Tout en méditant sur le thème de la mort lors de sa retraite, Eugène réfléchit sur sa condition de prêtre devant la mort et sur le principe de la nécessité de vivre ce que l’on prêche.
Et ces moyens de salut négligés. Ces sacrements reçus et administrés. Quel parti en avaient tiré les saints, et vous, quel usage en avez-vous fait? Cette parole sainte que vous avez prêchée, combien de belles vérités avez-vous annoncées pendant votre ministère? Vous conjuriez les pécheurs de revenir à Dieu, etc. Vous étiez intarissable sur les conseils que vous ne refusiez à personne sur la manière dont on doit s’approcher des sacrements pour se les rendre utiles, etc. A l’heure de la mort vous vous souviendrez d’avoir bien parlé, donné de bons conseils, etc., mais comment vous excuserez-vous de n’avoir pas pratiqué ce que vous savez si bien dire aux autres?
Notes de retraite, décembre 1814, E.O. XV n. 130
« J’ai entièrement perdu l’esprit intérieur, aussi j’ai agi bien souvent en homme et en homme très imparfait. » Tant il est vrai que l’on ne peut bien parler que de ce qui nous habite, ce sont les conséquences de l’état de l’intense surmenage qu’il a vécu qu’Eugène évoque sans indulgence aucune dans ces lignes. « Les sacrements reçus et administrés, cette sainte Parole prêchée », les pressants conseils « de revenir à Dieu », tout cela même qui constitue le ministère sacerdotal, a-t-il fait de lui un prêtre digne de Jésus Christ ? « À l’heure de la mort » sa conscience va-t-elle lui en adresser le reproche ?
Ne pouvons-nous également ressentir une inquiétude similaire devant l’incohérence entre ‘’dire’’ et ‘’faire’’ qui est parfois la nôtre? Allons-nous permettre à des scrupules paralysants de nous envahir ?
Ce serait oublier notre « Dieu de tendresse et d’amour » (ps. 144) et la promesse qu’il nous adresse par le prophète (Isaie 41-13-20) « Ne crains pas… je viens à ton secours. »