Membres de l’Église prophétique…
Ils accomplissent cette mission prophétique dans la communion ecclésiale, en conformité avec les dispositions de la hiérarchie et sous la dépendance des supérieurs.
CC&RR, Constitution 9
Les voix prophétiques ne doivent être étouffées dans aucun ministère. Lorsqu’elles s’élèvent, elles seront entendues, soumises au discernement et encouragées.
CC&RR, Rule 9b
Le P. Jetté commente cette Règle en ces mots :
« Le travail pour la promotion de la justice est difficile et délicat. Il touche publique ment personnes et institutions. Il ne va pas sans risque et demande à la fois prudence et courage.
On est sévère pour les “prophètes”. C’est peut-être une sauvegarde, mais c’est aussi une croix. Nous devons la porter vaillamment, mais en gardant toujours à l’esprit ces deux principes, que mention nait autrefois l’abbé Michonneau:
– plus le poste qu’on occupe est un “poste avancé”, plus il est nécessaire de l’avoir reçu de l’autorité; ce n’est pas à chacun de choisir sa part dans l’Église, et moins que jamais quand on risque de la compromettre;
– plus le missionnaire est en position “avancée”, plus il est nécessaire qu’il se maintienne en liaison avec le centre de l’Église, avec une communauté, avec son Évêque.
Ainsi lié à l’Église, par son mandat et par sa fidélité, le missionnaire sera certain de faire l’oeuvre de Dieu et il travaillera utilement à son règne (Abbé Michonneau et R.P. Chéry, O.P., L’esprit missionnaire, Paris, éd . du Cerf, 1950, p. 96).
C’est dans cet esprit que fut ajoutée la dernière phrase de l’article 9″
P. Jetté, L’Homme Apostolique, p. 103 – 104
Malheureusement, plusieurs magnifiques projets missionnaires individuels et projets prophétiques n’ont jamais survécu à la mort des fondateurs qui ont travaillé seuls. La communauté et l’obéissance sont donc nos garanties de soutien et de succès.
L’appel et la présence du Seigneur au milieu des Oblats aujourd’hui les unissent dans la charité et l’obéissance pour leur faire revivre l’unité des Apôtres avec lui, ainsi que leur mission commune dans son Esprit.
CC&RR, Constitution 3
Unis par l’obéissance et la charité, tous, prêtres et Frères, restent solidaires les uns des autres dans leur vie et leur action missionnaires
CC&RR, Constitution 38
“Le travail pour la promotion de la justice est difficile et délicat», a écrit le P. Fernand Jetté, o.m.i. Difficile car tant d’idées neuves à faire approuver ! Délicat parce qu’il touche directement personnes et institutions ! Que de barrières à franchir avant que « les voix prophétiques » captent l’attention, prennent le pas sur des traditions bien ancrées et s’aventurent vers un terrain où l’échec est loin d’être garanti !
D’autant plus que le tout doit se faire « en conformité avec les dispositions de la hiérarchie et sous la dépendance des supérieurs. » (Const. 9) Car ici entrent en scène le prophète envers lequel « on est sévère », dit encore le P. Jetté, et l’autorité ecclésiale qui va approuver ou rejeter l’initiative. Le « promoteur » va peut-être devoir envisager une difficile obéissance, accepter de voir certains de ses rêves brisés et peut-être lutter contre une sentiment de rancœur paralysant. Tout aussi difficile le rôle du décideur en haut lieu ! « Plus le missionnaire est en position “avancée”, plus il est nécessaire qu’il se maintienne en liaison avec le centre de l’Église, avec une communauté, avec son Évêque » tout en pesant courageusement le pour et le contre d’une attitude nouvelle. Pour l’un comme pour l’autre, le même schéma. La charité, cet amour de Dieu qui fera prendre la décision la plus adéquate et l’obéissance qui assurera à chacun d’eux la paix de celui qui accomplit « l’œuvre de Dieu ».
Je ne vois dans cette prudente ligne de conduite aucun frein systématique à tout changement, mais une attitude intelligente où chacun doit donner le meilleur de lui-même. Ne pas oublier que de magnifiques projets missionnaires individuels et projets prophétiques n’ont pas survécu à la mort de fondateurs qui ont travaillé seuls.
Et voici que se dessine une autre difficulté : le projet étant devenu action concrète, trouvera-t-on la personne généreuse capable de porter à son tour le flambeau ? La solution se trouve sans contredit dans le travail en équipe, dans la formation de sujets susceptibles d’assurer la relève quand viendra le temps.
La solution se trouve aussi et surtout dans la confiance. Aller de l’avant dans la charité du Christ qui unit… Dieu fera le reste. Des mots de Paul me viennent tout subitement à l’esprit : « …et il m’a dit: ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. » (2 Corinthiens)
CORRECTION PARAGRAPHE 1 :
un terrain où LE SUCCÈS est loin d’être garanti !