ET DANS TROIS JOURS JESUS CHRIST DEVAIT RESSUSCITER…NOTRE DOULEUR DEVRA DURER AUTANT QUE NOTRE MISERABLE VIE !

Eugène décrit sa dernière visite à son neveu mourant.

Ne pouvant prolonger mon séjour à Avignon, j’ai dû me séparer de Louis, le coeur bien navré et sans espoir de le voir revenir en santé. Ce bienheureux enfant a voulu s’entretenir quelques moments en particulier avec moi; c’était pour me parler de son père et de son frère. Qu’il était touchant dans ce qu’il me disait; jamais je ne l’avais entendu parler de la sorte!

Que le Seigneur daigne accepter, en expiation de mes péchés, tous les maux cruels que j’endure à l’occasion de tous ces dignes objets de ma tendresse. Qui pourrait dire ce que je souffrais dans cet entretien pendant lequel cet enfant de bénédiction conservait le calme et la sérénité angélique qui ne le quittent pas. Quant à moi, quotidie morior ; c’est dans toute la force des termes l’exacte vérité.

Je l’embrassai, peut-être pour la dernière fois; je le bénis et je m’arrachai, en me faisant une violence extrême, d’auprès de lui, vraisemblablement pour ne le revoir jamais. Ma soeur en fit autant et avec la même force d’âme, concentrant dans son coeur toute sa désolation pour ménager la sensibilité de son fils qui, de son côté, maîtrisait ses affections, offrait intérieurement à Dieu son sacrifice, comme nous le faisions nous-mêmes, et ne manifestait rien extérieurement de ce qui se passait dans son âme. Oh! calvaire de mon Dieu! Oh! Vierge Marie! Et dans trois jours Jésus-Christ devait ressusciter… Notre douleur devra durer autant que notre misérable vie! Fiat volontas tua!

Journal d’Eugène de Mazenod, 8 février 1842, EO XXI

 

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JE ME RÉSIGNE ET J’ADORE LES DESSEINS DE DIEU, QUI APPELLE À LUI UNE JEUNE ÂME MÛRE POUR LE CIEL

Louis de Boisgelin, fils de la sœur d’Eugène, s’était formé à la profession de jésuite pendant quatre ans. En 1841, à l’âge de 26 ans, il tombe gravement malade. Quand Eugène l’apprend, il écrit dans son journal :

Je me résigne et j’adore les desseins de Dieu qui appelle à lui une jeune âme mûre pour le ciel

Journal d’Eugène de Mazenod, 21 novembre 1841, EO XX

Trois mois plus tard, Eugène s’est rendu dans la communauté jésuite pour faire ses adieux à son neveu.

Passés à Avignon auprès du chevet du lit de mon saint neveu. Il avait été administré lorsque je suis arrivé, et la paix de son âme n’avait certainement pas été altérée par l’annonce de sa fin prochaine. Sa douceur, sa résignation, le calme parfait qu’il conservait au milieu de ses souffrances, faisaient l’admiration de toute la communauté et des médecins qui le soignent avec un zèle digne de leur piété.

J’ai jugé que son état permettrait à sa mère d’arriver à temps pour le voir encore une dernière fois. C’est une consolation que je me serais reproché de n’avoir pas procurée à cette bonne mère, si forte, si malheureuse, si résignée. Sa présence a rendu la chose possible; les pères ne s’y sont pas refusés.

Je disais tous les jours la sainte messe dans la chambre de mon neveu, à qui cela procurait un grand bonheur dans son déplorable état. Pauvre cher enfant! Il en connaît tout le danger, et, loin de se plaindre, il remercie le bon Dieu et accepte toutes ses souffrances avec la plus parfaite résignation.

Journal d’Eugène de Mazenod, 8 février 1842, EO XXI

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JE ME SUIS ALIENE SON CŒUR – J’OFFRE CETTE PEINE AU SEIGNEUR

Traiter avec certains des Oblats comme leur supérieur était parfois une tâche délicate pour Eugène de Mazenod, surtout si la personne était difficile et sensible. Il se confie dans son journal :

Qui pourrait deviner les susceptibilités de ce père?  Il se plaint pourtant toujours qu’on manque d’égards pour lui.

Quant à moi, je proteste que bien loin de ne pas faire cas de lui, je l’ai toujours beaucoup aimé et bien souvent trop ménagé pour éviter de lui déplaire. Rendant justice à ses talents, mon coeur de père aurait voulu quelque chose encore pour compléter ses bonnes qualités;

Eugène, qui s’exprimait avec franchise, avait manifestement blessé l’homme en essayant de l’aider :

quelle qu’ait été ma réserve à ce sujet, je me suis aliéné son coeur.

Ce n’était pas une expérience nouvelle pour Eugène, ni pour aucun dirigeant, de souffrir d’aliénation à la suite de quelque chose qui doit être dit ou corrigé. Douloureusement conscient de cela, Eugène s’est toujours tourné vers le Sauveur crucifié et le lui a offert.

J’offre cette peine au Seigneur avec bien d’autres de ce genre;…

Journal d’Eugène de Mazenod, 19 janvier 1842, EO XXI

Il est difficile, et souvent douloureux, de faire route avec d’autres personnes qui ont besoin de modifier leur comportement ou leur attitude – Saint Eugène nous apprend à le faire en présence de la Croix, surtout face à la souffrance et au rejet.

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VOUS N’IMAGINEZ PAS LE BONHEUR QUE J’ÉPROUVE QUAND J’ENTENDS PARLER DE L’UNITÉ ET DE LA CORDIALITÉ QUI EXISTENT ENTRE VOUS

Le souhait le plus profond du père de chaque famille missionnaire est que les membres vivent dans un esprit d’unité. Nous nous souvenons les derniers mots de notre Fondateur : « Entre vous, charité, charité, charité » alors que nous lisons sa joie devant l’esprit de la communauté oblate de Vico, en Corse :

Vivez heureux, mes chers enfants, dans votre précieuse communauté. Vous ne sauriez croire le bonheur que j’éprouve en apprenant l’union et la cordialité qui règne parmi vous. Ah! que mon esprit est au milieu de cette portion si chère de ma famille! Vous faites ma consolation et ma joie, que le Seigneur vous comble de ses bénédictions. Je vous presse tous contre mon cœur.

Lettre au P. Etienne Semeria, 27 Décembre 1841, EO IX n 755

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« ESPACE DIEU » ET « TEMPS DE DIEU »

Eugène a écrit au Maître des Novices:

Je vois un grand inconvénient à n’avoir pas le Saint-Sacrement à portée de vos novices. C’est aux pieds de Jésus-Christ qu’ils iraient s’enflammer. Ce n’est pas assez d’aller puiser à cette source aux heures des exercices communs, il faudrait que chacun pût aller selon l’impulsion de son cœur se présenter souvent devant le Sauveur et s’y entretenir quelques instants à diverses reprises dans le silence de la méditation.

Les novices n’avaient pas leur propre chapelle dans le bâtiment, alors Eugène a fait une suggestion.

Je sais que dans la position actuelle, il y a de grandes difficultés, il y aurait même des inconvénients à aller chercher le Saint-Sacrement où il se trouve. Croyez que vous êtes privé d’un puissant moyen pour faire régner la ferveur dans votre noviciat. Suppléez-y du moins par une chapelle solitaire de la sainte Vierge, où l’on puisse aller se recueillir. Ne craignez pas de consacrer une chambre à cet effet. 

Lettre au P. Vincens, 3 Décembre 1841 EO IX n 752

La plupart d’entre nous n’ont pas de chapelle à proximité pour aller prier, mais chacun de nous peut mettre de côté un espace de prière dans un coin spécial d’une pièce que nous utilisons tout le temps.

Il est important d’avoir un « espace-Dieu » dans lequel je peux passer un peu de « temps de Dieu » chaque jour où je peux « me présenter devant le Sauveur et converser avec lui pendant quelques instants dans la méditation silencieuse.

 

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S’IL LEUR MANQUE LA FERVEUR, NOUS NE FORMONS PAS LES ENFANTS DE DIEU

Écrivant au Maître du Novice, Eugène dit que chaque novice doit :

se plier gaiement aux observances indispensables de la Règle. Il doit s’étudier à se pénétrer de l’esprit de l’Institut qu’il veut embrasser et se persuader qu’il n’y parviendra que par sa fidélité et ses exactitudes à toutes les prescriptions de la Règle…

Je n’ai pas besoin de vous recommander d’insister essentiellement sur la piété. Je ne puis concevoir une vocation sans cela. Il faut façonner tous nos jeunes gens dans cette voie; s’il n’y avait pas de ferveur dans un noviciat on ne formerait pas des hommes de Dieu. 

Lettre au P. Joseph Vincens, 3 Décembre 1841 EO IX n 752

Les conseils d’Eugène ne s’appliquent pas seulement aux novices oblats. Nous sommes tous disciples de Jésus-Christ, qui veulent marcher avec ferveur à sa suite. C’est la raison de l’existence de la famille mazenodienne : pour s’aider les uns les autres à vivre notre discipulat selon l’esprit de saint Eugène. En d’autres termes, d’être fervents dans notre amour pour Dieu et les uns pour les autres.

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PENDANT NOTRE DISTANCIATION SOCIALE, L’ÉCOUTE SILENCIEUSE S’ÉCOULE DE ET MÈNE À UN AMOUR PROFOND

En Jean 21, 1-14, les disciples avaient repris leur activité normale de pêche et Jésus ressuscité leur est apparu au milieu de leur activité quotidienne. Ils ne l’ont pas reconnu au début, mais c’est l’amour qui leur a ouvert les yeux.

Saint Eugène a toujours aimé Jésus ressuscité présent dans sa Parole. En 1837, avant de devenir évêque de Marseille, il a fait le bilan de 55 années d’écoute amoureuse de la Parole de Dieu :

Je vous rends grâce, ô Seigneur, d’avoir fait jaillir cette lumière du dépôt sacré de vos saintes Écritures. En m’indiquant la voie que je dois suivre, en me donnant le désir de la suivre, vous y ajouterez le puissant secours de votre grâce.

René Motte OMI, qui a fait une étude sur le rôle de l’Écriture sainte dans la vie de Saint Eugène, nous donne quelques conseils pratiques sur la manière de développer la même attitude que les disciples à l’époque de Jésus et l’attitude du disciple d’Eugène. Les circonstances actuelles permettent à nous tous de passer plus de temps avec la Parole de Dieu dans cette attitude d’amour :

Le silence est nécessaire, silence pour écouter Jésus Christ qui parle dans la Bible. L’écoute silencieuse est généreuse, animée qu’elle est d’un amour profond. C’est cela que les Oblats [ed. et les membres de la famille mazénodienne] sont appelés à expérimenter «dans la joie», dit le Fondateur. Heureux d’être dans l’intimité du Christ en savourant sa parole. Alors la bouche parlera de l’abondance du cœur (voir Mt 12, 34). Ainsi la lecture de l’Écriture sainte ne se réduit pas à une étude, elle se comprend dans le contexte d’une rencontre avec le Christ, elle est alors une écoute de sa parole, reçue comme un message personnel.

“Écriture sainte” en Dictionnaire des valeurs oblateshttps://www.omiworld.org/fr/lemma/ecriture-sainte/

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PÂQUES : UNE INVITATION À DÉVELOPPER UN CŒUR ATTENTIF

Transmise par Jésus Christ à ses apôtres, elle n’a rien perdu de son efficacité en traversant les siècles, on a senti que, sortie de la bouche de celui qui est lui-même la vie éternelle, elle est toujours esprit et vie.

Eugène de Mazenod, Mandement 1844

Aujourd’hui, nous pouvons comprendre de manière plus approfondie l’expérience des disciples enfermés dans la chambre haute parce qu’ils avaient peur. Jésus ressuscité leur est apparu et leur a ouvert l’esprit à sa présence dans les Écritures. Invitons Jésus ressuscité à pénétrer les murs de notre « chambre haute » aujourd’hui, et donnons-lui le temps d’ouvrir notre esprit pour comprendre à quel point il est présent chaque fois que nous lisons la Parole de Dieu.

Notre Règle de vie oblate, totalement imprégnée de l’esprit de Saint-Eugène, peut être appliquée à chaque disciple aujourd’hui :

Comme la Parole de Dieu est l’aliment de leur vie intérieure et de leur apostolat, ils ne se contentent pas de l’étudier assidûment, ils l’accueillent avec un coeur attentif, afin de mieux connaître le Sauveur qu’ils aiment et veulent révéler au monde. Cette écoute de la Parole les rend plus aptes à lire les événements de l’histoire à la lumière de la foi.   (OMI Constitutions et Règles, C.33)

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DANS L’ISOLEMENT AVEC LA PAROLE DE DIEU – QUE NOS CŒURS BRÛLENT AU-DEDANS DE NOUS

Les disciples déprimés qui rentraient à Emmaüs avaient perdu tout sens de l’objectif de leur vie. Celui sur lequel ils avaient fondé leurs espoirs avait été mis à mort, et tout ce qu’il représentait avait disparu. Plus de rêves, ni d’idéaux inspirants… C’était le temps de rentrer chez eux et de s’enfermer.

Luc 24,13-35 raconte comment ils ont pris conscience qu’un « étranger » marchait avec eux et est entré dans leur expérience et leur a ouvert les yeux. Nous comprenons ici le sens de Pâques : la réalisation que Jésus-Christ est vivant et entre dans la réalité de nos vies. Pâques est l’ouverture de nos yeux, de nos cœurs et de nos vies à sa présence.

Dans l’impossibilité d’assister aux offices à l’église, nous sommes invités à passer du temps à la maison avec les Écritures. Comme les disciples, laissons-lui nous expliquer sa Parole et enflammer nos cœurs dans notre quotidien.

La vie de saint Eugène était consacrée à expliquer la Bonne Nouvelle du salut à ceux qui en avaient le plus besoin. Lui et ses missionnaires voulaient que s’enflamme le cœur de tous ceux qui les écoutaient. L’invitation qu’il a écrite dans la Règle de 1818 se poursuit aujourd’hui:

Nous ne devons viser absolument qu’à l’instruction des peuples…
ne pas nous contenter de leur rompre le pain de la parole mais le leur mâcher, faire en sorte, en un mot, que sortant de nos discours
ils ne soient pas tentés d’admirer sottement ce qu’ils n’ont pas compris
mais qu’ils s’en retournent édifiés, touchés, instruits, capables de répéter dans le sein de leur famille, ce qu’ils auront appris de notre bouche.

Nous nous sentons parfois comme ces disciples qui voulaient s’enfermer dans leur propre isolement à Emmaüs. Ouvrons les yeux pour reconnaître la présence de Jésus ressuscité à côté de nous. Passons un peu de temps avec son Évangile. Lorsque nous rompons le pain de la Parole, il nous aide à le mâcher – et notre cœur brûlera au-dedans de nous.

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DANS L’ISOLEMENT, PUISSIONS NOUS PROCLAMER « J’AI VU LE SEIGNEUR RESSUSCITÉ »

Marie-Madeleine a été la première à reconnaître que Jésus était ressuscité et elle s’est empressée d’aller le dire aux disciples qui étaient terriblement isolés dans la chambre haute.

« J’ai vu le Seigneur ! » proclama-t-elle. D’abord incrédules, ils ont eux aussi commencé à faire l’expérience que Jésus était vivant.

À la suite de la Révolution française, les habitants des campagnes françaises étaient renfermés dans l’ignorance de leur foi. Eugène de Mazenod avait reconnu la présence de Jésus ressuscité dans sa vie, et il a consacré sa vie à proclamer « J’ai vu le Seigneur » à ceux qui avaient le plus besoin de connaître le Seigneur ressuscité.

Invitant d’autres à partager sa vie de proclamation, il a fondé les Missionnaires Oblats et a insisté que leur temps soit partagé entre « voir le Seigneur » dans la prière, la lecture et la réflexion, et la proclamation de « J’ai vu le Seigneur ! », qu’ils avaient ainsi rencontré :

Les Missionnaires se diviseront de manière que tandis que les uns s’exerceront dans la communauté à acquérir les vertus et les connaissances propres d’un bon Missionnaire, les autres parcourront la campagne pour y annoncer la parole de Dieu.
Au retour de leurs courses apostoliques, ils rentreront dans la communauté pour s’y reposer de leurs fatigues en s’y livrant aux exercices d’un ministère moins pénible, et pour se préparer dans la méditation et par l’étude à rendre leur ministère plus fructueux encore lorsqu’ils seront appelés à de nouveaux travaux.

Demande d’autorisation adressée à Messieurs les Vicaires Généraux Capitulaires d’Aix,
le 25 janvier 1816, E.O. XIII n.2

En ces jours où nous sommes si nombreux à être isolés, utilisons ce temps de manière semblable afin que nous puissions nous aussi proclamer chaque jour « J’ai vu le Seigneur ! Il est ressuscité et vivant pour moi !”

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