Les missionnaires indiquaient clairement qu’ils n’étaient pas venus seulement, comme une force d’appoint, pour FAIRE un ministère très nécessaire, mais qu’ils répondaient à un appel de Dieu ; cela demandait de Lui consacrer sa vie. Un appel à ETRE afin de FAIRE.
Les prêtres soussignés
Désirant en même temps répondre à la vocation qui les appelle à se consacrer à ce pénible ministère;
Demande d’autorisation adressée à Messieurs les Vicaires Généraux Capitulaires d’Aix,
le 25 janvier 1816, E.O. XIII n.2
Au début de leur projet missionnaire, les Missionnaires démontrent en termes vigoureux, l’urgence de leur ministère et l’absolue nécessité de s’y engager, malgré les fatigues physiques et spirituelles. Nous trouvons ici en germe ce qui va donner lieu à un aspect non-négociable de la fondation :
- les missionnaires n’étaient pas un agrégat d’hommes, mis ensemble, juste pour faire un travail important,
- mais ils se sont rassemblés pour être une réponse à ce qu’ils ont discerné être un appel de Dieu, fait à chacun individuellement et à la communauté toute entière.
- ils se sont donc rassemblés et consacrés pour ETRE afin de FAIRE.
Tout ceci se résumait dans la devise du groupe : « Il m’a envoyé évangéliser les pauvres. »
La semence a été semée le 25 janvier 1816 et la plante continue à fortifier ses racines et à multiplier les fruits qu’elle porte aujourd’hui. Cette phrase de nos « Pères Fondateurs » est facilement reconnaissable dans le premier article de nos Constitutions actuelles :
C’est l’appel de Jésus Christ, perçu en Eglise à travers les besoins de salut des hommes, qui réunit les Missionnaires Oblats de Marie Immaculée. Il les invite à le suivre et à prendre part à sa mission par la parole et par l’action. (C 1)
Il y a eu bien des Vendredi Saint pour Eugène depuis sa naissance en 1782…
Et puis il a eu Le Vendredi Saint de 1807 ! Celui de la « grande secousse intérieure ». La rencontre avec le Christ qui a aimé pour tous, a souffert pour tous, le Christ mort pour tous et toujours Vivant. Eugène venait de rencontrer le Christ Église.
« C’est l’appel de Jésus Christ, perçu en Eglise », nous dit l’article 1 des Constitutions.
Ceci me conduit à une réflexion bien personnelle.
L’Église en laquelle je crois ne se réduit ni à une structure hiérarchique, ni à des célébrations touchantes, ni à la recherche de faits extraordinaires. Mon Église est plus qu’une idéologie, une appellation, une organisation humaine bien orchestrée.
L’Église en laquelle je crois est Jésus Christ. Un homme et son amour de prédilection pour les humbles, les petits. Un homme obscur à qui trois ans de vie publique ont suffi pour écouter, guérir, aimer. Un homme dont la lutte pour la justice est devenue tellement menaçante qu’elle l’a conduit au Golgotha. Le Fils qui nous parlait de la Miséricorde de son Père et notre Père, par qui nos vies menacées par l’absurde reprennaient prix.
Notre Église est celle-là même dans laquelle Eugène a « perçu l’appel de Jésus Christ». C’est en Église que nous demandons « courage et foi » pour être de vrais témoins de Jésus Christ, pour prendre « part à sa mission chacun, chacune selon notre vocation particulière », pour nous « faire proches des pauvres et des petits », en fait pour « regarder notre monde avec les yeux du Christ en croix ». (*)
(*) Extraits d’une prière à saint Eugène remise en 1996, au premier groupe de Laïcs associés à Cap-de-la-Madeleine.