DES TENTATIVES POUR FAIRE D’EUGÈNE UN ÉVÊQUE

Les « Mélanges historiques » de Jeancard nous apprennent en revanche qu’en guise d’effusions, le Grand Aumônier manifesta la plus vive surprise de trouver si leste et si plein de vigueur un élu qu’on lui représentait tout autre. Après avoir complimenté de sa « verte vieillesse » le successeur de saint Lazare, Mgr de Croÿ ajouta : « Si je n’eusse pas cru que vous étiez accablé par l’âge, nous ne vous aurions pas laissé votre neveu ; il eût été appelé en même temps que vous à occuper un siège épiscopal. Mais ce qui n’a pas été fait peut encore se faire. — C’est impossible, répliqua l’évêque nommé, mon neveu m’est nécessaire, je dois le garder avec moi. »

Le P. de Mazenod, pour son compte, repoussa non moins péremptoirement les propositions du cardinal, appuyant son refus d’une raison supplémentaire : les intérêts vitaux de son oeuvre naissante, les missions de Provence. Le Grand Aumônier ne se tint pas pour battu et, quelques jours plus tard, revint à la charge, en offrant Châlons-sur-Marne au Fondateur. Une seconde fois, pour les mêmes motifs, l’oncle, le neveu demeurèrent inébranlables ; et le prince de Croÿ consentit à céder provisoirement : « Eh bien ! Monseigneur, puisque vous voulez absolument que M. l’abbé reste auprès de vous, je vous le laisse ; mais sachez que je ne fais que vous le prêter » »

 Leflon, Volume 2, page 217

Le diocèse de Marseille avait été fermé par la Révolution et administré par l’Archevêque d’Aix. En conséquence, il n’avait pas eu d’évêque résidant durant 21 ans et aucune structure diocésaine. Pendant leur séjour à Paris, tout en attendant que les formalités pontificales et civiles soient menées à bien avant que Fortuné ne soit ordonné évêque, l’oncle et son neveu occupèrent leur temps à mettre en place les structures, à consulter des gens concernant les nominations à faire pour meubler le séminaire, à composer le chapitre de la cathédrale, à arranger les finances destinées à restaurer le palais épiscopal, etc.

 

« Lorsque vous devenez Président, il y a toutes ces choses, les honneurs, le salut des vingt-et-un coups de canon, toutes ces choses. Vous devez vous rappeler que cela n’est pas pour vous. C’est pour la Présidence. » Harry S. Truman

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1 réponse à DES TENTATIVES POUR FAIRE D’EUGÈNE UN ÉVÊQUE

  1. Denyse Mostert dit :

    1823. Voici donc Mgr Fortuné de Mazenod pasteur du diocèse de Marseille. On se souvient de ses hésitations et comment il n’a accepté ce poste qu’assuré du soutien d’Eugène.

    Lors de l’intronisation officielle, le Grand Aumônier Mgr Croïj ne peut cacher sa surprise. La vigueur du nouvel évêque ne correspond nullement à l’image qu’il s’était faite du septuagénaire vieillissant qui avait réclamé l’aide de son neveu. D’où son compliment un peu ambigu : « Si je n’eusse pas cru que vous étiez accablé par l’âge, nous ne vous aurions pas laissé votre neveu ; il eût été appelé en même temps que vous à occuper un siège épiscopal. Mais ce qui n’a pas été fait peut encore se faire… »

    Nul doute qu’une part de réalité se cache derrière la boutade à laquelle oncle et neveu auraient pu se prendre à réfléchir par après.

    Mais leur réaction est claire : « C’est impossible, répond l’évêque nommé, mon neveu m’est nécessaire, je dois le garder avec moi. » Tandis qu’Eugène réitère sa volonté de veiller sur « les intérêts vitaux de son oeuvre naissante, les missions de Provence. » Le Grand Aumônier reviendra une fois de plus à la charge mais devra s’incliner devant la volonté toujours aussi nette du Fondateur.

    Marseille, c’est l’évêché laissé par la Révolution « sans évêque résident » et à la structure diocésaine inexistante. Du pain sur la planche pour l’oncle et le neveu, qui, pendant les mois d’attente de la nomination officielle, se sont déjà mis à la tâche.

    « Mgr Fortuné de Mazenod fut pasteur du diocèse de Marseille de 1823 à 1837. » (*) Faut-il s’étonner de compter le P. Henry Tempier au nombre des Vicaires généraux qui vont le seconder ?

    Ce qui est remarquable par contre, c’est la charge de travail supplémentaire acceptée par ces deux Missionnaires de Provence déjà aux prises avec de lourdes responsabilités. Et bien sûr l’inaltérable fidélité qu’ils se sont promise l’un à l’autre et dans laquelle les intérêts de la Congrégation sont toujours premiers.

    http://www.omiworld.org/dictionary.asp?v=6&vol=1&let=M&ID=322

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