IL NE FAUT PAS SE DISSIMULER QUE LA PERSECUTION COMMENCE

Ayant quitté la Suisse, Eugène se trouve maintenant à Nice avec son oncle, l’évêque Fortuné. Il est en mesure d’évaluer la tension et les dangers exercés contre l’Eglise par le nouveau gouvernement.

Les autorités civiles profitaient de toute occasion pour créer des difficultés pour le diocèse de Marseille. P. Tempier, qui assurait la base arrière en tant que vicaire général, avait écrit à un journal à propos de la dispute qui avait suivi un incident provoqué par de jeunes personnes durant un office à l’église Saint-Théodore.

J’aurais voulu que l’on eût retranché quelques expressions dans vos lettres et surtout que vous n’eussiez pas eu l’idée de déposer votre réclamation dans un journal… je crois que dans les circonstances il faut être fort mais mesuré dans les termes

A Paris, le ministre des Cultes Mr Mérilhou avait publié une lettre demandant de ne faire des réunions dans les églises que les dimanches et les quatre fêtes chômées conservées par le Concordat de 1801.

C’est ce ton mesuré, mais ferme, que je vous conseille de prendre dans la réponse que vous ferez à l’inconcevable et vraiment ridicule lettre de Monsieur Mérilhou . Je crois qu’il faut garder les gros mots pour la dernière extrémité. J’avoue néanmoins qu’il y a de quoi perdre patience… Un petit mot sur la liberté pourrait être placé à propos. Il ne faut pas se dissimuler que la persécution commence. Écrivez-nous tout de suite après Noël; je redoute quelque scandale pour cette sainte nuit et on ne demanderait pas mieux que de vous en rendre responsable.

Lettre à Henri Tempier, 24 décembre 1830, EO VII n 375

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1 réponse à IL NE FAUT PAS SE DISSIMULER QUE LA PERSECUTION COMMENCE

  1. Denyse Mostert dit :

    Décembre 1830. Le réquisitoire d’Eugène n’aura pas réussi à convaincre les autorités de permettre l’installation des Oblats en Sardaigne.

    Sa santé rétablie, il rejoint Mgr Fortuné de Mazenod à Nice où il reprend ses fonctions de Vicaire général. De Marseille, Henri Tempier a cru bon de signaler à la presse un incident au cours d’un office. Ni le fond, ni la forme n’ont l’heur de plaire au fondateur. Il appelle à la prudence. Recommandation semblable pour une lettre au ministre des Cultes qui demande de limiter les réunions dans les églises aux dimanches et aux quatre fêtes chômées.

    C’est un lieu commun de dire que chacun possède sa façon de présenter les choses. Tenant compte de sa vivacité méridionale, on peut envisager qu’il a été difficile pour Eugène de tempérer certaines interventions.

    Je peux mettre le doigt sur quelques maladresses de certaines de mes réclamations. Pour en arriver à la conclusion que la courtoise n’empêche nullement de discuter
    « des vraies affaires ». Qu’elle peut même favoriser des dénouements équitables que la colère aurait pu empêcher de voir.

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