Eugène réfléchit sur l’importance de maintenir sa sérénité intérieure en Dieu.
Grande maxime. Faire toujours tout ce qui dépendra de moi pour réussir dans les entreprises que je crois bonnes, mais quand je n’aurai rien à me reprocher, quand j’aurai employé et Dieu et les hommes, quand je me serai servi de tous les moyens que la foi et mon esprit et ma position me fournissent, si le succès ne répond pas à mes vues, rentrer au plus tôt dans mon intérieur et ne pas perdre une once de cette paix précieuse qui est le plus grand des biens.
Saint Ignace disait qu’un quart d’heure d’oraison lui suffisait pour se consoler de la destruction même de sa Société.
Notes de retraite, décembre 1814, E.O. XV n.130
Persévérance…
En lisant cet extrait de notes de retraite de décembre 1814, me revient ce « catéchisme de persévérance » auxquels les jeunes de mon époque étaient tenus pendant les deux ans suivant la « communion solennelle » faite à 12 ans.
Dans le « Dictionnaire des Valeurs Oblates », on peut lire : « Le vœu de persévérance est un vœu public par lequel l’Oblat s’engage à prendre part à l’évolution de la communauté et de la mission. »
Qui mieux qu’Eugène de Mazenod est habilité pour introduire un quatrième vœu dans sa Congrégation, non seulement de par sa fonction de Supérieur général mais aussi – et surtout – pour l’avoir pratiquée lui-même de façon non équivoque ?
Opiniâtreté et innovation sont en effet des facteurs bien présents dans sa vie. Il suffit pour s’en convaincre de se référer à la manière dont il compte suivre la « grande maxime » qu’il vient de se donner au cours de sa retraite de décembre.
« …Quand je me serai servi de tous les moyens que la foi et mon esprit et ma position me fournissent » écrit-il… « ce sera le temps de « rentrer au plus tôt dans mon intérieur… »
…Et lâcher-prise.
Oui, c’est alors le temps de ce lâcher-prise auquel il est parfois si difficile de se résoudre. Comme à un saint Ignace, suffisait-il à Eugène d’un « quart d’heure d’oraison » pour « se consoler » de ce qui ne marchait pas toujours selon ses désirs ? Ce dont on ne peut douter c’est qu’il retrouvait « cette paix précieuse qui est le plus grand des biens » puisqu’il a continué, parfois à travers bien des obstacles, à travailler à ce Règne de Dieu qui lui est si cher.
Et nous, comment vivons-nous ces contrariétés auquel nul ne peut échapper ? Pour ma part, ce n’est jamais de gaieté de cœur. En général, ce n’est qu’après avoir pris une certaine distance face à l’événement qu’il me devient possible de souhaiter en toute sincérité que soit faite « la volonté de Dieu ».