LES MISSIONS PAROISSIALES: LES RÉCOMPENSES APPORTÉES PAR LA PERSÉVÉRANCE DANS LE TRAVAIL MISSIONNAIRE DESTINÉ AUX HOMMES

Le point culminant du travail missionnaire pour les hommes était la messe dite spécialement pour eux, et au cours de laquelle ils étaient invités à recevoir la Communion – souvent pour la première ou deuxième fois de leur vie :

La Messe à laquelle les hommes devaient communier, à huit heures. Les femmes n’y ont pas été admises. À sept heures, les hommes étaient déjà rassemblés, et annonçaient par leur recueillement les dispositions avec lesquelles ils se présentaient à la sainte Table. A la Messe, il y a eu grand encensement, quoiqu’elle n’ait pas été chantée. Le Curé assistait à l’autel, revêtu de son étole. On a commencé la cérémonie par le Veni Creator.
Avant de donner la communion, le Supérieur qui disait la Messe, a parlé pendant un quart d’heure ou vingt minutes. Les assistants qui remplissaient toute l’église avaient été préparés par les pieuses réflexions et les prières qu’un missionnaire avait faites pendant tout le temps de la Messe, et certainement le Seigneur a été grandement glorifié dans cette belle journée.
C’était un spectacle vraiment imposant que la réunion d’un aussi grand nombre d’hommes qui ne se permettaient seulement pas de tourner la tête, se tenant dans un recueillement et un silence qui auraient permis d’entendre voler une mouche, s’approchant de la sainte Table avec une modestie angélique, un très grand nombre les yeux baignés de larmes, sans confusion, sans gêne, comme s’ils eussent fait toute leur vie ce qu’ils faisaient peut-être pour la première ou la seconde fois. C’est que quand l’Esprit de Dieu souffle, il fait faire du chemin en peu de temps.
On voyait des jeunes gens dissipés jusqu’alors, parce qu’ils avaient toujours ignoré combien la vertu a de charmes, le disputer en ferveur avec des vieillards octogénaires qui bénissaient le Seigneur de les avoir retirés du précipice où ils allaient être engloutis. Entre autres vieillards, il s’en est présenté un de quatre-vingt-huit ans qui reçut la sainte communion en ne pouvant retenir ses larmes. On ne se rappelait pas dans le pays de l’avoir jamais vu s’approcher des sacrements.
Après la Messe, on a chanté le Te Deum, puis on a donné la bénédiction du très saint Sacrement.

Journal de la Mission de Marignane, le 15 décembre 1816, E.O. XVI

 

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1 réponse à LES MISSIONS PAROISSIALES: LES RÉCOMPENSES APPORTÉES PAR LA PERSÉVÉRANCE DANS LE TRAVAIL MISSIONNAIRE DESTINÉ AUX HOMMES

  1. Denyse Mostert dit :

    Le travail des missionnaires a eu raison de la froideur et de l’éloignement de beaucoup de paroissiens de Marignane.

    « À sept heures, écrit Eugène, les hommes étaient déjà rassemblés, et annonçaient par leur recueillement les dispositions avec lesquelles ils se présentaient à la sainte Table… » Une victoire attribuée à l’Esprit de Dieu qui, « quand [il] souffle… fait faire du chemin en peu de temps ».

    « Veni Creator », encensement », et « après la Messe… Te Deum, et « bénédiction du très saint Sacrement », tout a concouru à laisser une impression profonde de la grandeur qu’est la réception d’un Sacrement si méconnu à cette époque. Méconnu au point qu’ils « ils étaient invités à recevoir la Communion – souvent pour la première ou deuxième fois de leur vie.», précise le commentaire.

    Bien des siècles en effet ont passé avant que l’Église promulgue enfin la Communion comme nourriture spirituelle à recevoir le plus souvent qu’on le peut et si possible, dans le cadre de la célébration eucharistique !

    Beaucoup d’entre nous se souviennent du commandement de l’Église enjoignant aux fidèles : « Dieu ton Sauveur tu recevras au moins à Pâques dignement ». (4ième Concile de Latran 1215)

    En 1905 Pie X invite les chrétiens à une communion fréquente. Mais il va se passer encore bien du temps avant que cette pratique pénètre vraiment dans les mœurs. Je me souviens de la surveillance exercée par ma grand-mère qui tenait à s’assurer que son mari avait, selon l’expression consacrée, ‘fait ses Pâques ‘. Ainsi que de la réflexion d’une veuve de fraîche date : ‘J’ai fait un grand sacrifice ce matin ; j’ai ‘été à la communion’ pour mon mari…’ !!!

    Qu’il nous en a fallu du temps avant de nous approcher de l’autel avec la simplicité confiante des Apôtres acceptant le pain de la dernière Cène des mains de Jésus !

    Puissent nos communions ne jamais sombrer dans la routine et rester la réponse fervente à l’invitation du dernier repas : « Prenez et mangez… » Elles seront alors le viatique qui nous permettra de signifier, par l’amour que nous mettrons dans nos vies, notre adhésion à cet autre vœu de Jésus : « Faites ceci en mémoire de moi ».

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