En relisant l’année, Eugène prend conscience qu’il avait trop placé sa confiance dans ses propres efforts, et pas assez en Dieu.
Il faut à l’avenir que je me confie plus encore en la vertu de la prière, qu’à l’activité que je tâche de mettre pour faire réussir les œuvres qui me sont confiées ou que le bon Dieu m’inspire de faire.
Ce serait folie que de ne se donner aucun mouvement, je pense même en considérant comment ont agi les Saints, qu’il faut s’en donner beaucoup, mais il serait moins sage encore de ne pas faire son principal capital de la prière, de l’intercession des Bienheureux, des Justes, et des Anges, mais surtout de la T. Ste Vierge. Ce serait un désordre que de perdre la paix de l’âme, que de riposter tout humainement quand les choses ne vont pas selon mes souhaits, etc.
Notes de retraite, décembre 1814, E.O. XV n.130
Suite logique de la prise de conscience d’Eugène de Mazenod : trop d’activisme pourrait « faire perdre la paix de l’âme», mais aussi se révéler difficile à vivre pour ceux qui nous entourent.
Travailler avec d’autres, fut-ce au Royaume de Dieu, ne va pas toujours de soi. C’est là une situation vieille comme la monde. Il suffit d’ouvrir l’Évangile et aussi « Les Actes des Apôtres » pour constater que parfois ‘le torchon brûle’ entre les contemporains de Jésus.
La nature humaine étant profondément la même qu’il y a 2000 ans, faut-il nous étonner des dissensions qui surgissent dans les groupes où nous oeuvrons, qu’il s’agisse de préséance, de répartition des tâches ou encore – très souvent – d’une communication inadéquate ? Personnellement, il m’est arrivé comme à Eugène « de perdre la paix de l’âme et « de riposter tout humainement » à des attitudes jugées par moi inconsidérées.
En fait, la primauté donnée à la vie spirituelle est affaire de toute une vie. La prière sera toujours le havre de paix et de réflexion susceptible de donner à nos agir une saveur évangélique.