Tout n’était pas que rose dans la Congrégation de la Jeunesse! Eugène visait à rassembler de jeunes hommes qui étaient capables de former un groupe d’élite qui serait une force de transformation de la ville. Toute personne qui était incapable d’être formé de cette façon et qui ne présentaient aucun signe de vouloir changer en était expulsé de peur que leur mauvais exemple ne soit préjudiciable à d’autres membres.
Ont été chassés de l’Association, (deux noms suivent) dont on a oublié d’inscrire l’admission en son temps. Le motif de cette expulsion est l’obstination que ces Messieurs ont mis à vouloir continuer de fréquenter mauvaise compagnie. (Nom) qui n’avait été admis qu’après une longue épreuve et des promesses réitérées de se bien conduire a été également chassé comme incorrigible et plus propre à polissonner dans les rues qu’à profiter des bons exemples de MM. les membres de l’Association.
Journal de la Congrégation de la Jeunesse, le 12 décembre 1813, E.O. XVI
Ont été chassés (deux noms). Ces deux Messieurs avaient été reçus un peu légèrement à l’époque de leur première communion sur la présentation de M. l’abbé Laty, vicaire de Saint-Sauveur. On ne conçut pas une grande espérance en les voyant, et on s’est confirmé dans la persuasion qu’ils n’étaient point propres à faire partie d’une société d’élite comme est l’Association. Ils ne doivent s’en prendre qu’à eux-mêmes de la honte qui rejaillit nécessairement sur leur personne par une aussi déshonorante expulsion.
Journal de la Congrégation de la Jeunesse, le 3 janvier 1814, E.O. XVI
La plupart des extraits du Journal de la Congrégation nous montrent surtout un père heureux d’avoir arraché ses enfants aux dangers de la rue, un prêtre heureux de leur apprendre Jésus Christ et un missionnaire reconnaissant d’être témoin de l’éclosion de futurs apôtres. .
On en oublie presque de quel milieu ils ont été arrachés. Le texte du 3 janvier 1814 nous fait en quelque sorte retomber sur terre. Eugène, lui, ne s’est pas caché la difficulté de la tâche qu’il entreprend… « Un lycéen de 15 ans, un élève d’une école préparatoire, d’une école militaire, de l’école polytechnique, un page, etc., sont autant d’impies dépravés qui ne laissent presque plus d’espoir à leur retour aux bonnes mœurs… »
Si on communie à sa joie devant l’affection, la constance et le cheminement spirituel de la plupart des Congréganistes, on devine aisément sa grande souffrance de devoir se séparer de ceux-là dont la conduite ne montre aucun signe d’amélioration.
Les motifs de ces renvois sont très clairs. Ici Eugène cite deux jeunes qui s’obstinent « à vouloir continuer de fréquenter mauvaise compagnie ». Là c’est un autre qui « a été également chassé comme incorrigible et plus propre à polissonner dans les rues qu’à profiter des bons exemples de MM. les membres de l’Association. » Et dans le journal du 3 janvier 1814 est consigné le départ de deux autres, « admis un peu légèrement ils est vrai » et après essai, déclarés impropres à faire partie de l’Association.
Des décisions difficiles prises pour le bien commun. Des décisions certainement précédées de beaucoup de réflexion, d’une intense prière et d’un long conciliabule avec les collaborateurs d’Eugène de Mazenod.