Quelques jours après la retraite d’Aix, durant laquelle la communauté avait fait la paix avec la situation, Eugène passa quelque temps avec l’Archevêque d’Aix, et cette situation fut dès lors mise au clair, comme Leflon le raconte :
Les surnaturelles dispositions du Supérieur, qui accepte de tout subir afin de sauver son institution, la versatilité du prélat, qui suivait ses impulsions contradictoires et successives, permirent, le 8 novembre, de détendre enfin cette pénible situation. Leur entretien « se termina à la satisfaction des deux interlocuteurs » (2). En décembre, une seconde visite du P. de Mazenod, sur invitation de l’archevêque, accuse davantage encore l’évolution de celui-ci : Il « a supplié le P. Supérieur de tout oublier, mande Courtès à Suzanne. Il l’a comblé d’honnêtetés ». Bien plus, M. de Bausset, qui menaçait, quelques semaines plus tôt, de renvoyer tous les Missionnaires de Provence, se déjuge sans vergogne en sollicitant le concours de l’un d’eux pour l’aumônerie de l’hôpital d’Aix.
Leflon II p. 268
« La patience, la persistance et la sueur font une combinaison imbattable en vue du succès.» Napoleon Hill
Les bienfaits de la retraite qui a ramené la paix parmi la communauté ne vont pas s’arrêter là. Il reste maintenant une harmonie à reconstruire avec l’Archevêque d’Aix.
Quelles que soient la grandeur des« dispositions surnaturelles » du Fondateur, la démarche s’avère difficile. Car enfin, si on pense aux propos désobligeants et surtout à l’incroyable menace de dissolution de la Société proférée par M. de Bausset, le tout paraît pratiquement impossible.
C’est ici qu’Eugène de Mazenod va, une fois de plus, vivre héroïquement son oblation. Ici que son amour de Dieu et de la Société confondus vont le pousser à « tout subir pour sauver son institution ».
C’est ici aussi que la grâce de Dieu va se manifester. L’instabilité de l’Archevêque aidant, la grande foi et les arguments solides du Fondateur vont faire le reste. «Leur entretien se termina à la satisfaction des deux interlocuteurs ». note Leflon.
Le revirement de Mgr de Bausset est complet. Lors d’une seconde rencontre, « il a supplié le P. Supérieur de tout oublier… mande le P. Courtès à Marius Suzanne. » Peu après il ira même jusqu’à demander un Missionnaire de Provence pour l’aumônerie de l’hôpital d’Aix !
Il y a dans toute cette histoire, de l’injustice, de la colère, de la douleur, et finalement la manifestation d’une foi qui va conduire au retour de la paix. Tant de choses que nous pourrions avoir à vivre un jour ou l’autre ! Tant de force aussi que Dieu peut nous accorder comme il l’a fait pour saint Eugène !