FOUILLER PARTOUT, CAR J’AI BESOIN DE RÉFORME EN TOUT

Dans son évaluation de l’année, Eugène est dur avec lui-même. Il juge qu’il a lui-même rompu l’équilibre dans le dévouement de son temps aux autres, et il est conscient qu’à la suite de cela, certaines des faiblesses de son caractère sont devenues trop évidentes.

J’aurai encore dans cette retraite à régler invariablement l’emploi de mes journées. Je reconnais que je me suis laissé aller trop facilement à intervertir l’ordre que je m’y étais fixé. Il est bon sans contredit d’être toujours disposé à servir le prochain, mais cette année ce service a été un véritable esclavage, et il y a beaucoup de ma faute. La complaisance poussée trop loin dégénère en faiblesse, et les suites en sont extrêmement fâcheuses, puisqu’elles finissent par vous jeter dans la perte du temps.
Il faut me fixer une règle de conduite avec mes jeunes gens. Travailler sur la vertu de douceur, sur la mortification de la langue quand je suis piqué, sur l’humilité, l’amour-propre, etc., le poursuivre précisément quand il se déguise, me remonter par l’oraison, l’office, la messe, la préparation, l’action de grâce, la lecture de l’Ecriture Sainte, la lecture de piété, l’examen, en un mot fouiller partout, car j’ai besoin de réforme en tout.

Notes de retraite, décembre 1814, E.O. XV n.130

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1 réponse à FOUILLER PARTOUT, CAR J’AI BESOIN DE RÉFORME EN TOUT

  1. Denyse Mostert dit :

    Oh ce temps, qu’il peut être élastique parfois ! Selon les jours, il peut nous paraître d’une longueur mortelle ou au contraire filer à la vitesse de l’éclair en nous laissant avec le sentiment de n’avoir pas accompli la moitié des tâches fixées.

    Chez Eugène une troisième catégorie se fait jour. Il n’a pas à « tuer » un temps toujours trop court pour ses multiples occupations ni à se reprocher une paresse quelconque. Son souci, c’est sa « complaisance poussée trop loin [qui] dégénère en faiblesse » [et finit] par le « jeter dans la perte de temps » avec les conséquences malheureuses qu’il décrit si bien.

    « Règle de conduite » ou non ? ‘Là est la question … bien d’actualité si on regarde la vitesse grand V de nos vies en 2010. Une question à laquelle nous pouvons trouver des éléments de réponse dans l’analyse sans indulgence qu’Eugène fait de lui-même.

    «Il est bon sans contredit d’être toujours disposé à servir le prochain… [mais]…la complaisance poussée trop loin dégénère en faiblesse », écrit-il. Chacun de nous a probablement expérimenté cette sensation de malaise devant du temps qui aurait pu être employés plus efficacement et le manque de patience qui en découle dans nos relations avec les autres.

    Et nous voici confrontés à ce ‘non’ si difficile à dire tout en sachant pertinemment qu’il serait bénéfique, pour nous tout autant que pour nos proches, de prononcer. Sans pour autant être drastique, une « règle de conduite » pourrait alors nous aider à gérer plus harmonieusement le temps qui nous est donné.

    Ici encore cette « règle de conduite » nous serait probablement nécessaire pour qu’une partie au moins du temps ‘gagné’ soit employée, selon le terme d’Eugène, à « nous remonter » auprès de ce Dieu qui nous est intérieur et que nous avons un peu trop tendance à chercher au-dehors.

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