forçat qui traînait, avec peine, une chaîne pesante, excitait surtout ma compassion. Son visage abattu, les haillons dont il était couvert, les larmes qu’il versait en abondance, les maux qu’il avait à souffrir, le contraste frappant que me présentait la Religion, qui touche le cœur et qui pardonne, avec la loi qui punit et qui désespère

M. SUZANNE, «Quelques lettres sur la mission d’Aix», p. 41-43.

 

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1 réponse à LES MISSIONS PAROISSIALES: INVITER LES PRISONNIERS À LA CONVERSION

  1. Denyse Mostert dit :

    On le sait, le souci premier d’Eugène de Mazenod et de ses missionnaires c’est de « faire connaître et aimer Jésus Christ aux pauvres aux multiples visages».

    Au 19ième siècle les prisons regorgent de monde condamné pour les délits les plus divers avec en commun la même misère morale. C’est vers ces pauvres que les Missionnaires de Provence vont se tourner.

    Eugène le premier donne l’exemple. En 1814, il sera d’ailleurs atteint du typhus qui sévit parmi les prisonniers de guerre entassés dans les prisons d’Aix. Il ne s’en rétablira que grâce aux nombreuses prières qui ont monté pour lui vers le Ciel, écrira-t-il à ce sujet.

    Le ministère auprès des prisonniers va bien au-delà de simples visites aussi réconfortantes soient-elles. Il s’agit d’une présence efficace et fidèle jusqu’au bout. Rien de plus explicite à ce sujet que la Règle de 1825.

    Art. 1. On ne perdra jamais de vue qu’une des fins principales de l’Institut est de venir au secours des âmes les plus abandonnées. À ce titre, les pauvres prisonniers ont des droits bien acquis à la charité de la Société.
    Art. 2. On tâchera donc de pourvoir à leurs besoins, autant que le permettront les circonstances, en les visitant fréquemment et les instruisant de leurs devoirs religieux au moins le dimanche.
    Art. 3. On s’appliquera surtout à les amener, par les plus douces insinuations, à s’approcher fréquemment du sacrement de la pénitence et à recevoir de temps en temps la sainte Eucharistie61.
    Art. 4. On épuisera toutes les ressources que la charité chrétienne peut inspirer pour aider les condamnés à se bien préparer à la mort.
    Art. 5. On les accompagnera jusque sur l’échafaud d’où les missionnaires ne descendront qu’après avoir reçu le dernier soupir des patients qu’ils doivent défendre dans cette extrémité contre toutes les embûches du démon, les angoisses de la mort et le danger du désespoir.

    Dans les prisons de 2011, se vivent toujours des situations de misère extrême. Et, parce que la plupart des sentences sont méritées, bien peu sont ceux d’entre nous qui en arrivent à éprouver un sentiment quelconque de mansuétude envers ceux qui purgent leur peine derrière les barreaux.

    Nullement question d’édulcorer de manière aussi irréaliste que ridicule certains actes révoltants. Un brin d’esprit évangélique peut par ailleurs nous amener à considérer le pécheur avant le péché, l’homme souffrant avant celui qui a fait souffrir. Une saine réflexion peut aussi nous amener à nous demander ce qu’il en serait advenu de nous-mêmes si nous avions connu des conditions de vie similaires à celles de bien des détenus.

    Finalement, il nous reste à nous en remettre à Dieu de qui Jean écrit qu’il « sonde l’esprit et les reins ». (Ap. 2.23).

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