Neuf ans plus tard, à l’anniversaire de la mort de sa nièce Nathalie, Eugène réfléchit sur cet événement dans son journal :
Douloureux anniversaire! Angélique Nathalie, si je me suis occupé de toi pendant le sacrifice, ce n’a été que pour rendre grâce à Dieu de toutes les vertus dont il avait orné ta belle âme, et de la gloire qu’il t’a départie. Je te contemplais dans le ciel où tu règnes depuis que ton créateur t’y appela pour te soustraire à la malice et à la corruption du monde où tu ne parus un instant que pour te faire regretter de tous ceux qui te connurent; mais nous qui t’aimions si tendrement, nous qui nous promettions des années de bonheur dans les doux épanchements de notre commune affection, comment nous consoler de ta perte! Le sentiment en est aussi vif, aussi amer que le jour de déchirante mémoire où tu nous fus enlevée. La foi, la foi seule avec l’espérance de te retrouver dans le sein de Dieu peuvent adoucir notre peine.
Journal, le 14 novembre 1838, EO XIX
Neuf années se sont écoulées depuis le décès de Nathalie, la nièce qu’Eugène aimait tant. Qu’en est-il de cette douleur après le passage du temps ? Le 14 novembre 1838, il écrit dans son Journal : « …nous qui t’aimions si tendrement, nous qui nous promettions des années de bonheur dans les doux épanchements de notre commune affection, comment nous consoler de ta perte! « .
Toujours bien présents les souvenirs ! Mais la douleur a pris un registre différent. Et les prières ont maintenant couleur d’espérance. «La foi, la foi seule avec l’espérance de te retrouver dans le sein de Dieu peuvent adoucir notre peine », note encore le fondateur.
Il est de ces réalités qui se passent de grandes phrases. Un seul mot suffit à les exprimer : la foi. Comment d’ailleurs, après l’intuition remarquable devant le Christ en croix du Vendredi Saint 1807, Eugène de Mazenod pourrait-il douter ?
J’en reviens à cette expérience que je vis moi-même depuis le décès de Pierre. Il est à la fois ici et ailleurs. C’est dans les moments de prière silencieuse que je puis le rejoindre. Il est en Dieu, celui qui nous attend tous. Certitude qui vient à mon aide dans les moments de tristesse qui m’assaillent encore quelquefois.