VOUS ÊTES ESCLAVES DE CEUX QUI PAYENT VOS SALAIRES

Eugène continue de rappeler à ses auditeurs pauvres comment ils sont considérés par le monde – tout le temps pour mettre en évidence son message central : « vous êtes plus précieux aux yeux de Dieu que toutes les richesses de la Terre. »

Domestiques, qu’êtes-vous selon le monde? Une classe de gens esclaves de ceux qui vous paient, exposés au mépris, à l’injustice et souvent même aux mauvais traitements des maîtres exigeants et quelquefois barbares qui croient acheter le droit d’être injustes envers vous pour le faible salaire qu’ils vous accordent.
Et vous cultivateurs, paysans, qu’êtes-vous selon le monde? Quelque utiles que soient vos travaux, vous n’êtes calculés que sur la valeur de vos bras et s’il vous tient compte quoique à regret de vos sueurs ce n’est qu’autant qu’elles fécondent la terre en l’arrosant.

Instructions familières en provençal, données à la Magdeleine en 1813. [Notes pour l’instruction préliminaire], E.O. XV n. 114

Cinq ans plus tôt, Eugène avait parlé de sa propre relation avec les serviteurs de sa famille (se rappelant qu’il y en avait eu 12 dans la maison de son enfance). C’est un contraste intéressant avec la façon dont il décrit l’attitude du monde :

La qualité de la personne n’influe en rien sur le sentiment qui me porte à aimer celui de qui je suis véritablement aimé. La preuve c’est que je suis affectionné d’une manièr[e] incroyable aux domestiques qui me sont vraiment attachés; je me sépare avec peine d’eux , j’éprouve un déchirement en les quittant, je m’intéresse à leur bonheur, et n’oublie rien pour le leur procurer, et cela non par magnanimité ni grandeur d’âme, je n’agis par ce motif qu’avec les indifférents, mais par sentiment, par tendresse, il faut que je le dise par amitié.

L’autoportrait d’Eugène pour son directeur spirituel, en 1808, E.O. XIV n. 30

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1 réponse à VOUS ÊTES ESCLAVES DE CEUX QUI PAYENT VOS SALAIRES

  1. Denyse Mostert dit :

    Si les « esclaves » d’aujourd’hui ont changé de nom, leur réalité demeure. Une triste vérité, exprimée dans une phrase devenue courante : « Les riches deviennent de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres ». Notre premier mouvement est d’abord de l’appliquer aux pays dits « sous-développés » ou « en voie de développement ».

    Et chez nous ? Aucune exploitation dans une société qui se réclame d’une Charte des Droits ? Encore à voir ! La liste complète des situations d’injustice vécues dans notre pays pourrait se révéler très longue et très déprimante.

    Qu’on pense seulement aux personnes obligées de faire appel à l’aide sociale, ceux-là que nous appelons parfois, et de façon méprisante, les BS. ! .Qu’on pense à ces familles monoparentales qui peinent à conjuguer éducation des enfants et pain quotidien ! Et encore ce petit chef d’entreprise acculé à la faillite… Et à tous ceux-là qui ne reçoivent qu’un salaire minimum, etc…

    En-dehors de ces considérations matérielles, qu’en est-il de cette personne au langage qu’on qualifie souvent de « très ordinaire ». ? Avons-nous cherché le pourquoi d’une instruction en apparence aussi sommaire ? Regardons-nous du même œil la dame vêtue à la dernière mode ou celle dont les vêtements n’en sont pas à leur première saison d’usage ?

    Cette énumération pourrait se poursuivre indéfiniment !

    Comme il l’a fait pour les « domestiques, cultivateurs (et les) paysans » de son époque, saint Eugène aurait des raisons de poser la même question à bien de nos contemporains : « Qu’êtes-vous aux yeux du monde ? »

    Ce serait une grande grâce si nous devenions capables de reprendre, à notre compte et en toute sincérité, ces mots de notre Fondateur : «La qualité de la personne n’influe en rien sur le sentiment qui me porte à aimer… ».

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