À L’ÉTONNEMENT QU’IL M’A TÉMOIGNÉ, J’AI COMPRIS COMBIEN LE MINISTÈRE D’AMITIÉ ET DE CHARITÉ QUE JE REMPLISSAIS AUPRÈS DE LUI ÉTAIT UTILE
L’amitié d’Eugène avec Charles de Fortin Janson datait des années où ils avaient été ensemble au séminaire. Il avaient soudé une amitié solide et ils avaient partagé ensemble bien des choses durant leurs premières années de prêtrise. Ensemble, ils avaient répondu à la demande du Pape de rebâtir l’Église de France démolie par la Révolution en prêchant lors des missions paroissiales. Eugène était sur le point de se joindre à son ami lorsqu’il reçut l’appel de Dieu lui demandant de venir en aide aux pauvres de Provence et en prêchant dans leur langue. (Voir: http://www.eugenedemazenod.net/fra/?p=742)
Les lettres qu’ils se sont envoyées révèlent bien des détails sur les débuts de leurs premiers ministères et sur la fondation des Missionnaires de Provence. Charles a toujours été un rêveur sans sens pratique – même en tant qu’évêque de Nancy – et cela continua jusqu’à ses derniers jours comme le montrent ces extraits du Journal d’Eugène :
L’évêque de Nancy est venu se reposer chez moi après avoir été consulter le médecin Cauvière. Le bon prélat est entretenu dans une sécurité déplorable par ce docteur qui, après l’avoir palpé, lui a assuré qu’il n’avait aucune lésion à la poitrine. J’ai été peiné de voir mon ami dans cette assurance. En attendant que je lui dise franchement ce que je pense de son état, je lui dis que les médecins se font un devoir de mentir. Je me suis étonné que le docteur lui ait garanti sa poitrine tandis que je lui vois cracher habituellement le sang. Il m’a répondu que cela ne l’inquiétait pas, que ce n’était rien et que, si son rhumatisme dans les entrailles passait, il serait bientôt hors d’affaire. Jamais illusion pareille! En me disant cela, il était essoufflé, ne pouvait prendre sa respiration et il n’avait point de bonne place sur le fauteuil. J’ai été obligé de le relever quand il a voulu se retirer et de le tenir sous les épaules jusqu’à la voiture. C’est un homme perdu à moins d’un miracle.
Journal d’Eugène de Mazenod, le 28 Juin 1844, EO XXI
Une semaine après :
Je suis allé faire une petite visite d’amitié au bon évêque de Nancy. Il va toujours plus mal, mais trompé par tout ce qui l’entoure… il ne se doute pas d’être si près de sa fin. Cette erreur est déplorable pour un évêque. J’ai donc profité du moment où je me suis trouvé seul avec lui pour lui dire franchement la vérité. À l’étonnement qu’il m’a témoigné, j’ai compris combien le ministère d’amitié et de charité que je remplissais auprès de lui était utile…
Journal d’Eugène de Mazenod, le 9 Juillet 1844, EO XXI
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