Le jeune homme avait à suivre une période d’essai (postulat) qui durait au minimum six mois. Pendant cette période, il était personnellement accompagné dans son développement humain et spirituel par d’autres jeunes hommes qui étaient spécifiquement désignés à cet effet, et appelés « zélateurs. »
Art 30. Les postulants sont sous la direction immédiate des zélateurs qui sont spécialement chargés de leur faire connaitre les usages de la Congrégation, qui sont même, par devoir, obligés de les reprendre charitablement de leurs défauts. Ils recevront tous les avis qui leur seront donnés par les zélateurs avec la plus grande docilité et la plus entière soumission en esprit d’humilité.
Statuts, Chapitre III –Conditions pour être admis à postuler dans la Congrégation.
Après une période de six mois à un an, le postulant pouvait appliquer pour être admis comme probationnaire. Il y avait alors une cérémonie spéciale et des prières pour marquer cette étape de l’engagement. Cette période durait six mois et visait à tester l’aptitude de la personne à joindre la Congrégation. Les zélateurs continuaient à être responsables de la formation de ces probationnaires.
« Créez dans votre organisation la sorte de climat selon lequel la croissance personnelle est attendue, reconnue et récompensée. » Auteur inconnu
«L’examen d’entrée » marque le début d’une longue période d’essai pour ceux qu’on appelle désormais des « postulants ». Va suivre l’intense travail personnel par lequel vont naître peu à peu les chrétiens souhaités par Eugène de Mazenod. Dans ce nouveau monde, ils vont découvrir Jésus Christ. Un monde où ils auront à apprendre l’indispensable charité à la base de toute vie chrétienne et du fonctionnement harmonieux d’un groupe.
Les Missionnaires de Provence ne sont tout de même pas bien nombreux à cette époque. On peut se demander comment ils arrivent à concilier Missions paroissiales, assistance aux prisonniers et Congrégation de la Jeunesse. Des écrits de la vie d’Eugène de Mazenod mentionnent la somme incroyable de travail accompli, les problèmes connexes qui s’y ajoutent et les fatigues physiques qui s’ensuivent.
Pour moi, la réponse première se trouve dans leur foi en Jésus Christ, dans leur persévérance mais aussi dans les qualités de ‘’chef d’entreprise’’ d’Eugène de Mazenod. N’est-il pas profitable en effet de savoir préparer des « zélateurs » à qui confier la formation des recrues ? Très engagés eux-mêmes dans leur propre travail personnel, on peut penser que ces mentors vont guider avec enthousiasme et compréhension ces petits nouveaux qui désirent se joindre à eux.
Prudence de l’article 30 des Statuts. Pour pallier d’éventuels accrochages, les zélateurs sont « obligés de reprendre charitablement [les jeunes] de leurs défauts. Pour leur part, les postulants « recevront tous les avis qui leur seront donnés par les zélateurs avec la plus grande docilité et la plus entière soumission en esprit d’humilité».
Voici un mode de fonctionnement souvent rencontré dans nos groupes où la relève se fait de plus en plus rare. Enthousiasme, compréhension et délicatesse y sont toujours impératifs. Et surtout, comme pour les Missionnaires de Provence, une grande confiance en Dieu. Parce qu’il n’exige rien qui soit au-dessus de nos forces.