IL EUT SUBI CETTE INJUSTICE ATROCE SI LE BON SEIGNEUR NE M’AVAIT ENVOYE

Eugene était venu à Gap pour célébrer une ordination, mais elle fut annulée au dernier moment.

Mais le bon Dieu ne m’appelait pas à Gap pour cela. Il était dans le fond d’un cachot un homme livré à l’exécration publique, un grand criminel, un scélérat condamné au dernier supplice, qui attendait [p. 150] une dernière réponse de Paris pour se voir traîner à l’échafaud. Ce malheureux, abandonné des hommes, n’a pas été sourd à la voix du ministre de la religion qui était venu lui apporter des paroles de paix. Il est rentré en lui-même, il s’est confessé de ses péchés et ses dispositions ont paru si excellentes que ce ministre l’a réconcilié avec Dieu.  

Eugène, qui a toujours vu les personnes abandonnées à travers les yeux du Sauveur crucifié, ne pouvait tolérer l’injustice de ne pas venir en aide par les sacrements aux criminels en attente d’exécution.

Le voilà dans son cachot, uniquement occupé de son salut. Il n’y a plus rien à faire pour lui que de le confier à la miséricorde de Dieu. Ainsi le veut l’horrible préjugé, le barbare abus qui refuse impitoyablement tout autre secours religieux à l’homme condamné à mort. N’importe qu’il y ait un précepte divin de communier à la mort, n’importe que le pécheur réconcilié avec Dieu soit tenu de satisfaire à la communion annuelle qui le presse chaque jour. Non, le préjugé a dit qu’il y avait inconvenance à donner le corps de Jésus-Christ à un condamné, on l’empêchera de satisfaire à ce grand devoir, on le privera violemment du droit qu’il a de participer à l’eucharistie dans son affreuse position. Il eût subi cette injustice atroce si le bon Dieu ne m’avait envoyé à Gap. Dieu soit mille fois béni!
… En attendant, je me charge de sanctionner par mon exemple la doctrine que j’enseigne. Aujourd’hui je suis allé dire la messe dans la prison.

Journal d’Eugène de Mazenod, 16 juillet 1837, EO XVIII

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Une réponse à IL EUT SUBI CETTE INJUSTICE ATROCE SI LE BON SEIGNEUR NE M’AVAIT ENVOYE

  1. Denyse Mostert dit :

    « IL EUT SUBI CETTE INJUSTICE ATROCE SI LE BON SEIGNEUR NE M’AVAIT ENVOYÉ… » Journal d’Eugène de Mazenod, 16 juillet 1837

    Bien d’autres malheureux furent comme la célèbre Germaine, réconfortés par la Miséricorde de Dieu. Dans son Journal du 16 juillet 1837, Eugène prend des notes qui rappelleront l’incroyable Amour de Dieu pour ses enfants.

    Le récit suivant se passe à Gap où Eugène se trouve ce jour-là pour une toute autre raison que d’apporter les derniers sacrements à un criminel endurci. Voici le récit qu’il en fait : Il était dans le fond d’un cachot, écrit-il « un homme livré à l’exécration publique, un grand criminel, un scélérat condamné au dernier supplice, qui attendait une dernière réponse de Paris pour se voir traîner à l’échafaud. » Selon les diktats religieux de l’époque ce prisonnier sait que plus rien d’autre ne peut être fait pour lui que de s’en remettre à la volonté de Dieu. On peut même se demander s’il a été capable d’une aussi haute pensée… Le voilà donc dans son cachot aux prises avec le diktat religion de l’époque. Ainsi le veut l’horrible préjugé, le barbare abus qui refuse impitoyablement tout secours religieux à l’homme condamné à mort. Incroyable injustice de le voir appliqué dans toute sa rigueur !

    Revenant à sa propre présence dans la prison, Eugène note d’une main ferme : «Il eût subi cette injustice atroce si le bon Dieu ne m’avait envoyé à Gap. Dieu soit mille fois béni! ». Et on voit le malheureux maintenant ouvert à l’enseignement du prêtre tenant sa pensée orientée vers le Seigneur.

    Comme toujours Eugène de Mazenod se propose de sanctionner par son exemple la doctrine qu’il enseigne. Attitude d’ailleurs demandée à chaque messager de la Bonne Nouvelle !

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