EN GUIDANT UN GROUPE DE JEUNES ENTHOUSIASTES

Même si la majeure partie du temps et de l’énergie d’Eugène était maintenant occupée à servir l’Église de Marseille, sa préoccupation majeure était toujours le groupe des Missionnaires Oblats. En tant que Fondateur et Supérieur Général, il prenait un intérêt actif à tout ce qui était lié avec la Société.

L’âge moyen du groupe était dans le milieu de la vingtaine. Et ainsi, son souci constant était celui de maintenir les Missionnaires dans la fidélité à leur charisme divin, en assurant que tout ce qu’ils faisaient était en accord avec cet esprit.

Son souci s’exprimait d’abord en guidant les hommes et le ministère de ceux qui prêchaient des missions de paroisse. Tout un pan de sa correspondance s’occupait de cela.

Et puis, il se souciait de la bonne forme de ses Missionnaires. Ils étaient jeunes et enthousiastes, et ils tombaient dans les mêmes pièges de zèle intempestif qu’il avait connus lui-même auparavant. Quelques exemples :

Mais, en attendant, tu avoueras que tu n’es pas excusable d’avoir gardé le silence sur une enflure aussi inquiétante, de ne m’avoir rien dit de ce que tu éprouvais pendant les octaves trop fatigantes qui se sont succédées et que tu as mises sur un pied harassant et pour toi et pour ceux qui seraient dans le cas de les faire après toi.

Lettre à Marius Suzanne, 11 novembre 1823, EO VI n. 119

Il se tracasse au sujet de leur santé et leur bien-être :

…il faut prendre ses précautions de loin pour un pays d’un accès si difficile. Dieu veuille que le jour même de ton arrivée tu songes à me donner de tes nouvelles et à me tranquilliser dans l’inquiétude où je vais être jusqu’au moment où j’aurai la certitude que vous êtes arrivés à bon port. Si j’étais de la bande, cela ne me semblerait rien; mais quand je pense à l’accident de cheval, lors de ton voyage à la Grande-Chartreuse, je frémis…
La première chose qu’il faut faire en arrivant à Entrevaux, c’est d’acheter le drap, ou, ce qui vaut mieux peut-être, le cadi nécessaire pour te faire cette espèce de colletin qui te garantirait du froid au confessionnal. Si le gilet de tricot que tu as n’est pas assez chaud, il faut t’en procurer sur-le-champ un autre. Achète aussi des souliers de sangle, pour n’être pas exposé à glisser sur la glace. Souviens-toi de ta chute à Tallard qui me fait encore mal. Prends, en un mot, toutes les précautions pour ne pas souffrir du froid cuisant de ces montagnes auquel nous ne sommes pas habitués. Veille également sur notre bon P. Mye pour que rien ne lui manque. Quant à Dupuy, je crois qu’il est inutile que je te le recommande, il est assez avisé pour pourvoir à ses besoins.
Il est indispensable que tu prennes tous les jours quelque boisson en crème qui engraisse ta poitrine……

Lettre à Marius Suzanne, 19 novembre 1823, EO VI n. 120

 

« Tout souci trop petit pour être converti en prière est trop petit pour être transformé en fardeau. » Corrie Ten Boom

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1 réponse à EN GUIDANT UN GROUPE DE JEUNES ENTHOUSIASTES

  1. Denyse Mostert dit :

    Même si l’Église de Marseille réclame beaucoup de temps et d’énergie à son nouveau Vicaire général, celui-ci demeure d’abord et avant tout le Fondateur et le Supérieur général de la Société des Missionnaires de Provence.

    Dans la correspondance d’Eugène de Mazenod, nous découvrons combien il désire voir ses fils traduire leur fidélité au « charisme divin » dans toute leur action missionnaire.

    À ces jeunes gens à l’énergie intacte et au zèle parfois exagéré, il convient aussi de rappeler la prudence, celle qui va permettre de donner tout son poids et de maintenir dans la durée l’œuvre si exigeante d’annoncer Jésus Christ là les besoins les plus pressants s’en font sentir.

    Il est surprenant, et en même temps très émouvant de voir un prélat aux prises avec de si nombreuses obligations prendre le temps de rappeler aux siens la plus élémentaire prudence et ceci avec un grand souci du détail et des mots de tous les jours.

    Au P. Marius Suzanne : « Tu avoueras que tu n’es pas excusable d’avoir gardé le silence sur une enflure aussi inquiétante… » Et encore : «… Acheter le drap, ou, ce qui vaut mieux peut-être, le cadi nécessaire pour te faire cette espèce de colletin qui te garantirait du froid au confessionnal… » et un « gilet de tricot assez chaud »…

    Une attitude qui nous montre combien le service du Seigneur, loin de réclamer une difficile ascèse, consiste à prendre soin et du corps et de l’âme qui lui sont consacrés… Pour en assurer la durée et multiplier les fruits qu’il plaît Dieu de semer…

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