JE GARDERAI FIDÈLEMENT MES VŒUX, EN TÂCHANT DE CONFORMER MA CONDUITE EXTÉRIEURE À CE QUE L’ÉVÊQUE PRESCRIT, POUR NE PAS TROUBLER L’ORDRE PUBLIC

À mesure qu’Eugène réfléchit sur le conflit avec les évêques environnants concernant le statut des Oblats dans leurs diocèses, cela devient l’occasion pour lui de clarifier sa pensée sur la signification de leurs vœux. Il relève d’abord que les Oblats, au sein d’un diocèse donné, n’ont jamais posé aucun geste de révolte ou de méfiance vis-à-vis de l’évêque, mais plutôt qu’ils ont essayé de coopérer avec lui en tout temps, pour le bien des gens de son diocèse.

Un évêque n’a pas le droit de nous empêcher de faire des vœux, surtout quand ceux qui les font ne prétendent pas se révolter contre les ordres qu’il pourra leur donner, en attendant que le Saint-Siège prononce. Il ne peut pas en dispenser ceux qui n’ont pas recours à lui pour cela, encore moins peut-il les déclarer nuls. Je regarde tout ce dont on nous menace comme un abus de pouvoir. Quelle occasion avons-nous donnée aux plaintes de Monseigneur l’archevêque? Il n’est point de prêtres dans le diocèse qui aient vécu dans une plus grande soumission et une dépendance plus absolue. Peut-on nous accuser d’un seul acte d’insubordination ou de révolte?

En réalité, leur choix de la vie religieuse et de l’émission des vœux était destiné à les rendre des missionnaires plus dévoués et plus centrés sur Dieu :

Quoi! parce que, pour vivre plus saintement et nous rendre plus dignes de notre ministère, nous voulons suivre et pratiquer les conseils évangéliques, nous serions criminels! Nous aurions porté atteinte aux prérogatives de l’épiscopat! Nous mériterions l’anathème et la proscription! C’est donner trop d’étendue au ‘Promitto’.

Il affirme alors la validité des vœux et son intention de vivre, à travers eux, son engagement envers Dieu.

Que m’importe donc que l’on regarde mes vœux comme nuls? Ils ne le sont pas pour cela; or, s’ils ne le sont pas, qui m’empêchera de les renouveler mille fois par jour? Oui, jusqu’à ce que le Saint-Siège décide le contraire, je croirai avoir le droit de me priver volontairement de la faculté de recourir à l’autorité de l’évêque pour me dispenser des vœux que j’ai voulu contracter à perpétuité; je croirai que l’évêque ne peut pas annuler mes engagements; que s’il prétend m’en dispenser, et que je sois convaincu que c’est sans raisons légitimes, je regarderai sa dispense comme non avenue. Je garderai fidèlement mes vœux, en tâchant de conformer ma conduite extérieure à ce que l’évêque prescrit, pour ne pas troubler l’ordre..

Lettre à Hippolyte Courtès, 29 octobre 1823, EO VI n. 117

 Clairement, de façon à prévenir une telle confusion à l’avenir, Eugène aurait à s’approcher du Pape pour rendre officiel leur statut dans l’Église. C’est ce qui arrivera deux ans plus tard, le 17 février, 1826. Dans l’histoire de l’Église, la question de l’autorité de l’Évêque sur les congrégations religieuses au sein de son diocèse n’a pas toujours été claire. Notre Règle de Vie actuelle a choisi le mot « communion » comme le mot-clé pour vivre cette relation au sein d’un diocèse.

Par amour de l’Église, les Oblats accomplissent leur mission en communion avec les pasteurs que le Seigneur a placés à la tête de son peuple; ils acceptent loyalement, avec une foi éclairée, l’enseignement et les orientations des successeurs de Pierre et des Apôtres.

Dans les Églises locales où ils travaillent, ils coordonnent leur activité missionnaire avec la pastorale d’ensemble et collaborent en esprit de fraternité avec les autres ouvriers de l’Évangile.

CC&RR Constitution 6

 

« À mesure que je visite les Oblats autour du monde, je vois comment nous sommes près des pauvres, comment nos vies sont marquées au coin de la simplicité et de la proximité. Je suis convaincu de la nécessité de notre charisme dans la vie de l’Église. Nous amenons les gens tout près de l’Église, , du Corps du Christ, et dans notre proximité vis-à-vis des pauvres, nous recevons le Christ tout autant. » P. Louis Lougen OMI, Supérieur général.

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1 réponse à JE GARDERAI FIDÈLEMENT MES VŒUX, EN TÂCHANT DE CONFORMER MA CONDUITE EXTÉRIEURE À CE QUE L’ÉVÊQUE PRESCRIT, POUR NE PAS TROUBLER L’ORDRE PUBLIC

  1. Denyse Mostert dit :

    De long en large, Eugène de Mazenod expose au P. Hippolyte Courtès les étapes de la ferme décision f qu’il vient de prendre.

    D’abord l’indignation : «Quoi! parce que, pour vivre plus saintement et nous rendre plus dignes de notre ministère, nous voulons suivre et pratiquer les conseils évangéliques, nous serions criminels !… Puis le refus. Pas question d’entériner ce qu’il considère comme un insupportable abus de pouvoir. « C’est donner trop d’étendue au ‘Promitto’.»

    On sait l’importance des vœux dans la Société… et comment ils soutiennent une action missionnaire parfois ardue. Bien franchement, une révolte musclée pourrait éclater pour moins que cela !

    Mais le Fondateur, ce religieux convaincu, est aussi le prêtre indéfectiblement fidèle à son Église. Jusqu’à avis contraire du Pape, il n’aura aucun recours «à l’autorité de l’évêque pour [le] dispenser des vœux [qu’il a voulu contracter] à perpétuité » précise-t-il au P. Courtès. Mieux encore : toute dispense éventuelle serait considérée comme non avenue.

    Qui par ailleurs pourrait se plaindre de celui qui décide « de garder fidèlement [ses] vœux, en tâchant de conformer [sa] conduite extérieure à ce que l’évêque prescrit, pour ne pas troubler l’ordre » ?

    Raisonnement d’une grande logique qui semble aller de soi. On ne peut cependant passer sous silence l’ampleur du débat intérieur auquel le Fondateur a dû faire face pour en arriver à situer avec justesse la place de chacun dans toute cette affaire…

    Raisonnement rigoureux et foi inébranlable… voici en fait les deux facteurs susceptibles d’éviter le pire et de laisser, fut-ce de loin, entrevoir le dénouement de cette triste histoire.

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