En considérant le leadership potentiel chez ses Oblats, Eugène énonce les qualités de l’“être” se révélant dans le “faire”: la régularité, la disponibilité en vivant selon les Règles de vie, le détachement et la générosité.
Mais je m’irriterais volontiers quand je rencontre des sujets qui se rendent impropres aux divers emplois de confiance que je voudrais leur donner, soit par défaut de vertu soit en ne présentant pas une garantie suffisante d’une conduite sage. Tu as actuellement deux sujets qui seront disponibles pour satisfaire au besoin le plus pressant, mais où en sont-ils pour la régularité, vivent-ils de l’esprit de leur saint état? Sont-ils indifférents, sont-ils propres à tout? Je les avais envoyés au Laus pour qu’ils parvinssent plus facilement à devenir tels que doivent être tous les membres de notre Congrégation. Où en sommes-nous de mes espérances. Serait-il donc si difficile d’être à la hauteur de ses devoirs! Je m’attriste malgré moi quand je considère le peu de générosité de certaines âmes.
Adieu mon cher P. Mille, je te bénis ainsi que toute la communauté.
Lettre à Jean-Baptiste Mille, le 23 août 1836, EO VIII n 579
Lettre à Jean-Baptiste Mille, le 23 août 1836
« JE M’ATTRISTE MALGRE MOI QUAND JE CONSIDERE LE PEU DE GENEROSITE DE CERTAINES AMES. » Ce titre convient parfaitement pour ceux qui voient des gens à qui ils faisaient confiance, ne pas répondre à des demandes par ailleurs promises. Il est difficile en effet de faire face à cette situation. Outre le devoir de trouver d’autres personnes dans le cas présent, il faut jongler avec une confiance en laquelle nous comptions vraiment. Plus douloureux encore ce sentiment d’abandon que nous pouvons ressentir. Il est possible de se demander quel motif plus puissant appelle qui vaille vraiment la peine de ne pas satisfaire à la parole donnée? Eugène y va ensuite d’une réaction qui fait mal : « Serait-il donc si difficile d’être à la hauteur de ses devoirs ! » la souffrance ressentie n’ayant d’égale que « la hauteur de des devoirs de Supérieur d’Eugène.
Nous sommes tous vulnérables à la parole reçue. Que quelqu’un en vienne à se désister, c’est comme si notre vie intérieure s’effritait à son tour. C’est le moment de demeurer fermes dans nos prières et notre existence. Le Dieu qui a souffert pour chacun de nous montrera « sa tendresse pour toutes ses œuvres… » (Psaume 144)