1823 : Nomination comme principal Vicaire Général de son oncle, Mgr Fortuné de Mazenod. A cette place, il s’est attelé au travail difficile de restauration et de reconstruction d’un diocèse qui n’avait pas eu d’évêque résident depuis 21 ans. Pour Eugène, qui était un prédicateur dynamique et aimait être dans le domaine de l’évangélisation, devoir être un administrateur dans un bureau (et appliquer souvent une discipline stricte afin de corriger les abus) a entraîné pour lui de grandes souffrances et des sacrifices personnels. Il a fait cela par amour de l’Eglise.
Il faut que je reparaisse à mon poste. Ce sera, je l’espère, encore pour y faire mon devoir, pour tâcher par tous les efforts de mon zèle de redonner un peu de vie à un diocèse mort quoi qu’il eut quelque apparence de santé; de nouveaux cris s’élèveront sans doute, on ne réforme jamais sans froisser, sans blesser bien du monde! n’importe; n’ayons que Dieu en vue, l’honneur de son Eglise, le salut des âmes qui nous sont confiées; ne consultons que la Sagesse divine, méprisons la sagesse humaine et Dieu nous aidera. Mais il faut beaucoup de vertu pour sacrifier son repos à son devoir, pour affronter la haine et la persécution des hommes précisément pour faire du bien aux hommes. Cette vertu ne s’acquiert et ne se conserve que par l’union avec Dieu, que par la prière et l’oraison, etc., qu’en marchant toujours devant Dieu pour ne fixer que le ciel et ses récompenses qui ne sont autres que Dieu lui-même. Seigneur! faites-moi la grâce de me pénétrer de plus en plus de ces pensées!
Notes de retraite, mai 1824, E.O. XV n.156
« Dès le début de son ministère, Eugène refuse une responsabilité diocésaine de prestige afin d’aller aux pauvres, aux travailleurs, aux jeunes, aux malades et aux prisonniers d’Aix. » (*)
Et le voici, en 1823, Vicaire général du diocèse de Marseille ! Son but est demeuré le même : « réveiller la foi endormie dans le coeur d’un si grand nombre ». (*) Et la Société des Missionnaires de Provence ne pourra que bénéficier du nouveau champ d’action de son Fondateur.
Ce ne sont certes pas honneurs et vie faciles qui l’attendent dans ce diocèse qui va à vau-l’eau depuis une vingtaine d’année. Pas évident «de redonner un peu de vie à un diocèse mort quoi qu’il eut quelque apparence de santé » ! Le mal est bien ancré. Le nouveau Vicaire général sait qu’ « on ne réforme jamais sans froisser, sans blesser bien du monde » et combien il faut « de vertu pour sacrifier son repos à son devoir, pour affronter la haine et la persécution des hommes précisément pour faire du bien aux hommes ».
Combien doivent peser sur ce prêtre qui sait si bien parler aux pauvres, tant de tâches administratives, tant de cohérence à rétablir et tant d’abus à corriger ! Combien doit lui manquer l’esprit de famille de sa chère famille dont il se trouve maintenant éloigné !
En lieu et place du faste de la nomination, c’est le martyre quotidien qu’Eugène va vivre à Marseille. Et c’est dans « l’union avec Dieu, la prière et l’oraison » qu’il parviendra à « affronter la haine et la persécution des hommes précisément pour faire du bien aux hommes ».
Amour de l’Église aux multiples visages pourrait-on dire. Action missionnaire pour qu’elle retrouve le chemin perdu de l’Évangile. Une mission qui nous attend tous et chacun au début de chaque nouvelle journée ! Comme saint Eugène, tournons-nous vers le Seigneur pour en demander la force.
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