LA GRACE DECOULAIT DU PERE SUR LES ENFANTS

Eugène, comme père de sa famille Oblate, se réjouit quand il peut exprimer cette paternité dans le moment privilégié de l’ordination d’Étienne Semeria à la prêtrise.

L’ordination du père Semeria fut une vraie fête de famille qui donnait un caractère particulier à cette solennité où la grâce découlait du père sur les enfants, seuls témoins des merveilles qui s’opéraient pour la gloire d’un de leurs frères à l’avantage de tous et de l’Église de Dieu. Le lendemain, la première messe fut dite dans le sanctuaire miraculeux à 5 heures du matin selon nos us accoutumés.

Lettre à Henri Tempier, le 22 septembre 1835, EO VIII n 544

Nous retrouvons ce même sentiment de fraternité exprimé dans cette réponse au Frère Ferrand.

…J’aime à lire dans votre cœur l’affection et l’attachement que vous avez pour votre père en Jésus-Christ, et je me fais un plaisir de vous assurer que vous êtes payé de retour…

Lettre à Jean Ferrand, le 1er octobre 1835, EO VIII n 545

Deux premières ici : Jean Bernard Ferrand a été le premier Frère Oblat à faire son oblation dans la congrégation et le Frère Semeria allait devenir le Supérieur du premier groupe des Oblats à partir pour Ceylan.

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SI ON NE TROUVAIT DANS VOTRE MAISON QUE DES PRETRES VIVANT ENSEMBLE, COMME POURRAIENT LE FAIRE DES CURES DU VOISINAGE

Si on ne trouvait dans votre maison que des prêtres vivant ensemble, comme pourraient le faire des curés du voisinage, vous seriez très coupables, à mes yeux, à ceux de la Congrégation et devant Dieu; et ceux à qui vous auriez sacrifié votre vie d’Oblat se retireraient peu édifiés et sans doute trompés dans leur attente.

Je vous recommande donc une grande rigidité sur tout cela. Je ne veux point de politique ni de respect humain. Tout le monde sait qui vous êtes, soyez donc dignes de votre vocation et sachez la relever dans ses moindres pratiques.

Lettre à Bruno Guigues, le 8 octobre 1835, EO VIII n 547

Des mots très forts encore pertinents aujourd’hui. Si un ministère conduit par des Oblats et par des membres de notre famille Mazenodienne ne fait pas montre d’une approche différente, d’une pratique dans l’esprit de notre charisme, alors nous avons manqué le sens de notre vocation.

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SOYEZ DONC TOUJOURS CE QUE VOUS DEVEZ ETRE ET QUE JAMAIS LA PRESENCE DES ETRANGERS NE VOUS FASSE MODIFIER EN RIEN NI LA REGLE, NI LES USAGES

Indépendamment de l’obligation qui pèse sur tous les Pères et sur toi en particulier, en ta qualité de supérieur, d’observer la Règle et d’être fidèles à tout ce que j’ai prescrit, le bien qui en résulte pour le dehors est incalculable. Je le vois ici par expérience.

Eugène insiste constamment sur le ‘devoir-être’ de façon à ‘pouvoir-faire’ comme on le voit ci-dessous:

C’est à qui admirera davantage la régularité, le bon ordre, la piété qui dominent dans la maison. C’est au point que, de tant de prêtres qui ont passé ici des semaines entières, il n’en est pas un qui ait voulu qu’on lui présentât la moindre chose autre que ce que mange la communauté les jours de jeûne de Règle, c’est-à-dire qu’ils se sont tous mis à notre Règle avec une ferveur admirable. Tout les édifie: le silence qui règne dans la maison, la ponctualité à tous les exercices, l’office, les petites pénitences au réfectoire.
Soyez donc toujours ce que vous devez être et que jamais la présence des étrangers ne vous fasse modifier en rien ni la Règle, ni les usages.

Lettre à Bruno Guigues, le 8 octobre 1835, EO VIII n 547

Ce conseil est encore aujourd’hui pertinent, 200 ans plus tard, quand nous guette le danger de tout relativiser pour rendre heureux ce monde si critique, souvent de manière hostile: ‘Soyez donc toujours ce que vous devez être’.

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BEAUCOUP D’AMÉNITÉ DANS LES FORMES, MAIS BEAUCOUP DE FERMETÉ POUR LE FOND, DE TOUT CE QUI TIENT À LA RÈGLE

La communauté Oblate de Notre-Dame-de-l’Osier avait entre 27 et 32 ans d’âge et un minimum d’expérience dans le ministère presbytéral. C’est pour cette raison qu’Eugène gardait sur eux un œil vigilant et les guidait pour leur donner une solide formation. Il est important de se le rappeler lorsque nous lisons ces extraits des lettres d’Eugène à la communauté.

Je te recommande beaucoup d’aménité dans les formes, mais beaucoup de fermeté pour le fond, de tout ce qui tient à la Règle ou à l’esprit de la Congrégation. Qu’il n’y ait plus rien de puéril parmi vous.

Lettre à Bruno Guigues, le 8 octobre 1835, EO VIII n 547

La seule manière qu’avait Bruno Guigues, le jeune supérieur de la communauté, de diriger ses pairs était d’observer strictement les Règles Oblates. Il avait à apprendre à adhérer de manière rigide aux prescriptions et à l’esprit que ces Règles établissaient, tout en restant flexible sur ce qui n’était pas essentiel.

Quelquefois, il est difficile d’appréhender cette différence; on tombe alors dans le piège de s’arrêter au trivial en oubliant ce qui importe le plus.

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AU SERVICE DE CE SANCTUAIRE POUR DONNER UNE MEILLEURE DIRECTION A LA DEVOTION DES PEUPLES

Les missionnaires en charge du Sanctuaire de Notre-Dame-de-l’Osier se font rappeler ceci:

Pour le dehors, souvenez-vous que la Providence vous a placés au service de ce sanctuaire pour donner une meilleure direction à la dévotion des peuples. Que leur vœu à la sainte Vierge les conduise à la conversion par votre ministère.

Lettre à Bruno Guigues, le 3 septembre 1835, EO VIII n 540

Les personnes venaient au Sanctuaire par dévotion pour Marie – la mission des Oblats était d’être les ‘coopérateurs’ de Notre-Sauveur de façon à diriger cette dévotion, non seulement à Marie mais aussi au Sauveur. Le but de ce Sanctuaire n’était pas de conduire à Marie, mais par son exemple et son intercession, de conduire ces gens vers son Fils.

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LE MOYEN LE PLUS EFFICACE POUR ETRE EXAUCES, C’EST D’ETRE EN TOUT CE QUE NOUS DEVONS ETRE

En écrivant au Supérieur de ce sanctuaire Marial confié aux soins des jeunes Oblats pendant un certain temps, Eugène fait référence à un des objectifs que les Oblats s’étaient fixés lors de leur fondation : travailler à la formation et au renouvellement du clergé. Nos maisons ont toujours été ouvertes à accueillir des prêtres pour des retraites et des accompagnements spirituels.

Vous me dites que les prêtres commencent à venir. Qu’ils soient édifiés de ce qu’ils apercevront chez vous. Il n’y a pas de politesse qui vaille la scrupuleuse exactitude à toutes vos observances. Qu’on s’en tienne exactement à ce que j’ai réglé à cet égard.

C’était la qualité de vie des Oblats qui conduisait aux conversions, non les paroles. De la même manière, les nouvelles recrues ne se joignaient pas à la communauté par des prières, mais par le témoignage attirant de ceux qui y vivaient en communauté.

Nous avons besoin de prier le Dominum messis [trad. “Envoyer des travailleurs à la vigne”] pour qu’il nous envoie des ouvriers. Le moyen le plus efficace pour être exaucés, c’est d’être en tout ce que nous devons être.

Lettre à Bruno Guigues, le 3 septembre 1835, EO VIII n 541

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ME VOILA BIEN ET DUMENT PRELAT FRANCAIS. JE N’AI PLUS A CRAINDRE UNE EXPULSION HORS DES FRONTIERES DE FRANCE

Cinq jours plus tard, le 25 janvier, Eugène se rendit aux Tuileries pour prêter serment au roi, ce qui prouverait officiellement sa réconciliation avec le régime de Juillet. Il écrit au père Courtès :

Quoique Tempier soit chargé, mon cher Courtès, de donner de mes nouvelles à qui de droit, je ne veux pas faire un plus long séjour ici sans t’écrire directement moi-même. J’ai terminé l’affaire qui m’a traîné dans cette capitale. Me voilà bien et dûment prélat français. Je n’ai plus à craindre que dans un accès de mauvaise humeur un ministre atrabilaire me pousse hors des frontières de France pour n’y plus rentrer. Je suis allé deux fois au château. Dans la pr[emiè]re audience [le Roi] me fit asseoir auprès de lui et me retint trois grands quart[s] d’heure. Il me parla on ne peut mieux sur tous les sujets dont il m’entretint et il s’attacha à me donner des explications que je n’aurais jamais eu la pensée ni le courage de lui demander. La Reine et Mme Adélaïde ont été aussi fort aimables pour moi, mais le Roi a été dans la seconde audience affectueux au-delà de tout ce qu’on pourrait imaginer, il a tenu mes mains dans les siennes pendant dix minutes, et quand je dus partir il me reprit encore les mains en me disant encore une fois…

Lettre à Hippolyte Courtès, 31 janvier 1836, EO VIII n ° 558

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C’EST AVEC CONFIANCE QUE JE RECEVRAI VOTRE SERMENT

L’affaire Icosie s’achève avec la réconciliation d’Eugène avec le Roi en janvier 1836 à Paris. Eugene décrit l’audience.

Le Roi s’avança vers moi, en me faisant un petit compliment fort gracieux, puis il me fit asseoir en face de lui, et après que je lui eusse exprimé en peu de mots mes remerciements, il me dit qu’il était enchanté que je revinsse à lui, et il partit de là pour raconter, en très bons termes, l’histoire des événements qui l’avaient forcé malgré lui à prendre le sceptre pour sauver la France de l’anarchie où elle allait tomber. Toutes les fois que le nom de Charles X se présentait dans son récit, c’était toujours d’une manière convenable. De temps en temps je plaçais quelques phrases, plutôt pour n’avoir pas l’air d’un muet que pour l’interrompre.

Depuis la Révolution de 1830, Eugène n’a pas caché qu’il considérait Louis-Philippe comme un usurpateur du trône de Charles X par son coup d’État. Ceci explique pourquoi le roi se justifie et justifie son action.

Je fis aussi venir le discours sur l’horrible attentat qui mit les jours du Roi en péril; il parla fort bien là-dessus; il s’étendit beaucoup sur les bonnes intentions pour favoriser en tout la religion; il n’avait pas toujours fait tout ce qu’il aurait voulu, mais les obstacles étaient grands. Il veut augmenter le traitement des évêques, parce qu’il le reconnaît insuffisant.

Le roi dirigeait un gouvernement antireligieux depuis 1830 et prenait donc la peine de souligner que sa position avait changé en ce qui concerne la tolérance religieuse.

Enfin, comment vous répéter tout ce qu’il me dit dans une conversa¬tion de trois quarts d’heure. J’oubliais que, dès le commencement de l’audience, il me demanda des nouvelles de mon oncle et me rappela Palerme.
Nous dîmes quelques mots sur Marseille, et il ne me dissimula pas que le clergé lui avait été représenté comme hostile au Gouvernement. Je lui dis la vérité à cet égard. Je finis par lui demander la permission de présenter mes hommages à la Reine. Il appela alors à haute voix l’huissier de sa chambre, et de manière à ce que tous ceux qui attendaient l’audience pussent l’entendre, il ordonna qu’on prévint la Reine de sa part de ma visite, et lorsqu’on le quittant je lui rappelai que c’était lundi que je devais revenir auprès de lui pour prêter serment, il me répondit avec beaucoup de grâce:
«Oui, Monsieur l’Évêque, c’est lundi que j’aurai le plaisir de vous revoir, et c’est avec confiance que je recevrai votre serment. » Je passai chez la Reine qui me fit asseoir auprès d’elle; nous parlâmes de mon oncle, de la Reine de Naples, de l’accueil que le Roi venait de me faire, de plusieurs autres choses, et je me retirai.

Lettre à Henri Tempier, 20 janvier 1836, EO VIII n ° 556

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C’EST UNE JUSTICE QUI M’A ETE FAITE ET L’ON ME DOIT ENCORE REPARATION

À contrecœur, Eugene avait écrit la lettre requise au roi, mais un sentiment d’amertume demeurait après la manière avec laquelle il avait été traité pendant tant d’années.

Je sens qu’il conviendrait que je remerciasse le Roi; c’est là où l’auteur s’embarrasse; car après tout, c’est une justice qui m’a été faite et l’on me doit encore réparation. Y a-t-il là de quoi s’enthousiasmer? La mesure de mes expressions choquerait peut-être. J’attends.

Lettre à Henri Tempier, 1er septembre 1835, EO VIII n ° 540

Ce ton donnait une lettre très froide au roi et au ministre des cultes, ce qui, à Paris, n’a pas été jugé convenable (Tempier et Guibert s’entendant également sur ce point), et Eugène a été invité à la réécrire! « Une phrase ou deux de plus auraient fait des merveilles », écrivait le père Guibert le 4 septembre, alors qu’il demandait une nouvelle lettre au ministre des cultes.

Eugène répondit finalement:

Ma lettre d’hier soir, mon Cher Tempier, vous aura mis en peine; je me hâte donc de vous écrire encore aujourd’hui pour faire connaître ma réponse ultérieure; croyez bien que vous et mes autres amis êtes pour beaucoup dans œtte résolution parce qu’il n’est pas juste que vous soyez centristes dans votre affection pour moi et les désirs qu’elle vous inspire.
Eh bien! je me suis décidé à écrire au Ministre, comme si je ne devais pas être choqué de tous ses soupçons, injurieux à mon caractère.
Sans autre réflexion, je vous transcris ma lettre , qui est déjà partie. J’espère que vous serez content.

Lettre à Henri Tempier, 15 septembre 1835, EO VIII n ° 543

Ainsi, l’affaire Icosie est finalement réglée et Eugène pourra rentrer à Marseille en octobre, et attendre l’invitation d’aller à Paris prêter serment au roi et faire restaurer sa citoyenneté et son statut épiscopal. Ce qui se fit trois mois plus tard, en janvier 1836.

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ON NE PEUT DISCONVENIR QUE LE ROI N’Y AIT MIS DE LA BONNE GRACE

Le 25 août, le roi Louis Philippe avait écrit à Mgr Fortuné pour le remercier de ses prières à l’occasion de sa tentative d’assassinat. La lettre concluait: «Monseigneur, le roi n’a pas oublié les circonstances de votre séjour en Sicile, que vous lui rappelez maintenant. Sa faveur reste intacte: Sa Majesté souhaite en faire la preuve et restitue ainsi à Mgr l’évêque d’Icosie les droits de citoyenneté française que vous lui avez demandés. ”(Leflon II p. 499)

Votre lettre du 30 m’apprend la conclusion de mon affaire. On ne peut disconvenir que le Roi n’y ait mis de la bonne grâce ; car il n’a pas attendu la lettre qu’on avait dû lui annoncer de moi.

Lettre a Henri Tempier, 1 September 1835, EO VIII n 540

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