CHERCHANT UN ÉQUILIBRE ENTRE LA THÉORIE ET LA PRATIQUE

À mesure qu’Eugène fait l’inventaire de sa vie, il prend quelques résolutions pratiques de façon à se recentrer chaque jour.

Je fixerai irrévocablement pour règle de ma conduite qu’il faut que rien au monde soit habituellement dans le cas de nuire à mon propre avancement dans la vie spirituelle.
Il faut pour cela que j’établisse quelques points principaux qui seront comme les pivots du reste de ma vie.
1° Vivre dans une grande dépendance de Dieu et suivre en tout ce que je pourrai la règle de la maison pour donner l’exemple et assujettir ma volonté.

Coincé au milieu des innombrables demandes de son temps à chaque jour, il se résout à maintenir une fidélité à certaines pratiques d’orientation. Tout au long de sa vie, nous le trouvons en train d’insister sur cela pour lui-même:

2° Comme mes occupations extérieures me détournent souvent et me mettent dans l’impossibilité de suivre cette règle dans tous ses points, je dois me faire une obligation particulière de ne jamais me dispenser, sous aucun prétexte, de certains points plus essentiels de cette règle. Ainsi, lever à l’heure de la communauté, faire l’oraison, me préparer et faire mon action de grâces de la messe. Adorer le t. s. Sacrement au moins pendant un quart d’heure l’après-midi; étudier au moins une heure dans la journée, etc, lire l’Ecrit[ure] S[ain]te.

Notes de retraite, Août 1817, E.O. XV n. 144

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1 réponse à CHERCHANT UN ÉQUILIBRE ENTRE LA THÉORIE ET LA PRATIQUE

  1. Denyse Mostert dit :

    Après avoir solidement établi le danger d’un programme trop surchargé pour mener de front vie spirituelle harmonieuse et travail apostolique, Eugène de Mazenod, en homme avisé, se ravise… La nouvelle règle de conduite qu’il s’impose désormais verra à ne pas nuire à son « propre avancement ». Vraiment, un remaniement s’imposait de l’emploi du temps établi par le jeune prêtre porté comme tout un chacun par le ‘zèle des commencements’.

    Aucune difficulté à imaginer Eugène se fixant avec le plus grand enthousiasme une marche à suivre aussi sublime que difficile à vivre, tout au moins en-dehors d’un cloître…

    Qu’on en juge. Tout d’abord il prend vis-à-vis de sa mère les précautions qu’il juge nécessaires. « Il ne faut pas qu’on s’imagine qu’à mon retour, (à Aix, après le séminaire) je me mette à faire à recevoir des visites, à remplir ce qu’on appelle les bienséances du monde, etc. etc. Rien de tout cela! » (*)

    Il est édifiant d’apprendre que, pour notre Fondateur, cela signifie « six heures de sommeil, deux heures d’oraison, l’office complet, l’eucharistie suivie d’une longue action de grâce, quatre heures de lecture et d’étude de la Sainte Écriture, le tout complété par le chapelet. » En fait, Bernard Dullier qualifie ce règlement de « parfaitement égocentrique » et de complètement irréalisable lorsque viennent inévitablement s’y greffer de nouvelles tâches.

    Bientôt d’ailleurs, au fur et à mesure que des obligations ponctuelles vont s’imposer dans la vie de la petite Société, Eugène va remettre en question, non pas l’unique Essentiel de sa propre sanctification et de celle des compagnons qui se sont joints à lui, mais une répartition des tâches devenue par trop irréalisable.

    Début 1813, il écrit à Forbin-Janson : « Modère-le ce zèle, afin qu’il soit et plus utile, et de plus longue durée ». Pourtant il termine sa lettre en évoquant une éventualité diamétralement opposée : « Viendra peut-être un temps où je te dirai… Allons de l’avant jusqu’à l’extinction ». (**)

    Et le phénomène du balancier va se poursuivre jusqu’à ce que, la maturité et l’expérience aidant, notre saint Fondateur trouve enfin la manière plus réaliste de poursuivre avec les siens un apostolat alliant vie intérieure et obligations apostoliques. Le programme du début est à présent devenu : « que rien au monde soit habituellement dans le cas de nuire à [son] propre avancement dans la vie spirituelle, que quelques points principaux… seront comme les pivots du reste de [sa] vie ; et enfin qu’il faut « vivre dans une grande dépendance de Dieu et suivre en tout [ce qui sera possible] la règle de la maison pour donner l’exemple et assujettir [sa] volonté ».

    Ce qui peut se résumer en trois points : Dieu, l’unique Essentiel, prioritaire en tout; obéissance ‘intelligente’ à la Règle ; et respect des propres limites de la nature humaine.

    Un régime à nous appliquer à nous-mêmes. Avec la foi et la persévérance, (car nos propres faiblesses ne baisseront pas instantanément pavillon), il est fort probable qu’il nous conduise à une vie équilibrée qui pourra multiplier au centuple le travail de nos mains..

    (*) Documentation no 230 / Bernard Dullier
    (**) Id. / Lettre à Forbin-Janson, 19 février 1813.

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