LES JEUNES QUITTENT L’ÉCOLE POUR ACCOMPAGNER LE PRÊTRE QUI DEVAIT DONNER LES DERNIERS SACREMENTS À EUGENE

Comment les membres de la Congrégation de la Jeunesse ont réagirent à ce qu’ils pensaient être la « mort imminente » d’Eugène.

Dès que j’eus obtenu qu’on m’apportât les sacrements que je croyais devoir être les derniers que je recevrais de ma vie, on en fut informé au collège . Aussitôt tous les congréganistes demandèrent spontanément de se retirer de leurs classes et ils se transportèrent précipitamment à l’église de Saint-Jean d’où le saint Viatique devait m’être porté. On leur remit des cierges, le Préfet et le Vice-Préfet se saisirent des fanaux, et au départ du cortège ils se rangèrent deux à deux immédiatement avant MM. les prêtres. Toute la ville m’a répété qu’on lisait sur leurs visages ce qui se passait dans leurs cœurs [9] dans ce moment où ils se voyaient en danger de perdre le meilleur et le plus cher de leurs amis.
J’attribue à leur recueillement et au spectacle touchant qu’ils donnaient en ce moment de leur piété pour Dieu et de leur affection pour moi, autant qu’à l’intérêt de mes concitoyens, cette extraordinaire affluence qui eut lieu à mon administration. L’état dans lequel ils me virent, la difficulté que j’eus pour dire quelques paroles avant de recevoir le corps de Notre Seigneur Jésus-Christ, les mit dans la plus grande peine; ils furent d’autant plus sensibles à ma situation que dans le peu de mots que j’avais pu proférer je m’étais occupé d’eux, mais leur inquiétude fut à son comble quand ils furent informés que j’avais perdu connaissance deux ou trois heures après avoir reçu les sacrements.

Journal de la Congrégation de la Jeunesse, mai 1814, E.O. XVI

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1 réponse à LES JEUNES QUITTENT L’ÉCOLE POUR ACCOMPAGNER LE PRÊTRE QUI DEVAIT DONNER LES DERNIERS SACREMENTS À EUGENE

  1. Denyse Mostert dit :

    Eugène de Mazenod continue à rapporter dans le Journal de la Congrégation de la Jeunesse les moments où il a été « aux portes de la mort ».

    Dans leur sobriété, les quelques mots dont il décrit son état physique montrent bien en effet que la menace est très sérieuse. Ceci étant spécifié, c’est de la présence des ses « concitoyens » et particulièrement des membres de la Congrégation de la Jeunesse si nombreux à son chevet, dont il désire qu’on se souvienne.

    On peut supposer des enfants recueillis par Eugène que plusieurs ont fait les « quatre cents coups », que ce ne sont pas « des enfants de chœur » mais bien des jeunes livrés à eux-mêmes dans une époque troublée. Derrière une conduite qu’on qualifierait probablement de « haïssable » aujourd’hui, le prêtre a discerné les enfants de Dieu. Au-delà des apparences il a lu le désir confus, informulé d’un épanouissement qui est impossible dans les conditions qui sont les leurs.

    De ce qu’il pense être son lit de mort, Eugène est troublé par leur grand désarroi devant la maladie. À ces jeunes on n’a rien caché de l’état de leur « père ». Ils savent tout de sa perte de « connaissance deux ou trois heures après avoir reçu les sacrements »…

    Vont-ils s’effondrer devant la perspective de perdre celui qui leur a montré le chemin « du salut » ? Vont-ils craindre de se voir replongés dans la vie infernale de laquelle la Congrégation de la Jeunesse les a sauvés ? Le contraire serait bien étonnant !

    Leur réaction est unanime. C’est ensemble qu’ils demandent « spontanément de se retirer de leurs classes », ensemble qu’ils vont former cortège avec « Préfet, Vice-Préfet… en se rangeant immédiatement avant MM. les prêtres ». « Toute la ville m’a répété qu’on lisait sur leurs visages ce qui se passait dans leurs cœurs dans ce moment où ils se voyaient en danger de perdre le meilleur et le plus cher de leurs amis », écrira Eugène de Mazenod dans le Journal.

    Et c’est ensemble qu’ils vont prier avec force pour conserver le père aimant et aimé qui leur a découvrir le sens de la vie et l’amour de Jésus Christ pour tous les hommes, sans exception.

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