IL Y A 200 ANS: UN SERMON QUI NE FINIT PAS

Rey raconte une anecdote concernant la prédication enthousiaste d’Eugène et la réponse moins enthousiaste du pasteur local de St. Laurent.

Pendant les trois dimanches qu’il passa à Saint-Laurent, le P. de Mazenod se chargea, de faire le Prône, en Provençal, à l’église de la paroisse, il expliqua le Symbole. Le dernier dimanche comme il voulait compléter ses instructions, il prolongea son discours au-delà du terme accoutumé. C’était un jour de messe chantée. Cependant le curé, excellent d’ailleurs et d’une grande vertu, s’impatientait de cette longueur dont il ne comprenait pas la raison. Il relevait sa soutane, regardait sa montre et murmurait presque à haute voix contre ce discours qui ne finissait pas. Enfin, il n’y tint plus et interpellant le prédicateur, il lui crie: «Mais, Monsieur, finissez, sinon â midi nous y sommes encore. — Encore un instant. Monsieur le Curé, et j’ai dit ». Il parait que cet instant fut bientôt trop long pour le Curé, qui tout à coup, se levant de son siège, s’en va au milieu de l’autel et d’une voix retentissante entonne: Credo in unum Deum; alors le prédicateur de descendre immédiatement de la chaire sans articuler un seul mot et le sourire sur les lèvres. Les habitants se montrèrent peines du tour exécuté par le Curé que le P. de Mazenod après l’office excusa auprès de ces braves gens. Les frères Suzanne et Moreau furent édifiés du calme et de l’impassibilité de leur supérieur..

Rey I, note, p. 230

 

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1 réponse à IL Y A 200 ANS: UN SERMON QUI NE FINIT PAS

  1. Denyse Mostert dit :

    Les anecdotes ont ceci de spécial qu’elles mettent au jour des détails qui officiellement, pourraient être passés sous silence. Ces récits sur fond d’humour retiennent l’attention de l’auditeur tout en lui permettant de les garder en mémoire. L’anecdote fait appel aux sentiments et peut ainsi devenir un enseignement de bouche-à-oreille qu’il fait bon entendre et raconter à d’autres.

    Un fait historique vient généralement étayer ces récits. Ainsi en est-il de celui des jours de Carême animés par Eugène. « Pendant les trois dimanches qu’il passa à Saint-Laurent, le P. de Mazenod se chargea, de faire le Prône, en Provençal », écrit le biographe.. Donc tout à fait crédible que, dans le feu de l’action, le sermon du dernier jour soit aussi fait dans l’enthousiasme faisant oublier la notion du temps qui passe.

    Ce qui n’est pas le cas du curé de la paroisse qui « relevait sa soutane, regardait sa montre et murmurait presque à haute voix contre ce discours qui ne finissait pas. Enfin, il n’y tint plus et interpellant le prédicateur, il lui crie: «Mais, Monsieur, finissez, sinon à midi nous y sommes encore » et s’en est venu entonner le « Credo » depuis toujours l’apanage du célébrant.

    Des chuchotements ont sûrement envahi l’église. Comment le prédicateur allait-il réagir devant ce qu’il fallait bien qualifier d’affront ? Combien étonnés furent les fidèles en voyant Eugène descendre immédiatement de la chaire sans articuler un seul mot et le sourire sur les lèvres !

    Eugène avait « choisi la meilleure part ». Une part qui va se terminer mieux encore. « Les habitants se montrèrent (si) peinés du tour exécuté par le Curé que le P. de Mazenod après l’office excusa auprès de ces braves gens. »

    Les frères Suzanne et Moreau furent édifiés de la conduite évangélique de leur fondateur. Je crois bien que cet exemple de calme et d’impassibilité me poursuivra longtemps pour me dicter l’attitude à prendre devant quelque offense à mon égard.

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