UNE ANNÉE D’ANGOISSE POUR LE FONDATEUR

Yvon Beaudoin continue le récit.
Mgr de Mazenod se désiste alors et se montre le moins possible en public. Il préside quand même quelques cérémonies religieuses à Marseille et fait quelques visites pastorales dans le diocèse d’Avignon. C’est encore trop. On fait tout savoir à Paris et le Gouvernement prend les mesures nécessaires pour le forcer de s’expatrier en le radiant, comme étranger, de la liste des électeurs. L’Évêque d’Icosie connaît cette mesure au début du mois de septembre 1834 et, sans tarder, il interjette de nouveau appel contre cette décision; il met également les Evêques de France au courant de la persécution qu’on lui fait. Il écrit enfin à Rome pour expliquer le motif de la reprise de son procès malgré les conseils reçus. Mgr Capaccini lui répond aussitôt, au nom du Pape, de se désister de nouveau. La lettre du Prélat renferme même quelques expressions qui laissent croire que le Pape est mécontent.
Yvon Beaudoin EO 8 pages XXV-XXVI

Eugène écrit au pape par l’intermédiaire du cardinal Secrétaire d’État:

Cependant puisque Sa Sainteté ne veut pas que je fasse usage des déclarations favorables des Evêques, j’y renoncerai. Il y a plus: la peine avec laquelle le Saint-Père voit la continuation du procès qui m’a été intenté et le désir que j’ai de m’abstenir de tout ce qui pourrait lui déplaire, me déterminent à me désister de mon appel, il en adviendra ce que Dieu voudra; tous les Jurisconsultes que j’avais consultés me garantissaient un heureux succès; par mon désistement, je me soumets au jugement inique rendu contre moi et aux suites funestes qu’il peut avoir, mais ni les avantages qu’on me promettait, ni les inconvénients que j’ai à craindre ne sauraient me faire hésiter quand il y va de la volonté ou même d’un simple désir du Chef de l’Eglise. Je vais annoncer incessamment mon désistement au Ministre Français qui, dès lors, ne pourra plus avoir de prétextes pour éluder les réclamations de Votre Cour. Il ne me reste plus qu’à me confier à la bienveillance du Saint-Père entre les mains de qui je mets uniquement et mon intérêt et mon honneur.

Lettre au Cardinal Thomas Bernetti, Secrétaire d’Etat, 19 novembre 1834, EO XV n 174

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1 réponse à UNE ANNÉE D’ANGOISSE POUR LE FONDATEUR

  1. Denyse Mostert dit :

    1834 , une année noire pour Eugène de Mazenod. Les coups du gouvernement français se multiplient… Pour le forcer à s’expatrier, on le radie comme étranger de la liste des électeurs. Mgr d’Icosie interjette appel. Il met les Évêques de France au courant de la manière dont il est traité et, contre tous les conseils reçus, en fait autant pour le Saint Siège… ce qui ne fera que de rendre plus difficile sa situation.

    Le 19 novembre 1834, il écrira au pape par l’intermédiaire du cardinal Secrétaire d’État Thomas Bernetti une lettre touchante à laquelle il semble difficile de ne pas réagir. « Cependant puisque Sa Sainteté ne veut pas que je fasse usage des déclarations favorables des Évêques, j’y renoncerai » écrit-il en ajoutant que seule la peine du Saint Père devant ce procès le décide à renoncer à son recours en grâce. Et, comme pour signifier au Pape, la source de cette force qui l’habite, il ajoute : « il en adviendra ce que Dieu voudra. » Il ne résistera pas non plus à mentionner l’avis favorable des jurisconsultes qui lui promettaient la victoire. Seule la volonté de Dieu transmise par le pape comptera pour lui.

    Voici un homme qui, tout en se confiant à la bienveillance papale, n’en reste pas moins convaincu de ses propres intérêt et honneur. Un chrétien qui décide une fois pour toutes d’honorer et la volonté de Dieu et celle de son Église.

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