Au milieu de son service aux victimes de choléra, Eugène partage un moment de souffrance personnelle dans son journal.
L’affreuse maladie fait toujours de plus grands ravages. Je viens de visiter l’excellent Dauphin qui est à toute extrémité! Cet ancien bon et fidèle serviteur avait passé hier une partie de la matinée chez moi, où je l’avais décidé sans peine à mettre ordre à sa conscience. Il n’attendait que mon appel pour commencer sa confession. Plein de force et de santé, il a été saisi ce matin par le choléra et ce soir il a été administré. Je l’ai trouvé dans un état si déplorable qu’il est fort douteux qu’il passe la nuit. Le p. Tempier lui a donné charitablement ses soins. C’est l’homme que j’aimais le plus après ma famille et ceux que Dieu m’a donnés dans la congrégation. Je lui devais ces sentiments car très certainement il aimait moins son père et tout ce qu’il avait de plus cher, que moi. Mon âme est déchirée et de la perte d’un si brave homme et du spectacle des six enfants qu’il laisse à sa malheureuse femme, prête d’accoucher du septième.
Eugène de Mazenod, Le Journal, 1 Septembre 1837, EO XVIII
COMPASSION ET FOI…
Qui est cet « excellent Dauphin » que le Fondateur mentionne dans son Journal du 1 septembre 1837 ? Wikipédia nous dit que « Le titre de dauphin était attribué à sa naissance au fils aîné du roi de France régnant. En cas de mort du Dauphin, son frère cadet recevait à sa place le titre de dauphin. »
Au milieu de son service aux victimes de choléra, Eugène partage un moment de souffrance personnelle dans son journal. On y retrouve un homme à la fidélité proverbiale et un prêtre attentif à toute souffrance. Frappé par l’épidémie, le Dauphin occupe ici sa pensée. Comment ne pas revenir sur cet ami « plein de force et de santé » avec qui il a passé quelque temps la veille et qu’il retrouve « ce matin saisi par le choléra » au point d’avoir reçu le sacrement des malades secouru par les soins charitables d’Henri Tempier.
L’aveu est clair : « C’est l’homme que j’aimais le plus après ma famille et ceux que Dieu m’a donnés dans la congrégation », écrit Eugène. Et il revient sur la perte de ce père de six enfants et une épouse prête à accoucher du septième. Aucun faux-fuyant pour masquer cette douleur qui semble alors prendre toute la place. Cependant, homme de Dieu, Eugène sait que le Seigneur veillera sur lui en temps voulu. Ce sera alors le moment de l’acceptation douloureuse qui avait commencé à germer dans son cœur.
Gardons en nous cet exemple, semblable en bien des manières à celui du Sauveur cherchant à comprendre le pourquoi de l’inévitable crucifixion.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Dauphin_(titre)