LES RESPONSABLES DE COMMUNAUTÉS GUIDENT DES ÉGAUX ET NON DES SUJETS

En attendant que je puisse compléter votre maison, j’ai écrit au p. Vincens de vous envoyer le père Chaîne qui est plein de talents et qui prêche fort bien. Ce jeune Père est excellent, mais accoutumé au gouvernement paternel du p. Vincens, il ne supporterait pas d’être traité en écolier. Prenez-y garde. Les supérieurs gouvernent des frères et non des sujets. Ils sont tenus à avoir beaucoup de déférence pour ceux qui, tout en étant placés sous leur gouverne, appartiennent à la famille; plus encore pour ceux qui doivent concourir avec lui au bon ordre et à la bonne administration de la communauté …

La douceur est une qualité indispensable pour rendre l’obéissance facile. En un mot relisez le chapitre qui concerne les supérieurs locaux et conformez-vous y en tout.

Lettre au Père Toussaint Dassy, 16 octobre 1849, EO X n. 1025

RÉFLEXION

Les responsables de communautés guident des égaux et non des sujets – la gentillesse est une qualité indispensable pour rendre possible l’obéissance et la coopération religieuse. Notre vocation, dans la communauté et dans le ministère, est d’être les coopérateurs du Sauveur qui s’est humilié pour laver les pieds.

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IL VAUT MIEUX INSPIRER LA CONFIANCE QUE DE FAIRE

Le père Dassy, supérieur de la communauté de Nancy, était très talentueux mais aussi très sévère et exigeant avec les membres de sa communauté.

Décidément, mon cher p. Dassy, je ne pourrai ouvrir qu’en tremblant les lettres qui m’arrivent de Nancy. Je n’en ai pas reçu une encore, depuis que j’ai passé par ce pays, qui ne m’ait donné plus ou moins d’ennui. Mais celle à laquelle je réponds passe toute idée. Quelle affreuse découverte! 

 Le père Dassy avait écrit pour informer Eugène de la grave inconduite d’un des membres de la communauté.

Et c’est en m’apprenant de pareilles horreurs qu’au lieu de faire votre possible pour me consoler, vous faites un retour sur vous-même pour vous plaindre encore de ce que je vous ai trouvé trop sévère… Vous avouez, ajoutez-vous, que vous ne l’avez pas assez grondé. Il s’agit bien de gémir, mon cher ami, il vaut mieux inspirer la confiance que de faire peur…

Lettre au Père Toussaint Dassy, 16 octobre 1849, EO X n. 1025

RÉFLEXION

Le Fondateur lui-même avait un amour paternel pour chacun des membres de sa famille religieuse. Il était sévère quand il le fallait, mais c’était toujours dans le contexte de son amour pour la personne. Nous avons plusieurs récits de ses explosions de colère face à une situation, puis de ses remords lorsqu’il se rendait compte qu’il avait blessé la personne en se montrant indûment sévère. Il prenait toujours la personne dans ses bras dans une étreinte pleine de larmes.

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TOUS NOS SUJETS TRAVAILLENT À LA GLOIRE DU MAÎTRE AU PROFIT COMMUN DE TOUTE LA FAMILLE

Je veux aussi vous dire que le père d’Herbomez est parti avec les frères Surel et Janin pour l’Orégon où le besoin était pressant. Le bon Père commencera sa mission sur le navire où se trouveront avec lui une soixantaine de passagers. Le bâtiment est bien conditionné et nous avons tout lieu d’espérer qu’il arrivera en bon port à San Francisco de Californie d’où nos voyageurs se dirigeront vers l’Orégon qui n’en est guère distant que de 150 lieues. C’est ainsi, mon cher ami, que tous nos sujets travaillent à la gloire du Maître au profit commun de toute la famille. Recommandez bien à notre bonne Mère ces hommes dévoués et généreux qui ont tant à souffrir pour s’acquitter du ministère sacré après lequel ils ont soupiré avec toute l’ardeur d’un zèle que nous ne saurions assez admirer. Ce qui m’édifie peut-être encore davantage, c’est l’empressement et la joie avec laquelle les simples frères convers entreprennent les travaux de cette mission dont on ne leur a pas dissimulé les difficultés et les sacrifices immanquables auxquels elle expose.

Lettre au Père Jean Viala, au N. D. de Bon Secours, 4 décembre 1849, EO X n 1030

RÉFLEXION

On ne peut qu’admirer ces courageux missionnaires qui entreprennent un long voyage de plusieurs mois, remplis de joie pour partager avec les plus abandonnés les trésors révélés en leur apprenant qui est Jésus-Christ, et la différence qu’il fait dans la vie des gens.

Pour nous, n’est-ce pas une invitation à renouveler notre gratitude pour le don de la foi et à demander du courage et de la joie pour le partager avec les plus abandonnés autour de nous ?

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JE NE LA FAISAIS QUE POUR FORMER UN APÔTRE DESTINÉ À ÉVANGÉLISER

Avant de me rendre à l’office de la cathédrale, j’ai ordonné prêtre dans ma chapelle le p. D’Herbomez. J’avais appelé tous les oblats présents à Marseille pour assister à cette touchante ordination, car je ne la faisais que pour former un apôtre destiné à évangéliser les tribus de l’Orégon. Plus d’un parmi nos oblats ont envié le sort de notre nouveau prêtre, car j’en connais plusieurs qui ne seraient pas plus effrayés que lui de toutes les privations, de tous les sacrifices qu’il faut faire pour aspirer à cette pénible mission..

Journal d’Eugène de Mazenod, 14 octobre 1849, EO XXII

RÉFLEXION

« Notre fondateur est Jésus-Christ, et nos premiers pères sont les apôtres », c’est ainsi qu’Eugène comprenait les origines des Missionnaires Oblats. Chaque Oblat était considéré comme un coopérateur du Christ Sauveur en tant qu’apôtre dans son style de vie et sa mission (cf. Mc 3:14). Aujourd’hui, chaque membre de la Famille charismatique oblate peut revendiquer la même identité – chacun selon son état de vie particulier. Nous sommes tous des apôtres contemporains.

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AUSSI AVAIS-JE LA CONFIANCE QU’IL ÉTAIT DÉJÀ DANS LE CIEL, TANDIS QUE NOUS PRIIONS POUR LUI SUR LA TERRE

Aussi, aujourd’hui, j’ai fait l’ordination au diaconat du frère D’Herbomez dans la tristesse de mon âme. J’ai quitté l’autel de l’ordination pour passer au séminaire pour assister à la messe de requiem qui a été chantée, le corps présent de notre bon p. Mounier. Je ne pouvais m’empêcher, en le voyant étendu sur son modeste catafalque, de repasser dans mon esprit les vertus dont son âme était ornée, la bonté de son caractère, cette douceur, cette humilité, cette déférence habituelle pour ses supérieurs, cette profonde vénération pour le caractère sacré dont son supérieur général était revêtu, ce zèle pour la sanctification et la perfection des frères dont il était chargé; c’était autant de titres pour sa glorification, aussi avais-je la confiance qu’il était déjà dans le ciel, tandis que nous priions pour lui sur la terre.

Journal d’Eugène de Mazenod, octobre 1849, EO XXII

RÉFLEXION

Comme nous sommes privilégiés d’avoir la foi en la résurrection et en la communion des saints. Lorsqu’un de nos proches est décédé, et qu’il était une personne de foi, nous sommes réconfortés par l’assurance que cette personne continue d’être proche de nous en présence de notre Sauveur ressuscité.

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MAIS QU’IL M’EN COUTE DE FAIRE CE SACRIFICE!

Le père Jean François Mounier, âgé de 27 ans, a contracté la fièvre typhoïde et est décédé. Il fut un directeur spirituel très apprécié, d’abord comme diacre au noviciat, puis comme prêtre nouvellement ordonné au séminaire de Marseille. Eugène aimait et appréciait ce jeune homme et la qualité de sa vie, comme le montre clairement son journal :

La congrégation fait une bien grande perte. perte. Indépendamment des vertus religieuses qu’il possédait à un degré très élevé, il avait déjà acquis l’expérience de la direction des Oblats qui profitaient visiblement de ses bons conseils et de ses exemples. Si, à vingt-sept ans, il s’était acquis l’estime et la confiance de toute notre jeunesse, quel avenir ne pouvions-nous pas nous promettre de lui? Le bon Dieu en a disposé autrement; il faut toujours bénir son saint Nom, d’autant plus que nous avons fait tout ce que nous avons pu pour ne pas lui céder ce cher père qui nous était si utile ici-bas. J’ai dit plusieurs messes à cet effet et toutes nos communautés plus ferventes de religieux ont fait d’ardentes prières à Dieu dans la même intention. Quand le Seigneur résiste ainsi à la prière, il faut reconnaître que sa sainte volonté est prononcée et c’est toujours pour le bien de ses élus.

Mais qu’il m’en coûte de faire ce sacrifice!

Journal d’Eugène de Mazenod, octobre 1849, EO XXII

RÉFLEXION

Combien la mort d’une jeune personne nous frappe – surtout si ses réalisations étaient talentueuses et promettaient beaucoup pour l’avenir dans l’accomplissement de l’œuvre de Dieu. Avec saint Eugène et avec foi, nous devons avoir le courage de reconnaître que les voies de Dieu ne sont pas les nôtres : «  L’Éternel a donné, et l’Éternel a repris ; Béni soit le nom de l’Éternel « (Job 1:21).

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JE VOUS DONNE POUR COMMENCER VOS TRAVAUX APOSTOLIQUES MISSION POUR L’ALGÉRIE OÙ UN BIEN IMMENSE VOUS ATTEND

Quelques jours après son ordination sacerdotale, le père Grenier a reçu sa première mission.

Mon très cher père Grenier, je voulais vous écrire depuis plusieurs jours. J’en ai été empêché par mes occupations qui vont toujours croissant. Il me tarde pourtant de vous dire que vous ayez à vous rendre au plus tôt  auprès de moi. Je vous donne pour commencer vos travaux apostoliques mission pour l’Algérie, où un bien immense vous attend. Nous visons à la conversion des Arabes en passant par le chemin qu’il nous faut prendre actuellement. Arrivez donc au plus tôt. Vous serez deux  qui irez joindre les trois des nôtres qui sont déjà à l’œuvre. Portez tous les effets qui sont à votre usage avec vous. Je ne vous écris pas plus longuement dans l’attente de vous presser bientôt contre mon cœur. Je vous embrasse en attendant et vous bénis.

Lettre au Père Ferdinand Grenier, à Nancy, 26 octobre 1849, EO IV (Afrique) n. 9

RÉFLEXION

« Dieu, envoie-moi n’importe où, seulement va avec moi. Posez-moi n’importe quel fardeau, soutenez-moi seulement. Et coupez tout lien dans mon cœur, sauf celui qui lie mon cœur au vôtre. » (David Livingstone)

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LE SUBLIME SACERDOCE TOUS LES DONS DE DIEU QUI DOIVENT FÉCONDER VOTRE MINISTÈRE

La visite d’Eugène dans la région de Nancy devait inclure l’ordination sacerdotale de Ferdinand Grenier, mais Eugène a dû écourter sa visite pour rentrer précipitamment à Marseille en raison de l’épidémie de choléra

Vous auriez compris que mon désir était toujours de vous imposer moi-même les mains… Le bon Dieu m’a privé de cette consolation, je lui en offre le sacrifice…

Laissez peser sur mon cœur tout le chagrin d’avoir fait plus de 200 lieues pour avoir la consolation de vous imposer les mains et de m’en retourner sans avoir pu vous communiquer avec le sublime sacerdoce tous les dons de Dieu qui doivent féconder votre ministère. Ce sont ces choses pénibles qui arrivent dans la vie. Je m’unis du moins par mes vœux à tout ce qui pourra attirer sur vous les plus abondantes bénédictions du Seigneur. Recevez-en les premières gages par celle que je vous donne en vous embrassant de tout mon cœur.

Lettre au Père Ferdinand Grenier, à Nancy, 13 septembre 1849, EO X n 1019

RÉFLEXION

Eugène, qui s’est toujours considéré comme le père spirituel de chaque Oblat, voyait cette paternité doublée chez l’Oblat s’il pouvait lui conférer le sacrement de l’ordination sacerdotale.

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L’OFFRE QUE J’AVAIS FAITE DE MA VIE AU SEIGNEUR POUR LE RACHAT DE LA MALADIE QUI DÉCIMAIT MON PEUPLE

Le sanctuaire de Notre Dame de la Garde se trouve sur une colline dominant la ville de Marseille où la « Bonne Mère » (c’est ainsi que les habitants de la ville appellent Marie) veille sur tout le monde. Dès qu’Eugène est rentré dans la ville, il est allé prier en remerciement pour un voyage sûr, puis pour ratifier son auto-offrande afin de mettre fin à l’épidémie de choléra.

Ma première pensée fut d’aller rendre mes devoirs à notre Bonne Mère dans son sanctuaire de la Garde. J’y suis monté aujourd’hui dimanche pour y célébrer les saints mystères et ratifier aux pieds de Marie l’offre que j’avais faite de ma vie au Seigneur pour le rachat de la maladie qui décimait mon peuple, dès que j’eus appris que le choléra sévissait mortellement à Marseille. La sainte montagne était couverte de bons fidèles qui se rendaient au sanctuaire en même temps que moi. La chapelle se trouva pleine lorsque j’y arrivai. Avant de commencer la messe je crus devoir adresser quelques paroles d’édification à l’assemblée qui, si j’en juge par les larmes que je vis répandre, entra parfaitement dans les sentiments que j’exprimais de l’abondance de mon coeur..

Journal, 23 septembre 1849, EO XXII

RÉFLEXION

 » Un martyr est un individu qui se soucie tellement de quelque chose en dehors de lui qu’il en oublie sa vie personnelle  » (G.K. Chesterton).

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LE SACRIFICE DE MA VIE

Maintenant que cette œuvre à laquelle Dieu m’avait appelé est faite, que pourrait-il m’arriver de plus heureux que de mourir, surtout si le sacrifice de ma vie pouvait être accepté non seulement pour l’expiation de mes péchés, mais comme un holocauste au Seigneur, pour apaiser la colère de Dieu et détourner le fléau de mon peuple et surtout de nos prêtres dont la vie est si précieuse. Jusqu’à présent un seul d’entre eux a péri, le pauvre abbé Martin, mais vous êtes tous menacés, et moi je suis à deux cent lieues de vous.

Lettre au Père Henri Tempier, 12 septembre 1849, EO X n 1018

RÉFLEXION

Ne nous laissons pas distraire par le langage théologique d’il y a deux siècles : aujourd’hui, nous avons une compréhension différente des catastrophes naturelles et des épidémies. Ce qui est important dans cet extrait, c’est qu’Eugène a offert sa vie pour le salut de son peuple à Marseille.

Depuis son parcours de conversion, Eugène voulait que chaque aspect de sa vie soit une oblation, « tout pour Dieu. » C’était dans l’esprit des premiers siècles de l’Église où la plus haute expression de l’oblation était le martyre, le don total de soi à Dieu. Ce qui est intéressant chez Eugène, c’est que ce martyre devait être atteint à la suite d’un don de soi à Dieu en servant les autres. C’est pourquoi nous parlons du martyre de la charité, par opposition au martyre du sang.

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