J’AURAIS L’AIR D’AVOIR ETE MIS EN PENITENCE PAR LE PAPE

En réfléchissant à cette période de conflit vécue par Eugène, souvenons-nous de la souffrance personnelle qu’il a endurée. Persécuté par le gouvernement, transféré en tant que vicaire général chez son oncle l’évêque Fortuné à Marseille, et ne bénéficiant d’aucun soutien de la part du pape, qui se trouvait dans une situation délicate en essayant de maintenir un semblant de bons rapports avec le gouvernement dans l’intérêt de l’Église de France.

Le gouvernement français avait créé une situation dans laquelle il tentait de faire pression sur le pape pour qu’il agisse contre Eugène, qu’il souhaitait chasser de France. Le message d’Eugène au pape fut le suivant:

Mais cela ne va pas jusqu’à consentir à quitter la France, il ne me serait plus aussi facile d’y rentrer que la dernière fois. C’est aussi trop violent que de se condamner, pour la satisfaction d’un gouvernement, à un exil perpétuel.

Si Eugène ne quittait pas la France, les autorités pressaient le pape de le chasser au moins de Marseille. Réponse d’Eugène:

Je ne suis pas non plus déterminé à aller rester hors de Marseille… vraiment on ne comprendrait pas pourquoi j’irais habiter une autre ville; cela produirait le plus mauvais effet: j’aurais l’air d’avoir été mis en pénitence par le Pape, tandis que je serais persécuté par le gouvernement, qui ne paraîtrait pas y toucher, et qui se servirait du Souverain Pontife pour me punir de n’être pas à son gré.

Le cœur du problème était celui-ci:

La vérité est que je ne suis point hostile au gouvernement; je ne fais rien contre lui, quoiqu’il soit bien vrai que je ne suis pas plein d’enthousiasme pour lui. C’est parce que je ne me mêle de rien en politique et que je suis inattaquable ici qu’il fait intervenir le Souverain Pontife. J’espère que cette odieuse tactique ne lui réussira pas et que je resterai à mon poste.

Lettre au Baron D Papassian à Rome, 14 mai 1834, EO XV n 173

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1 réponse à J’AURAIS L’AIR D’AVOIR ETE MIS EN PENITENCE PAR LE PAPE

  1. Denyse Mostert dit :

    Le but du gouvernement français est clair. Faire pression sur le Pape pour en fin de compte, chasser Eugène de Mazenod de France. Celui-ci se retrouve donc chez Mgr Fortuné de Mazenod tandis qu’à Rome le Pape se voit dans l’obligation de conserver un semblant de bons rapports avec le gouvernement ceci dans l’intérêt de l’Église de France.

    Dans une Lettre au Baron D Papassian à Rome, 14 mai 1834, Eugène exprime un inconfort bien compréhensible. On le serait à moins : « … cela ne va pas jusqu’à consentir à quitter la France, il ne me serait plus aussi facile d’y rentrer que la dernière fois…. C’est aussi trop violent que de se condamner, pour la satisfaction d’un gouvernement, à un exil perpétuel. » Nullement question non plus de s’en aller « vivre dans une autre ville que Marseille » ce qui pourrait se comprendre comme une pénitence infligée par le Souverain Pontife.

    Franchement elle est difficile la situation de l’accusé qui redit une fois de plus n’être ni hostile au gouvernement… ni enthousiaste à son sujet ! Voilà bien la raison pour laquelle le Gouvernement a décidé de faire intervenir le pape. La fin de la missive d’Eugène est claire : « J’espère que cette odieuse tactique ne lui réussira pas et que je resterai à mon poste. »

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