Comme le rendez-vous d’Eugène n’avait pas pour but de lui offrir une charge diocésaine, il recevait donc un diocèse nominal (qui n’existait plus) – Icosie. Voici les explications qu’il envoie au Père Tempier :
Si vous vous intéressez à Icosie, mettez-la dans vos diptyques; elle se trouve en Afrique, comme je vous ai dit; la mission de notre ami est pour Tripoli, plus Tunis. La délicatesse du Gouvernement français a sans doute été cause qu’on n’y a pas joint Alger.
Lettre à Henri Tempier, le 1er octobre 1832, EO VIII n 435
Si vous saviez ce qu’est Icosie, votre cœur tressaillerait. Son origine remonte aux temps fabuleux; on la prétend bâtie par vingt compagnons d’Hercule qui se fixèrent en ce lieu lors de la fameuse excursion jusqu’aux termes nec plus ultra, c’est-à-dire, du détroit. Son nom grec veut dire: vingt. Ce qui est plus certain, c’est qu’elle était ville épiscopale dans les beaux jours de l’Église d’Afrique et que Laurentius, son évêque, assista au concile de Carthage tenu l’an 419, en qualité de légat de la Mauritanie césarienne, sa province: Laurentius Icositanus, Legatus Mauritaniae Cesariensis, ce qui fixe à peu près le lieu de son existence, et écoutez bien, le père Hardouin prétend que c’est présentement Alger. Et moi je n’en doute pas plus que lui et vous serez sans doute de mon avis. Je ne manquerai pas d’en faire l’observation au Saint-Père, le jour que j’irai recevoir sa bénédiction.
Lettre à Henri Tempier, le 10 octobre 1832, EO VIII n 436
On se souvient : « Dans sa lettre, après avoir exposé la situation critique de l’Église en France et manifesté son désir d’assurer le bien spirituel des fidèles, [Mgr Fortuné de Mazenod] demandait, se sentant proche de la mort, non un coadjuteur, ce que le gouvernement n’aurait pas accepté, mais un auxiliaire, évêque in partibus, et proposait le père de Mazenod pour cette charge. Dans sa lettre, après avoir exposé la situation critique de l’Église en France et manifesté son désir d’assurer le bien spirituel des fidèles, il demandait, se sentant proche de la mort, non un coadjuteur, ce que le gouvernement n’aurait pas accepté, mais un auxiliaire, évêque in partibus, et proposait le père de Mazenod pour cette charge…Le père de Mazenod devenait donc évêque in partibus d’Icosie (aujourd’hui Alger, en Afrique du Nord), visiteur apostolique de Tunis et de Tripoli, tout en restant vicaire général de Marseille. » (*)
Quelle est donc cette étrange Icosie dont Eugène est nommé « évêque in partibus »? J’ apprécie la riche description historique qu’il en fait.…«Elle se trouve en Afrique, écrit-il, comme je vous ai dit; la mission de notre ami est pour Tripoli, plus Tunis… » Il semble éprouver du plaisir dans une riche description d’Icosie à ses débuts : « Son origine, écrit-il encore, remonte aux temps fabuleux; on la prétend bâtie par vingt compagnons d’Hercule qui se fixèrent en ce lieu lors de la fameuse excursion jusqu’aux termes nec plus ultra, c’est-à-dire, du détroit. Son nom grec veut dire: vingt… » Et les explications se poursuivent allègrement. « Le père Hardouin prétend que c’est présentement Alger… Et moi je n’en doute pas plus que lui et vous serez sans doute de mon avis. » Un beau sujet à soumettre au Saint Père lors de la rencontre aux fins de bénédiction et une attitude à imiter.
J’aime beaucoup ce prêtre qui, loin d’une soumission aveugle, sait partager le fruit de ses recherches au successeur de Pierre à qui il a fait serment d’allégeance.
(*)https://www.omiworld.org/fr/lemma/icosie-eveque-d-fr/
Aujourd’hui Saint Eugène de Mazenod repose dans la Cathédrale de Marseille. Je regrette que ni à l’extérieur, ni à l’intérieur de la Cathédrale (qu’il fit bâtir) ; aucun élément d’information indique que la tombe Saint Eugène de Mazenod (canonisé par Jean Paul II en 1995) se trouve dans la Cathédrale. Les visiteurs qui viennent se recueillir ignore la présence du Saint dans la maison de Dieu.