DES HOMMES SI IMPARFAITS QUI ONT TROMPÉ MES ESPOIRS

Nous avons vu les idéaux optimistes et nobles et les rêves d’Eugène et des missionnaires à propos du premier groupe d’Oblats envoyé au Canada. Maintenant, un an plus tard, les fissures ont commencé à apparaître. Il est normal, dans toute entreprise humaine, de rencontrer des malentendus, d’échouer, de blâmer les autres et d’éprouver du découragement. Eugène, cependant, ne supporte pas ce comportement et sa nature passionnée transparaît dans sa réaction.

L’un des missionnaires au Canada, Lucien Lagier, âgé de 28 ans, avait été influencé négativement par un autre membre de l’équipe et avait écrit une lettre de reproche à certaines personnes en Europe, ce qui avait été porté à l’attention d’Eugène.

J’ai lu une lettre de ce petit Lagier, qu’il faudrait faire brûler par la main du bourreau tant elle est indigne d’un homme qui aurait seulement les premières notions de ses devoirs. J’ai subi la loi de la nécessité en envoyant si loin, pour remplir une si belle mission, des hommes si imparfaits qui ont trompé toutes mes espérances et qui travaillent à détruire ce que Dieu avait fondé. J’en suis malade de chagrin.

Lettre au père François Bermond, 8 septembre 1842, EO I n 12

Eugène continue de bouillir et de déverser ses sentiments dans son journal intime.

Les choses n’iraient pas moins bien en Amérique si le p. Baudrand n’y semait cette division intestine qui a inspiré au pauvre Lucien Lagier cette sotte lettre…

Voici la lettre que ce jeune frère a l’insolence de m’écrire. Il est bon de conserver de pareils titres au jugement que l’on doit porter des hommes faux que l’enfer a introduits parmi nous… quelle effronterie, oser dire cela en face à son supérieur, à un évêque, lui remontrer son devoir auquel, selon lui, il a manqué, tandis que personne n’a jamais lu dans la règle une pareille disposition contraire au bon sens et aux premières notions d’une administration régulière

Journal d’Eugène de Mazenod, 20 septembre 1842, EO XXI

L’irritation et la déception d’Eugène à l’égard du père Lagier ne durent pas longtemps et il reconnaît la bonté de ce missionnaire qui a donné les 32 années suivantes de sa vie dans un service généreux et fructueux au peuple canadien.

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