La spiritualité d’Eugène fut toujours centrée sur Jésus, le Sauveur – une vision qu’il travaillait à reproduire dans sa vie quotidienne. Prenant l’image du peintre, il écrivit quand il était séminariste:
Se conformer à Jésus-Christ:
Similitude du peintre qui copie un modèle.
Il le place dans le meilleur jour,
il le regarde attentivement,
il le fixe,
il tâche d’en imprimer dans son esprit l’image,
il trace ensuite sur le papier ou sur la toile quelques traits qu’il rapproche de l’original,
il les corrige s’ils ne sont pas exactement conformes, autrement il continue…
Livre d’exercice non publié, dans les Archives de la Maison Générale
des OMI à Rome
Eugène ne vise pas à se transformer lui-même comme l’exacte reproduction photographique de Jésus le Sauveur. Cela est irréaliste et impossible. Comme un artiste, la spiritualité d’Eugène consiste à se centrer avec intensité sur le modèle, et à permettre alors que ce modèle s’exprime lui-même à travers la vision de l’expérience et de la compréhension de l’artiste concernant la personne humaine et le monde dans lequel il vit. Différents artistes comme les peintres d’icônes ou Michel-Ange ou Picasso ou les sculpteurs ou les poètes ou les acteurs ou les cinéastes étudient le même modèle, mais présentent une vue personnelle. De chacun d’eux, nous apprenons et sommes enrichis.
Comme nous explorons la spiritualité mazenodienne, j’aimerais employer cette image pour réfléchir sur le fait qu’Eugène fut un artiste spirituel et comment il reflète son modèle, Jésus Crucifié.
Quel est votre image ou modèle pour votre propre expression et croissance spirituelle?
“La spiritualité chrétienne spécifique est celle qui est centrée sur l’expérience de Dieu comme sauveur par Jésus… Dans chaque situation, notre instinct est de “regarder vers Jésus” (Héb 12:2). Du commencement à la fin, la forme de la spiritualité est l’imitation du Christ.” Luke Timothy Johnson
Livre d’exercice non publié, dans les Archives de la Maison Générale
des OMI à Rome.
Excellente cette image du peintre qui examine d’abord son modèle pour tracer « ensuite sur le papier ou sur la toile quelques traits qu’il rapproche de l’original.» Rassurante aussi qui balaie l’impossible tâche de devenir nous-mêmes d’autres Christ.
Et d’une logique à toute épreuve : peut-on imaginer un monde de clones au à la perfection uniforme ? L’existence en serait, peut-on avancer, plus paisible. Mais que deviendrait dans, ce monde parfait, notre liberté personnelle, celle qui nous rapproche de Jésus Christ, nous fait grandir et sait faire naître tant de joies et de liens indissolubles ?
Eugène a compris qu’une symbiose de ce genre serait indigne des enfants de Dieu que nous sommes. Qu’un chemin différent nous attend qui, loin de nous dépouiller de nous-mêmes, nous fera réaliser combien chacun peut faire de sa vie le chef-d’œuvre conforme du Nazaréen. Chacun dans sa diversité, avec ses forces et ses faiblesses. Avec dans le coeur l’image du modèle à imiter.
« Image ou modèle pour notre propre expression et croissance spirituelle? », questionne Frank. Mille et une raisons peuvent être invoquées selon les étapes de la vie de chacun.
Pour moi, la synthèse s’en trouvera dans la chance, ou mieux encore dans la Providence. La Providence qui a toujours suscité sur ma route les personnes qui m’ont appris à aimer et à suivre Jésus Christ. Celle aussi qui m’a fait comprendre que j’avais à demeurer moi-même. Et combien ma façon de vivre se devait d’être le reflet du Modèle que j’ai choisi de reproduire.