JE NE VOUS EN AIME PAS MOINS POUR CE QUI EST PLUS UNE ERREUR QU’UNE NEGLIGENCE

Frustré à Rome par la lenteur des progrès dans la résolution de la situation avec le gouvernement français, Eugène reproche au père Tempier d’avoir attendu six semaines avant de répondre à une lettre de condamnation injuste adressée au diocèse de Marseille par le ministre du Culte antagoniste de la France.

Il n’est pas concevable que vous l’ayez traitée comme vous l’avez fait. Vous y avez mis une inaction et j’y vois un défaut d’énergie inexplicable. On vous croirait frappé de stupeur ou d’aveuglement.
… l’Évêque de Marseille ne peut pas passer condamnation sur l’énormité de la lettre du Ministre des Cultes. Si vous ne saviez pas comment vous y prendre pour répondre à cette lettre, il fallait consulter des hommes qui eussent quelques ressources dans l’esprit, il fallait écrire à Paris, y aller si besoin était plutôt que de passer sept semaines sans répondre à une lettre comme celle du Ministre. Il fallait une réclamation sur l’atteinte portée à sa juridiction épiscopale, il fallait s’élever fortement contre…  Que le premier jour vous ayez été abasourdi de la hardiesse du coup qu’on vous portait, je le conçois, mais que la réflexion n’ait rien amené, je n’y comprends rien..

Après avoir exprimé sa frustration, il prend un ton conciliant en regardant la situation à travers les yeux de sa foi et en se concentrant sur la providence de Dieu et en se recentrant dans la prière:

Du reste toutes mes observations sont sans amertume, je les ai faites parce que je vous dois la vérité; mais au-dessus de tout je dois reconnaître la volonté de Dieu à laquelle je me soumets d’esprit et de cœur. Je ne vous en aime pas moins pour vous être trompés plutôt que de m’avoir négligé, chose dont vous êtes incapables. Vous n’y avez pas mieux vu, c’est un malheur, assurez-vous que je m’en afflige modérément à l’instant où je me place devant Dieu.
Je vous embrasse tous bien tendrement et je vous charge des respects et des amitiés accoutumés.

Lettre á Henri Tempier, 5 November 1833, EO VIII n 473

Ce contenu a été publié dans Uncategorized. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

1 réponse à JE NE VOUS EN AIME PAS MOINS POUR CE QUI EST PLUS UNE ERREUR QU’UNE NEGLIGENCE

  1. Denyse Mostert dit :

    De Marseille, Eugène de Mazenod reproche à Henri Tempier sa lenteur à lui avoir fait connaître un document du Gouvernement adressé au diocèse de Marseille.
    « Il n’est pas concevable, écrit-il, que vous l’ayez traité comme vous l’avez fait. » Comme lui on peut en effet se demander quelle raison a poussé le P. Tempier à garder aussi longtemps par devers lui ce document d’importance comme le sont ceux qui émanent des autorités du Gouvernement.

    « Que le premier jour vous ayez été abasourdi… » comprend Eugène, pour ensuite énumérer les moyens qui auraient pu aider Henri Tempier à prendre une décision. Il aurait pu « consulter des hommes qui eussent quelques ressources dans l’esprit, » écrire à Paris, « s’y rendre si besoin était plutôt que de passer sept semaines sans répondre à une lettre du Ministre des Cultes. » Des reproches cuisants mais justifiés que le P. Tempier sera heureux de savoir pardonnés !

    Car Eugène et son grand cœur ne pouvaient terminer une lettre sur ce ton. Aussi, et voici des mots qui permettent de continuer la collaboration sur base d’une franche amitié : « Je ne vous en aime pas moins pour vous être trompé plutôt que de m’avoir négligé, chose dont vous êtes incapable … » L’homme de foi terminera sur des mots décisifs : « Assurez-vous que je m’en afflige modérément à l’instant où je me place devant Dieu. »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *