JE NE ME SENS PAS LA FORCE PHYSIQUE DE FAIRE FACE

Dans des situations qui semblent sans espoir, vers qui je me tourne ?

Moins de trois mois après la mort de Marius Suzanne, Hippolyte Courtès tombait gravement malade. Le p. Rey écrit: Le p. Courtès tomba malade le 10 avril. Le p. Rey écrit: «Ce fut pour le cœur encore meurtri du p. de Mazenod un vrai coup de foudre. Il aimait le p. Courtès à l’égal du p. Suzanne. C’était, comme lui, un de ses premiers enfants, un de ceux qui l’avaient le mieux compris et s’étaient plus entièrement pénétrés de son esprit et de ses sentiments. D’ailleurs, le p. Courtès par ses talents, sa rare prudence, son aptitude aux affaires, son esprit religieux, son dévouement à toute épreuve, était devenu l’homme nécessaire, celui sur lequel, après Dieu, le Fondateur se reposait pour l’avenir de son œuvre…»  (note  de bas de page d’EO VII 328).

Eugène, affaibli par ces coups, confie son combat pour continuer à tenir.

Je déchire la lettre que je vous écrivais, mon cher Tempier, elle exprimait trop vivement l’état d’angoisses, le déchirement intérieur que me cause la situation de notre cher p. Courtès, et vous auriez été trop peiné vous-même en me voyant tel que je suis. Je n’ai réellement pas la force de vous écrire pour vous dire qu’il ne me reste presque plus d’espoir. (Dr.) D’Astros vient de me dire de le faire administrer, parce qu’il ne répond de rien, si un accident comme celui qui est arrivé cette nuit se réitère. Eh bien, où trouver la force après cela? Pour moi, tout en ne manifestant rien au dehors, je n’ai pas la puissance de dire un mot. La contrainte que je suis obligé de me faire me met dans un état qui ressemble à une agonie. Je ne sais si c’est épuisement ou abattement, ou quoi encore, je ne me sens pas la force physique de faire de nouveau ce que j’ai fait pour cette autre prunelle de mes yeux, qui m’a été enlevée comme je suis menacé de perdre celle-ci…
Et notre Société, comment se relèverait-elle de ces deux coups de massue? Tout m’accable dans cette perte, je ne m’en relèverai jamais.
…  Je me contenterai d’offrir le saint Sacrifice pour que le bon Dieu ait pitié de moi, et qu’il ne prive pas notre Société d’une de ses pierres fondamentales…

Lettre à Henri Tempier, 10 mai 1829, EO VII n 328

Quand tout paraît si désespérant, Eugène s’en remet à Dieu. Quand je fais face à des situations apparemment sans espoir, vers qui je me tourne ?

 

Mais il m’a déclaré : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » C’est donc très volontiers que je mettrai plutôt ma fierté dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ fasse en moi sa demeure. C’est pourquoi j’accepte de grand cœur pour le Christ les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. Car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort.    2 Corinthiens 9-10

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1 réponse à JE NE ME SENS PAS LA FORCE PHYSIQUE DE FAIRE FACE

  1. Denyse Mostert dit :

    Il y a des époques où le malheur semble ne jamais devoir lâcher. Eugène de Mazenod en sait quelque chose. Il en est encore à pleurer la mort de Marius Suzanne qu’une nouvelle angoisse s’abat sur lui. Un autre des « ses fils de prédilection » le P. Hippolyte Courtès, est malade.

    « C’était, comme [le P. Suzanne], écrit le biographe Rey, un de ses premiers enfants, un de ceux qui l’avaient le mieux compris et s’étaient plus entièrement pénétrés de son esprit et de ses sentiments. D’ailleurs, le p. Courtès par ses talents, sa rare prudence, son aptitude aux affaires, son esprit religieux, son dévouement à toute épreuve, était devenu l’homme nécessaire, celui sur lequel, après Dieu, le Fondateur se reposait pour l’avenir de son œuvre…»

    Eugène n’en peut plus ! À Henri Tempier, l’ami de toute une vie, il confie : « Je ne sais si c’est épuisement ou abattement, ou quoi encore, je ne me sens pas la force physique de faire de nouveau ce que j’ai fait pour cette autre prunelle de mes yeux [Marius Suzanne], qui m’a été enlevée comme je suis menacé de perdre celle-ci… » D’instinct, il se tourne vers le Seigneur. « … Je me contenterai d’offrir le saint Sacrifice pour que le bon Dieu ait pitié de moi, et qu’il ne prive pas notre Société d’une de ses pierres fondamentales… »

    Des situations sans espoir, j’en ai connu plusieurs dont la plus récente et la plus difficile fut le décès mon mari. Toujours bien vivants en moi, des moments vécus ensemble dans les derniers jours de sa vie… Comme ces visites au cours desquelles il me racontait son enfance, son adolescence… que je mettais sur ordi le soir même pour les relire ensemble le lendemain. La mort a arrêté ces rétrospectives mais je connaissais la suite des cinquante et quelques années de notre vie à deux. !

    La perle de mes souvenirs demeure ce moment intense où, alors que Pierre venait d’être victime d’un accident cardiaque nous avons prié ensemble Pater, Ave et Gloria priés. Main dans la main et larmes aux yeux… Peu de temps après, pendant son sommeil, Pierre s’en allait vers la vie.

    Déchirement terrible pour moi mais certitude que tout ne s’arrêtait pas là. Et bien sûr par après des retours sur ma douleur, des pleurs et des grincements de dents… Un chemin abrupt que Dieu, mes fils et des amis fidèles m’ont aidée à parcourir.

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