Je suis encore peiné, mon cher ami, de ce que j’ai vu à N.-D. du Laus.
Eugène avait découvert, lors de sa visite de la Communauté Oblate du Laus, que le jeune Frère Guibert avait eu de la difficulté à faire respecter l’authentique esprit Oblat autour de lui. Il était encore jeune pour être un supérieur de la communauté. Il avait essayé de faire revenir à une observance des règles, mais il avait rencontré des résistances pour des problèmes de santé et de la pression au travail. Il avait fait des concessions bien trop généreuses.
Dieu veuille que mes exhortations aient produit l’effet que j’ai le droit d’en attendre. J’espère que chacun se sera dit qu’il est rigoureusement obligatoire pour lui d’observer strictement notre Règle.
Où en serions-nous si l’on n’y était fidèle que dans les maisons que je puis surveiller moi-même?
Cela fait, on ne sera pas encore parvenu à la fin que nous nous proposons, il faut se remplir de notre esprit et ne vivre que par lui. La chose parle de soi sans qu’il faille l’expliquer.
Lettre à Hippolyte Guibert, le 29 Juillet 1830, EO VII n 350
Toute sa vie, Eugène insista sur la primauté de vivre tous les aspects de la vie Oblate en accord avec les préceptes de la Règle. Dans cette Règle s’exprimait l’Esprit donné par Dieu pour vivre, prier et évangéliser en tant que Missionnaire Oblat de la Vierge Immaculée. – Et ceci est encore partagé aujourd’hui par toute la famille Mazenodienne.
Eugène de Mazenod n’est pas content du tout. La communauté de Notre-Dame-du-Laus vit un relâchement face à l’obéissance aux Règles. « Je suis encore peiné, mon cher ami, de ce que j’ai vu à N.-D. du Laus », écrit-il au P. Guibert, supérieur..
Hippolyte Guibert fait pourtant tout son possible pour être à la hauteur de son mandat. Sans doute lui manque-t-il une certaine maturité pour faire face aux récriminations de certains. Des problèmes de santé peuvent aussi être mis en cause. Bref, les mots d’Eugène se justifient très bien. Il sait pertinemment combien concession sur concessions peut engendrer un laxisme tout à fait contraire à l’esprit dans lequel doivent vivre les Missionnaires de Marie Immaculée.
«J’espère que chacun se sera dit qu’il est rigoureusement obligatoire pour lui d’observer strictement notre Règle », écrit-il encore au P. Guibert. « Rigoureusement…obligatoires », des termes déplaisants qui peuvent évoquer la discipline d’un régiment de militaires. Comme cela. Sans autre raison que de se plier aux ordres.
L’obéissance dont parle Eugène est tout autre. Elle vient d’un engagement qui répond aux aspirations de chacun. Comme de faire connaître et aimer Jésus Christ à ceux qui ne l’ont jamais connu ou qui l’ont oublié. Comme cette obéissance que les futurs époux se promettent au pied de l’autel. L’observance en sera difficile par moments. L’amour viendra par ailleurs en transfigurer les raisons profondes et donner la force d’aller de l’avant.
Une fois de plus, ces mots de saint Paul : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? (Rom 8 :31)