La méthodologie d’Eugène est claire dans cet extrait. Il voulait être sûr que tous les membres ont été d’une telle qualité qu’ils soient capables de contribuer au bien de la population d’autres jeunes d’Aix. Il a toujours été une question d’être « levain » pour le bien commun:
Je leur ai fait un règlement qui est un petit chef d’œuvre, qu’ils observent avec une ponctualité admirable. Depuis que leur nombre s’est augmenté, nous avons pris une nouvelle forme; il faut des épreuves, etc., et n’y entre pas qui veut.
Si je n’y prenais garde, ces enfants me prendraient tout mon temps. Il semble qu’ils ne peuvent vivre sans moi, et je touche au doigt le bien que le Seigneur leur fait par mon ministère.
Lettre à Forbin Janson, juin 1814, E.O. XV n 125
Comme il serait bon de prendre connaissance de ce règlement qu’Eugène qualifie de « petit chef-d’œuvre » ! Ne serait-ce que pour évaluer ce qui sait si bien susciter une « ponctualité admirable ».
La quantité ou la qualité ? Eugène est clair là-dessus lorsqu’il est question d’admettre des membres. « N’y entre pas qui veut », écrit-il. Que voici donc une leçon à appliquer pour certains groupes d’aujourd’hui où le nombre semble parfois vouloir l’emporter sur la motivation des personnes.
Eugène ajoute des épreuves à son règlement. Une fois surmontées, elles vont parler d’un désir véritable de faire partie du groupe, d’une adhésion prise en connaissance de cause et d’une persévérance qui laisse prévoir une fidélité à long terme.
Je parle toujours avec joie de la formation dispensée par le P. Jean-Claude Gilbert o.m.i. au tout premier groupe des futurs Associés aux Oblats de Marie Immaculée du Cap-de-la-Madeleine dont je faisais partie. Tout y était : solidité de l’enseignement, invitation continue à chercher au-dedans de nous nos motivations, prise de conscience de la transformation que ne manquerait pas de susciter un engagement sérieux.
Les épreuves se présentaient parfois par les accrochages inhérents à tout groupe humain; nous avions alors l’occasion d’y développer le respect de l’autre, d’apprendre à nous pardonner mutuellement, de grandir ensemble tout découvrant Eugène de Mazenod et son « option préférentielle » pour les plus démunis.
Le tout, et j’aurais dû commencer par là, soutenu par des temps de partage, et de prière où l’Eucharistie avait bien sa place.
Sans oublier l’humour de bon aloi du P. Gilbert qui savait détendre une atmosphère tout autant que permettre de bien retenir les points soulignés.
Oui, comme le fait Eugène de son règlement, je pense juste de qualifier également de « petit chef-d’œuvre » la formation initiale qui nous fut donnée de 1996 à 1998 par le P. Jean-Claude Gilbert pour nous préparer à notre premier engagement de Laïcs Associés aux Oblats de Marie Immaculée.