À ce moment-là, la communauté était généralement composée de jeunes oblats. Eugène comme fondateur était toujours conscient que la fondation de la congrégation était de Dieu avec des mission précises et un charisme. Il était de sa responsabilité de s’assurer que chaque oblat et chaque communauté soit fidèle au charisme, et il attendait donc une lettre mensuelle de chaque communauté dans laquelle le supérieur devrait raconter la vie et les activités de la communauté – et une lettre, par année, de chaque oblat partageant sa vie personnelle et son expérience missionnaire.
Je ne vous tiens pas quitte de me rendre compte des personnes et des choses au moins une fois le mois. À cet égard votre correspondance laisse beaucoup à désirer. J’ignore complètement où en sont vos sujets et où vous en êtes vous-même. Je vous prie de dire aux pères Dassy et Vincens que leurs lettres me font toujours le plus grand plaisir…
Lettre à Bruno Guigues, 27 Mai 1835, EO VIII n 516
Lettre à Bruno Guigues, 27 Mai 1835.
Nous savons combien Eugène de Mazenod prend à cœur le bon fonctionnement de la Congrégation. Pour le P. Bruno Guigues, lire ses lettres signifie s’ouvrir les yeux sur ce qui compte vraiment aux yeux de celui dont on dit qu’il « a un cœur de père ». Il y trouve, décrite avec la plus grande précision, la description de ce qui lui incombe personnellement en tant que Supérieur d’une communauté composée en majorité de jeunes Oblats. Chacun d’eux devra ainsi avoir conscience que Dieu les appelle à travailler à la mission précise délimitée par le charisme qui les envoie d’abord vers les plus démunis.
Le Fondateur désire savoir ce qui se vit dans chaque communauté. Cela se fera par une lettre mensuelle dans laquelle le supérieur le mettra au courant de la vie tant spirituelle que des moments consacrés à des activités bien précises du groupe. De plus, chaque Oblat sera tenu à un courrier annuel dans lequel le Fondateur pourra se rendre compte de la manière dont chacun vit sa vocation.
Quelques mots adressés au P. Guigues lui-même peuvent laisser penser que ce dernier ne consacre pas le zèle attendu à ces lettres qu’il lui faut écrire. « Votre correspondance laisse beaucoup à désirer. J’ignore complètement où en sont vos sujets et où vous en êtes vous-même. » Bruno Guigues ne passera certes pas au-dessus d’une remarque aussi précise de même qu’il n’hésitera à transmettre les compliments d’Eugène aux P. Dassy et Vincens.
Ce courrier du Fondateur est ce que j’appelle un monument de clarté qui permettra de simplifier des choses par ailleurs assez compliquées.