Eugène continue de décrire sa joyeuse célébration de Pâques au séminaire:
Je parcourais en esprit les églises de toute la terre, où au même instant on faisait retentir les voûtes des louanges du Sauveur ressuscité.
J’étais à Aix, j’étais à Rome, j’étais à la Chine, partout j’y rencontrais les mêmes transports de joie pour le même sujet. Non content de ce concert de tous les chrétiens répandus sur la surface de la terre, je me hasardai de pénétrer jusqu’au ciel. Ah! je me persuadai bien vite que tout ce qui me charmait ici-bas n’était qu’un faible écho des chants d’allégresse, de l’inexprimable bonheur qui animait tous les bienheureux en ce jour que le Seigneur a fait. Oh! que le cœur d’un chrétien est grand, combien de choses il embrasse à la fois, il semble d’abord que la moindre consolation le remplit et qu’il est au moment de verser; point du tout, il est toujours capable d’en contenir davantage, au comble de la joie il en désire encore, mais cet insatiable ne sera satisfait que dans le ciel.
Lettre à sa mère, 4 avril 1809, EO XIV n 50
Il y a aujourd’hui 209 ans, j’écrivais une lettre a ma mère
Vous relirez une version actualisée de cette lettre aujourd’hui.
Je tenais a raconter une belle expérience a ma mère.
Je me rend compte que c’est une expérience que vous vivez encore aujourd’hui.
Dans mon esprit, je parcourais les églises de toute la terre
Justement où vous êtes éparpillés, aujourd’hui, presque sur toute la terre.
Et dans mon esprit, je ressentait les louanges du Sauveur ressuscité
Comme vous l’avais fait cette Semaine Sainte en mémoire du ressuscité
Comme la communauté internationale oblate actuelle, j’étais à Aix
Et en communion avec la maison générale et l’IRS, j’étais aussi à Rome.
J’étais en Chine, au Pérou, au Cameroun et même au Nord du Quebec
Et partout, je rencontrais les mêmes expériences presque pour le même sujet.
Et quand cette expérience comme vécue ici au monde ne me satisfaisait pas assez,
Je me tournait vers notre communauté oblate du ciel pour voir ce qui se vis la haut.
Imaginez quelle était ma joie en regardant ce qui se vit dans notre communauté céleste
Ah! C’était évident que ce qui me charmait ici-bas n’était qu’un faible écho des chants d’allégresse,
De l’inexprimable bonheur qui animait tous les bienheureux en ce jour que ’’le Seigneur a fait.
Oh! que le cœur d’un chrétien est grand.
Combien de choses il embrasse à la fois
Il semble d’abord que la moindre consolation le remplit
Et qu’il est au moment de verser; point du tout
Il est toujours capable d’en contenir davantage.
Au comble de la joie il en désire encore
Mais cet insatiable ne sera satisfait que dans le ciel.
Une réécriture de la Lettre de 4 avril 1809, EO XIV n 50 de Saint Eugene à sa mère
Les Jours Saints 1809 ont eu sur Eugène, un impact qu’on ne peut nier. J’étais sur le point de dire qu’en cette fête du Jeudi Saint, il était en train d’expérimenter une philosophie bien personnelle. Puis, mes connaissances philosophiques étant très réduites, j’ai eu recours à Internet. J’y ai trouvé ceci : « La définition grecque de la philosophie est connue : elle provient du grec philo (amour) et sophia (sagesse), autrement dit amour de la sagesse… »
Les mots du jeune séminariste parlent à profusion, non pas d’un petit sentiment étriqué, mais d’une vision béatifique aux dimensions de l’univers.: « J’étais à Aix, j’étais à Rome, j’étais à la Chine, partout j’y rencontrais les mêmes transports de joie pour le même sujet … »
Quelle différence avec le jour encore tout proche où la vue de Jésus en croix lui avait fait verser des larmes amères ! Quel cheminement que celui du jeune séminariste de Saint-Sulpice ! Il peut maintenant consacrer toutes ses pensées au Seigneur. Il peut maintenant laisser libre cours à une joie dont la naïveté fait quelque peu sourire.
Et, comme si cette universalité ne lui suffisait pas, il évoque le bonheur du Ciel offert à tous. Une réalité le pénètre qui va lui faire comprendre la vraie nature des choses. « Ah! je me persuadai bien vite que tout ce qui me charmait ici-bas n’était qu’un faible écho des chants d’allégresse, de l’inexprimable bonheur qui animait tous les bienheureux en ce jour que le Seigneur a fait » et que le cœur de l’homme ne trouvera sa plénitude qu’en Lui.
Il arrive parfois qu’après des moments de grande ferveur on se retrouve le cœur blasé, il nous semble alors que rien ne pourra nous rendre un bonheur que l’on croyait éternel. Voilà bien le moment de nous rappeler la ferveur du séminariste de Saint-Sulpice.
Confiance, persévérance. Dieu est avec chacun de nous. En temps voulu, il veille à nous combler de ses bienfaits.