LE DÉNIGREMENT DU BON EXEMPLE

Continuant de réfléchir aux nouvelles qu’il reçoit à Rome au sujet de la prédication à Aix, Eugène répond à l’indifférence et aux critiques de certains participants dans les missions.

Je n’ai pas compris ce qu’a voulu me dire le p. Courtès par les humiliations dont il me parle; je présume que c’est le dédain de ceux pour qui l’on va se sacrifier.

Il réassure les oblats que cela ne doit pas les arrêter. Tant que leur but principal dans le ministère est le bien-être des gens, ils ne doivent pas se laisser débalancer par ceux qui sont négatifs.

C’est un très petit malheur. Tout ce que je désire, c’est qu’on prêche d’une manière profitable, mettant de côté tout amour-propre. On ne fera pas grand fruit sans cela.
La seule clé pour avoir une attitude positive dans le ministère, consiste à prendre conscience que c’est la qualité de vie du prédicateur, et non ses paroles, qui change le peuple.
J’espère que nos Pères se seront bien dit aussi d’agir avec beaucoup de prudence, ayant affaire à des hommes si mal disposés. Recommandez-leur de se conduire en saints, en vrais apôtres, joignant à la prédication la modestie extérieure, une grande charité pour les pécheurs.
Que l’on puisse juger à leur manière qu’ils ne sont pas des prédicateurs ordinaires, qu’ils sont vraiment animés d’un zèle qui est propre à leur sainte vocation. Qu’ils ne s’oublient pas eux-mêmes, s’ils veulent être vraiment utiles aux autres.
Qu’ils prient par conséquent beaucoup. Le bon Dieu viendra alors à leur secours et tout ira bien.

Lettre à Henri Tempier, le 30 Mars 1826, EO VII n 233

 

“Peu de choses sont plus dures à supporter que le dénigrement d’un bon exemple.”   Mark Twain

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1 réponse à LE DÉNIGREMENT DU BON EXEMPLE

  1. Denyse Mostert dit :

    Rome, Lettre à Henri Tempier, le 30 Mars 1826¸

    À Aix, la mission bat son plein. Vraisemblablement, les choses ne se vont pas à la satisfaction de tous. Les langues vont bon train et les Oblats deviennent l’objet de propos malveillants. Les plaintes du P. Hippolyte Courtès sont arrivées jusqu’à Rome.

    Le dénigrement fait voir rouge à bien des gens. Chez beaucoup il commence par induire une rage pouvant pousser à la réplique acerbe et immédiate. Si ces termes semblent inappropriés chez Eugène de Mazenod, on peut tout de même penser que les plaintes du P. Courtès l’ont touché énormément. Dieu sait combien fervente a dû être sa prière et fort le secours du ciel qui le conduisent à apaiser les esprits justement outrés par les propos injustes qui circulent à leur sujet.

    « Je n’ai pas compris ce qu’a voulu me dire le p. Courtès par les humiliations dont il me parle; je présume que c’est le dédain de ceux pour qui l’on va se sacrifier », écrit Eugène de Mazenod à Henri Tempier. Et il va jusqu’à relativiser l’affaire : « c’est un très petit malheur », écrit-il.

    Le Fondateur n’en prend pas pour autant la situation à la légère. Aux missionnaires « ayant affaire à des hommes si mal disposés », il recommande la prudence, de se « conduire en saints, en vrais apôtres, joignant à la prédication la modestie extérieure, une grande charité pour les pécheurs » et de ne pas « s’oublier eux-mêmes, s’ils veulent être vraiment utiles aux autres. » Vertu et bon sens font partie de ce discours.

    Bien sincèrement, on ne peut que cautionner ce raisonnement. Une telle attitude, devenue ainsi témoignage de foi, n’est-elle pas susceptible d’apaiser bien des vindictes ?

    En tout cas, je me propose d’y penser si l’envie me prend un jour ou l’autre de ‘monter sur mes grands chevaux’.

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