EN FUT-IL UN SEUL QUI NE ME DONNAT EN RETOUR DU BIEN QUE JE LUI PROCURAIS LES PREUVES DE LA PLUS SINCÈRE RECONNAISSANCE?

Eugène continue à réfléchir dans son journal sur la réaction enthousiaste des Aixois aux bénédictions de son ministère.

Cependant le temps arriva où il me fallait reconnaître que tous les hommes ne me ressemblaient pas. D’abord je ne rencontrai que des petites jalousies dont j’étais bien dédommagé par l’enthousiasme du dévouement populaire qui se manifesta énergiquement dans plusieurs occasions et, entre autres, lors de la maladie qui me mit à deux doigts de la mort

C’était dans le contexte du conflit avec le chapitre de la cathédrale au sujet des écrans de chœur que le père de Mazenod avait fait enlever pendant la mission de la ville en 1820. Cf. J. Leflon, Mgr de Mazenod, II,

et quand je fus porté en triomphe de la métropole à la Mission par une foule qui voulait me venger d’un outrage qu’elle croyait que j’avais reçu . Ma voix seule put calmer son courroux. Bonne ville d’Aix, plût à Dieu ne fussé-je jamais sorti de tes murs. J’aurais consumé ma vie à la sanctification de tes enfants, de tout ton peuple, et je n’aurais recueilli que des consolations en retour de mon dévouement! Mais que serait devenue la parole que nul n’est prophète dans son pays. Il fallait qu’elle se vérifiât cette parole, si ce n’est dans mon pays natal, du moins dans celui que je fus forcément obligé d’adopter.

Ce n’est pas le cas à Marseille où il a connu beaucoup de souffrances personnelles et de rejet de la part de la population lorsqu’il y a été vicaire général à partir de 1823.

C’est à Marseille que je devais rencontrer toutes les amertumes qui m’ont fait expier le charme de mes premières années passées si délicieusement dans les douceurs d’un amour réciproque avec tout ce qui m’entourait et de l’empire exercé par mon coeur sur tous les coeurs d’une grande population reconnaissante et dévouée. Que dis-je d’une grande population! Et tous ces pays que j’avais évangélisés dans l’espace de neuf ans que je consacrai aux saintes missions! En fut-il un seul qui ne me donnât en retour du bien que je lui procurais et du dévouement avec lequel il me voyait sacrifier mon existence et l’on peut dire ma vie pour la ramener à Dieu, les preuves de la plus sincère reconnaissance.

Journal d’Eugène de Mazenod, 31 mars 1839, EO XX

Ce contenu a été publié dans Uncategorized. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

1 réponse à EN FUT-IL UN SEUL QUI NE ME DONNAT EN RETOUR DU BIEN QUE JE LUI PROCURAIS LES PREUVES DE LA PLUS SINCÈRE RECONNAISSANCE?

  1. Denyse Mostert dit :

     » EN FUT-IL UN SEUL QUI NE ME DONNAT EN RETOUR DU BIEN QUE JE LUI PROCURAIS LES PREUVES DE LA PLUS SINCÈRE RECONNAISSANCE?  »

    La vie d’Eugène fut un long parcours d’outrages et de reconnaissances, pas toujours faciles à comprendre que son Journal du 31 août 1839 mentionne longuement.

    Croyant au préalable que tous les hommes ne lui ressemblent pas, il lui faut subir « des petites jalousies » d’ailleurs vite effacées par « l’enthousiasme du dévouement populaire ». En exemple, tant d’énergiques prières, particulièrement lorsque la maladie le met « à deux doigts de la mort ».

    Il mentionne aussi le triste conflit de 1820, avec le chapitre de la cathédrale au sujet des enfants ce chœur. (Cf. J. Leflon, Mgr de Mazenod, II ) « Bonne ville d’Aix… écrit-il,j’aurais consumé ma vie à la sanctification de tes enfants, de tout ton peuple, et je n’aurais recueilli que des consolations… » Eugène de Mazenod, homme devenu prêtre n’a effacé en aucun cas sa condition humaine et les éloges qui font du bien. Cependant, orientant sa pensée vers sa mission, il ajoute : « Mais que serait devenue la parole que nul n’est prophète dans son pays ? » Le missionnaire sait répondre à cette question. « Il fallait qu’elle se vérifiât cette parole, si ce n’est dans mon pays natal, du moins dans celui que je fus forcément obligé d’adopter. »

    Mais, ce n’en est pas fini des amertumes terrestres. Eugène avoue : « C’est à Marseille que je devais rencontrer toutes les amertumes qui m’ont fait expier le charme de mes premières années. » On peut alors se dire qu’une telle volteface fût bien pénible au cœur du prêtre de la Miséricorde que nous avons appris à connaître ! Qu’en fut-il de tous ces pays qu’il avait évangélisés ? L’un d’eux aurait-il remercié le Seigneur pour leur Pasteur ?

    Voici quelles tristesses des âmes sans reconnaissance peuvent faire jaillir dans le cœur des meilleurs. Voici la conduite que je tenterai d’adopter envers tant de personnes méritantes dans ma vie.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *