La consécration épiscopale donnerait en effet à Eugène une relation bien particulière avec l’Église:
Non, que je ne sois jamais dominé par l’esprit particulier, esprit d’orgueil et d’opiniâtreté, toujours simple dans ma foi, toujours uni de doctrine, d’opinion même, et d’enseignement avec l’Église et son Chef visible le Vicaire de Jésus-Christ.
Ensuite, son cœur d’Oblat ressurgit: l’importance de toujours être proche de son ‘peuple’. Comme évêque à titre d’(“auxiliaire”), il n’aurait pas de diocèse, mais la charge importante de toujours se dévouer envers ceux qui lui avaient été confiés.
Pauvre peuple grossier et ignorant, chers enfants, objet de ma première sollicitude dans mon ministère sacerdotal, l’Église vous recommande à moi maintenant que je suis pontife. Ah!, vous ne serez point oubliés, vous serez toujours la portion la plus précieuse, je ne dis pas de mon troupeau, je n’en ai point en l’état, mais que ma sollicitude embrassera en tous lieux où l’on pourra m’appeler pour exercer mon ministère.
Journal de Retraite avant la consécration épiscopale, du 7 au 14 octobre 1832, EO XV n 166
« Pauvre peuple grossier et ignorant, chers enfants… » des mots que l’on retrouve dans le Journal de Retraite du 7 au 14 octobre 1832 d’Eugène de Mazenod.
Des mots qui m’ont fait sursauter. Il m’a fallu quelques minutes pour décanter ce qui découlait vraiment de ce langage à première vue déroutant. Comment se peut-il qu’un prêtre venant de vivre une longue introspection, qu’un futur évêque, fut-il « in partibus », puisse qualifier ainsi les pauvres qui sont au centre même de sa vocation ?
Que dire de la prière de celui qui vient de demander à Dieu d’être délivré de « l’esprit particulier, esprit d’orgueil et d’opiniâtreté » ? D’abord comprendre la manière de s’exprimer en ce 19ème siècle, de s’imprégner de toute la vie d’Eugène de Mazenod. On en conclura que le ministère du « prêtre des pauvres » y est toujours présent.
Voici qui peut inspirer une façon d’écouter dans un a priori bienveillant qui pourra livrer les intentions profondes de chacun. Il nous restera alors à porter tout cela devant Celui qui pourra nous inspirer la bonne réaction au bon moment.