C’est-à-dire en montrant que l’on est pénétré de ce que l’on enseigne et qu’on a commencé à le pratiquer soi-même avant de l’apprendre aux autres
Règle de 1818, Chapitre troisième, §1
Le fait qu’Eugène prêchait à partir de sa propre expérience intime et de sa connaissance du Christ Sauveur devient évident selon la description que Marius Suzanne donnait de la prédication d’Eugène le Dimanche des Rameaux :
il s’exprima avec tant de force et d’éloquence y il mit dans la bouche du Sauveur , un discours si plein de douceur et d’aménité
M. SUZANNE, Quelques lettres sur la mission d’Aix, p. 11-12.
Des phrases bien tournées, une rhétorique policée aux accents pleins de force peuvent sans contredit rendre un discours attrayant.
Mais qu’en est-il de son impact à long terme, lorsque les mots se sont tus et dissipée l’émotion qui en a jailli ? Un moment agréable dont on se souvient et peut-être aussi quelques notions auxquelles il peut faire bon de revenir de temps à autre…
Ce n’est certes pas là le piètre résultat dont va se contenter Eugène de Mazenod. Comme tout ce qu’il entreprend, c’est à fond qu’il se donne à « faire connaître et aimer Jésus Christ ».
Profondément pénétré de sa forte expérience de l’amour divin, il se consacre désormais à annoncer aux abandonnés des campagnes qu’ils sont eux aussi invités à trouver en Jésus Christ sens et réalisation harmonieuse de leur vie.
C’est un appel à tous. Auquel on ne peut répondre qu’en « montrant que l’on est pénétré de ce que l’on enseigne et qu’on a commencé à le pratiquer soi-même avant de l’apprendre aux autres ».
Nous savons tous qu’il y existe un long chemin de la coupe aux lèvres. Et qu’avec saint Paul nous pouvons hélas affirmer ne pas toujours faire le bien que nous désirerions… Le tout n’est-il pas d’être toujours prêt à nous relever après chaque faux pas ? Confiants en notre Dieu qui nous redit à chaque jour : « Ma grâce te suffit ; ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse ». (2 Cor. 12.9)