En envoyant ses vœux à tous les Oblats, Eugène les assure à quel point il apprécie d’être accompagné de leurs prières durant son voyage.
Je sens tous les jours davantage le bon effet de leurs prières, ce qui, joint à l’indignation que me font éprouver un tas de prêtres qui disent la messe de manière à me déchirer le cœur, parviendra à me donner un peu de ferveur. Adieu.
Lettre à Henri Tempier, 3 novembre 1825, EO VI n. 204
Il insistait toujours sur la liturgie que l’on devait célébrer d’une manière digne de son importance, et il « avait toujours mal au cœur » quand cela n’était pas fait et que Dieu était ainsi déshonoré. Il exprime encore ainsi ce sentiment durant son voyage :
Le lendemain dimanche, nous nous arrêtâmes à Tende, au pied du fameux col de ce nom, dont la cime était déjà toute couverte de neige. Je dis la sainte messe à la paroisse. De ma vie je n’ai rien vu de plus sale que l’amict, l’aube et la nappe d’autel; c’est au-delà de toute expression.
Lettre à Henri Tempier, 8 novembre 1825, EO VI n. 205
« L’adoration est une façon de voir le monde à la lumière de Dieu. » Abraham Joshua Heschel
1825.
Tout au long du voyage vers Rome, le Fondateur célèbre l’Eucharistie dans les paroisses rencontrées sur son chemin.
Expériences nouvelles, et pas des plus édifiantes ! En novembre le P. Tempier reçoit une lettre indignée au sujet « d’un tas de prêtres qui, fulmine Eugène, disent la messe de manière à me déchirer le cœur. » Ailleurs, c’est une sévère description des lieux qu’il sert à son ami. « De ma vie je n’ai rien vu de plus sale que l’amict, l’aube et la nappe d’autel; c’est au-delà de toute expression. »
Nous voici en effet bien loin du respect amoureux du Fondateur envers l’Eucharistie! « Si l’adoration a beaucoup d’importance dans sa vie de prière, elle ne se sépare pourtant jamais de la célébration eucharistique elle-même, dont elle est le prolongement naturel » écrit à ce sujet le Dictionnaire des Valeurs Oblates. (*) Il va sans dire que ce grand Mystère réclame une attitude et un environnement susceptibles d’en faire saisir toute la profondeur.
Expérience vécue : le caractère répétitif du rite eucharistique occulte parfois la présence de Dieu. Faut-il vraiment attacher une importance exagérée au fait de vivre certaines célébrations le cœur sec et l’esprit absent ? Dieu n’est-il pas plus grand que notre cœur, que nos émotions ? Ne choisit-il pas le moment qu’il juge sien pour se manifester à nous ?
Il m’est arrivé de sortir d’une célébration l’esprit vide, incapable de me rappeler ne serait-ce qu’un mot des lectures entendues. Et puis, tout d’un coup, en plein milieu d’une occupation toute ‘’profane’’, une parole me revenait qui le plus souvent me faisait découvrir un sens riche et inattendu qui allait me nourrir longtemps…
(*)http://www.omiworld.org/dictionary.asp?v=10&vol=1&let=E&ID=1098